Bonjour tout le monde,
Je déterre cette discussion, mais vu ce que j’y ai lu et m’étant récemment moi-même identifiée ISFP, je ne pouvais pas rester sans répondre
. J’espère apporter un autre point de vue que ce qui a déjà été discuté jusqu’ici, au cas où d’autres que moi tombent sur ces pages.
J’ai l’impression qu’il y a un certain consensus sur le fait que chercher à plaire en utilisant son corps ne relève pas d’une démarche saine. Tout le monde ne place pas le « seuil d’acceptabilité » au même endroit, mais malgré tout il y a cette idée que miser sur son physique pour plaire relève d’un manque de confiance ou d’estime de soi, d’un « Fi malsain » (je cite de mémoire, mais il me semble que c’était bien l’idée ; « malsain » ne renvoyant pas ici à un jugement de valeur mais ayant davantage une connotation médicale).
Effectivement, on peut s’étonner : pourquoi choisir de plaire en utilisant le corps, qui n’est que notre enveloppe matérielle ? Ne voulons-nous pas être aimés pour d’autres qualités, telles que l’humour, l’intelligence, la culture, etc. ? Ou, plus simplement, pour « qui nous sommes » ?
Je pense que c’est là que se situe la vraie question : comment définir « qui nous sommes » ? Et pour moi, les personnes intuitives n’y apportent pas la même réponse que les personnes sensitives (évidemment, je parle de tendances et non de vérités générales).
Je m’explique : il me semble que les intuitifs tendent à considérer leur esprit et leur corps comme deux entités distinctes, ce dernier constituant une sorte de vaisseau, servant à la fois de réceptacle et d’outil à l’esprit qui exercerait sa puissance sur le monde par l’intermédiaire du corps. Ils tendent à être moins incarnés que les sensitifs, comme moins connectés à leur corps. Cette conception tend à impliquer une supériorité de l’esprit sur la matière.
Dans ce cas, en effet, comment ne pas juger dégradante une séduction uniquement fondée sur le corps ? On comprend facilement ce qu’il pourrait y avoir de malsain à n’user que de sa constituante la moins noble, mais aussi la plus extérieure à soi, la plus
superficielle, pour plaire ?
Or, il me semble que les sensitifs ont une vision beaucoup moins cartésienne de leur corps. Ils ne perçoivent pas de limite nette entre « eux-mêmes » et leur corps (tout comme « les F » ne tracent pas toujours de frontière nette entre eux-mêmes et leurs sentiments). Ils sont fortement incarnés. Un intuitif qui ne comprendrait pas ce rapport au corps comprendre pourrait facilement juger les sensitifs comme superficiels.
Pour les sensitifs, l’esprit et la matière ne sont que les deux faces du soi : ils en sont ses manifestations intimement imbriquées, au point de ne pas distinguer l’une de l’autre. Ils ne sont pas réellement dissociables : en tant qu’ISFP, je ressens, mais aussi je sens, via mes 5 sens, et ces deux processus se mélangent intimement en moi.
Je vois cette lune pleine dans un ciel de soleil déjà levé, et
j’éprouve physiquement sa rondeur parfaite et la pureté bleue du ciel,
en même temps que la profonde émotion qui me saisit à ce spectacle. Qui oserait me dire que mon corps, ça n’est pas moi ?
Tout comme les intuitifs comprennent le monde à la lueur de ce que leur intuition y trouve, les sensitifs utilisent leur corps comme un puissant outil de lecture multisensoriel. Dans le cas de la séduction, en tout cas chez les IxFP, ce désir de plaire part du Fi. Mais ensuite, c’est l’auxiliaire qui prend le relais : chez les INFP, ça sera l’intuition, mais il est logique que les ISFP utilisent leur corps dans ce but.
Je pense donc que si les ISFP cherchent à plaire par le biais de leur corps, ça n’est ni malsain, ni un signe de manque d’estime de soi. Ca n’est que la conséquence logique de l’ordre de leurs fonctions jungiennes.Car séduire avec Se, ça n’est pas uniquement montrer une certaine quantité de peau dont la surface exacte nécessaire à l’effet recherché varierait en fonction des mœurs. C’est aussi une façon d’exalter les potentialités de ce corps, sa capacité à sentir, à toucher et être touché, à voir, à entendre, à se connecter ; et
parce qu’elle fait de moi ce que je suis, je revendique de plaire par cette puissance de mon corps. Quand je veux plaire, je veux plaire avec mon corps, car quand j’aime c’est aussi avec mon corps. « Je » ne commence pas quelques centimètres sous la surface de ma peau. Mon corps, c’est absolument moi, déjà. C’est lui que je dorlote pour prendre soin de moi ; et c’est
moi que l’on caresse lorsqu’on touche ma peau.