Utiliser le MBTI et l'Ennéagramme
Pat Wyman (Traduction par Fabien Chabreuil)
Je suis tombé sur cet article il y a un moment qui permet de positionner les deux approches, MBTI et Ennéagramme, l'une par rapport à l'autre de façon originale. Je serais curieux de connaître votre option à son sujet.
Pat Wyman est une prof d'école qui s'est formée au MBTI puis plus tard à l'Ennéagramme. Elle est devenue thérapeute et spécialiste de l'éducation en publiant des méthodes d'enseignement pour enfants a priori assez prisées. Elle a développé une méthode thérapeutique ou elle utilise à la fois l'Ennéagramme et le MBTI comme fil conducteur afin de résoudre les problèmes de ses patients. Dans son approche elle constate qu'au cours de la thérapie, ses patients vont se rendre d'un point A, ou leur profil Ennéagramme sera envahissant et problématique, à un point B ou leur profil MBTI va peu à peu s'affirmer au fur et à mesure qu'ils laisseront leurs névroses de côté.
Elle constate aussi que certains profils MBTI sont plus ou moins compatibles avec certains profils Ennéagramme et que d'autres au contraire luttent l'un avec l'autre, créant un sentiment de déphasage plus important dans la psyché de l'individu. Son travail va s'attacher à résoudre ces conflits psychiques en s'attaquant à la névrose symbolisée par l'ennéatype pour laisser de la place à l'expression non entravées des fonctions.
Dans Ennéagramme, caractère et névrose, Claudio Naranjo associe chaque point de l'ennéagramme à une névrose du DSM-IV, le grand manuel de classification psychiatrique américain. Il trouve une correspondance pour 8 types sauf pour le point 3, le plus américain de tous. C'est assez amusant car cela recoupe l'assertion de Freud selon laquelle la névrose sera la normalité. Quoi de plus normal que de considérer que le mode de fonctionnement le plus valorisé aux Etats-Unis ne mérite pas la qualification de type névrotique !
Si l'on prend comme postulat que Pat Wyman à mis le doigt sur quelque chose de pertinent, alors on peut considérer que le MBTI défini la structure "saine" de l'individu dans un milieu stérile, sous vide et sans frottements. C'est à dire dans des conditions abstraites de laboratoire. Seulement, l'action de ses fonctions n'est jamais pure car dés le plus jeune âge, l'enfant va "se choisir" (de façon inconsciente bien sûr), un système de défense pour survivre à l'incompréhension et à la peur que suscitent en lui certaines comportements de son environnement social.
Le type MBTI définirait l'identité réelle de l'individu alors que son ego serait l'expression de son profil Ennéagramme.
La question de l'identité réelle de l'individu se pose quand l'Ennéagramme va parler d'une essence débarrassée de la passion cependant que le MBTI parlera de fonctions d'ombres non maîtrisées à un niveau de développement non mature.
L'ombre du MBTI est en effet abordée en second quand les fonctions préférées ne permettent pas de faire face à une situation quand l'essence de l'Ennéagramme ne se révélera que lorsque la blessure originelle ayant motivé l'adoption du type ne sera pas directement activée ou commencera à se soigner. La dynamique des deux approches et donc diamétralement opposée.
Si l'on en croit cette approche, nous naissons avec un type MBTI et nous acquérons notre type Ennéagramme en fonction de la blessure qui va se cristalliser en premier. Quand bien même cette blessure aura pu être ressentie in-utero pour certains. Nos deux types sont imbriqués. Seulement, dans un processus d'évolution personnelle, l'Ennéatype à vocation à s'atténuer sinon à disparaître quand dans le même mouvement, le type MBTi à vocation à s'affirmer sinon à s'imposer.
Dans cette optique, plus l'individu au travers de son profil MBTI s'affirmera, plus l'action de ses fonctions sera transparent. Mais dans le cadre général, la névrose habituelle de chaque type Ennéagramme va teinter l'exercice des fonction MBTI de son filtre égotique. À l'inverse, puisque l'ennéagramme ne se défini que par ses motivations, nul comportement ne devrait pouvoir lui-être attribué et tout approche comportementale ne relèverait alors que des fonctions du MBTI (ou de tout autre système le revendiquant mais ce n'est pas ce que nous commentons ici). Et si d'aventure la blessure originelle venait à être guérie, alors l'impact de l'ennéatype sur l'individu devrait logiquement disparaître (bien que je ne pense pas que ce soit le cas).
Étonnamment, la proposition de Pat Wyman semble fort peu commentée. J'ai cherché un peu sans rien trouver de concluant. Fabien Chabreuil qui a traduit et mis à disposition ce texte ne s'appesanti pas dessus, considérant l'approche erronée.
- Fabien Chabreuil a écrit:
-
- Citation :
- "J'ai aussi fait le lien avec cet article dans lequel Pat Wayman voit l'Ennéagramme comme décrivant notre système de défense, et le MBTI notre Moi Essentiel."
Personnellement, l'article de Pat Wyman ne m'a jamais convaincu, et c'est un euphémisme. En quoi notre profil MBTI dévoilerait-il notre Moi Essentiel ? Je n'ai pas très bien compris. De plus, le MBTI (comme l'Ennéagramme) dévoile des traits positifs et négatifs, et je ne vois pas très bien le rapport avec le Moi Essentiel. Enfin il est possible de faire évoluer notre profil MBTI — c'est d'ailleurs ce que recommandait Jung : explorer les traits complémentaires —, et là aussi, cela ne me semble guère coller.
Dans le monde du MBTI, il semblerait qu'il n'y ai pas plus d'écho.
J'ai cru comprendre que Pat Wyman étant formée en premier lieu au MBTI et que son livre avait été publié par une maison d'édition spécialisé dans le MBTI. Ce qui suffit à discréditer son ouvrage auprès des spécialistes de l'Ennéagramme qui contestent ses connaissances dans ce domaine. À l'inverse les spécialistes du MBTI semblent peu enclins à frayer avec l'Ennéagramme et ses origines douteuses. Ce qui fait que Wyman et sa pratique thérapeutique se trouve dés facto dans une zone de non droit où les tenant des deux camps ne s'aventurent pas sans se pincer le nez
C'est assez symptomatique de ces deux approches. Généralement, chacun accroche soit au MBTI soit à l'Ennéagramme et va découvrir ou s'intéresser à l'autre domaine en second. Avec peut-être de la curiosité mais souvent très critique en gardant une certaine fidélité intellectuelle ou passionnelle à ses premiers amours.
Quoi qu'il en soit, cette théorie à le mérite d'exister et de s'appuyer sur de la pratique, lisez l'article sans vous appesantir sur mes commentaires et faites-vous votre propre idée.
Quelques liens :
Le livre : Three Keys to Self-Understanding
Le sommaire : Book Outline and Chapter
Le site : www.patwyman3keys.com
Un article critique sur l'approche de Wyman : On the 'Wyman Theory'