"L'avenir de cette société est de ne plus pouvoir rien engendrer que des opposants ou bien des muets."

L'Empire du Bien (1991), Philippe Muray

Penser n'a jamais été aussi important, urgent et nécessaire !
Penser, avec le cœur et l'intellect réunis, en utilisant toutes les ressources de notre imaginaire et de notre logique, peut nous amener à inventer et imaginer les solutions adaptées, aux multiples et gravissimes difficultés, que nous rencontrons aujourd'hui !
Penser est l'outil, précieux et puissant, dont nous disposons pour reprendre le cap, faire usage de notre pouvoir et de notre souveraineté retrouvés !
Penser va nous permettre de remettre en cause les différentes erreurs, illusions, illogismes et aberrations, du prétendu progrès, du dogme croissanciste, de l'ultralibéralisme et de l'emprise hégémonique du capitalisme industriel !
Penser va ouvrir toutes grandes les portes de la perception, d'un monde différent, non industriel, non polluant, non invasif et non destructeur !
Penser va ainsi rendre possible, concevable, imaginable et à portée de nos cœurs et de nos esprits, la vision claire et salvatrice d'un monde régénéré !
Penser changera et sauvera le monde !
Car la pensée ne rejette pas le sentiment, mais en est, tout au contraire, l'amant, le corollaire, le déploiement et l'apothéose !
Car la pensée n'exclut pas l'action, mais en est, tout au contraire, l'armature, l'architecture, le moteur et le gouvernail !
Car la pensée n'isole pas le penseur, mais permet, tout au contraire, le dialogue, l'échange, le débat et l'élaboration commune d'un nouveau monde !

Au cœur même de la peine et de l'affliction, se trouvent toujours un espoir, une lumière, une porte, une possibilité, entrevue, fût-ce un court instant, de guérison, de transformation, d'amélioration de soi-même ou de la situation !
Et c'est là, bien sûr, qu'il faut chercher, creuser, approfondir, insister, trouver et découvrir la solution, le miracle, la voie de sortie, tant attendues, enfin advenues !

"Rien de grand ne s'est fait sans passion !"
Hegel
Rien de grand, en effet, ne se fait sans passion, émotion, cœur, sentiment et sensibilité !
Car, lorsque l'on est ému, l'on touche à plus grand que soi, qui est, précisément, au cœur de soi !
Ne nous coupons donc pas de notre émotion et de notre sensibilité, sous le prétexte des convenances et le masque de la vertu !
Abandonnons ainsi les rituels convenus et la vie mécanique et conventionnelle, qui nous est partout suggérée !
Assumons notre liberté, notre spontanéité et notre authenticité !
Ouvrons les portes des prisons, du correct et de l'interdit !
Nous n'avons pas besoin de maîtres, de repères ou d'idéologies !
Nous avons besoin de nous aimer nous-même !
Et de nous faire confiance !
Cessons le contrôle ! Laissons tomber les mises en scène !
La vraie force réside dans l'abandon, le vrai talent dans l'inspiration et le lâcher prise !
Que nous soyons homme ou femme, osons devenir féminin !
C'est-à-dire amoureux du surgissement inattendu de l'instant, ouvert et réceptif, vibrant et passionné !
Car c'est lorsque l'on cesse d'être parfait, conforme et prévisible, que l'on commence à devenir intéressant et à susciter le désir et le sentiment !
Derrière la frontière du connu, se trouvent ainsi notre petitesse et nos ténèbres, mais aussi notre grandeur oubliée, notre puissance sacrée et notre magnificence ignorée !
Osons alors approfondir notre connexion à l'imprévu, l'inattendu, l'imparfait, l'inexploré, l'inconnu et l'inconscient, en nous-même et dans le monde, si fascinant, qui nous environne !
Osons la poésie et retrouvons l'enfance !
Car le sage en nous n'est pas l'adulte ou le pseudo-adulte, contrôlant et castrateur, sérieux et discipliné, autoritaire et inflexible, mais l'enfant intérieur, qui bredouille et qui pleure, qui espère et qui croit, qui comprend et qui sait, qui crée et qui invente, qui rit et s'enthousiasme, qui exulte et qui jouit, qui s'emporte et qui aime !

La guérison de notre cœur blessé, nous reconnectera à notre cœur sublime, et fera ou refera de nous, des dieux, libres, sages, puissants et souverains.

Toutes les opinions ne se valent pas !
Et l'on pourrait dire que la valeur ou la validité d'une idée, d'une appréciation ou d'un point de vue, dépend de la zone ou du niveau de conscience qui a présidé à son élaboration !
En effet, lorsque l'on pense sous l'emprise ou l'influence d'une émotion problématique, telle la panique, le stress,, la haine, ou le désespoir, la pensée qui en résulte, sera évidemment affectée par ce maelstrom émotionnel et, de ce fait, s'avérera peu fiable et peu objective !
De la même manière, une pensée qui ne fait que répéter et se conformer à un dogme, une idéologie ou une mode, sera nécessairement de peu de valeur, de pertinence et de sagesse, car elle ne sera pas le résultat de la libre expression et élaboration d'un esprit éclairé, mais simplement le produit du conformisme ambiant !
En revanche, si l'on dépasse le plan des réactions émotionnelles mécaniques et si l'on entreprend de penser par soi-même, en se mettant à l'écoute de son être intérieur, alors l'opinion qui en résultera sera notablement plus fiable et plus crédible.
Ainsi, plus un être s'éveille et s'affranchit des normes et conventions communes, plus sa pensée s'aiguise et devient juste, précise et acérée !
C'est pourquoi l'éveil effectif et authentique de l'humanité passe nécessairement par l'écroulement de l'ensemble des doctrines, religions et idéologies, qui servent aux êtres humains de normes et de références et, par là, les empêchent de vivre et de penser librement !
Il n'est pas certain que nous en prenions le chemin !
Tout au contraire, on peut assister, un peu partout dans le monde, au retour du religieux, dans sa forme la plus dogmatique, fondamentaliste et souvent rétrograde !
Dans les milieux matérialistes, généralement de gauche, ce retour de la rigidité idéologique prend la forme du pénible et oppressant "politiquement correct", issu des campus étatsuniens, avec son sinistre déploiement d'interdits et de censures en tout genre, passablement absurdes et irrationnels !
Mais ce réveil des pulsions les plus primitives et élémentaires, de peur, de haine, de conformisme et d'autoritarisme, tapies sournoisement au cœur de l'être humain, doit-il pour autant nous désespérer ?
Après avoir vécu, au cours des derniers siècles, voire des derniers millénaires, un long processus de libération et d'émancipation du totalitarisme, qu'il soit religieux ou politique, l'humanité entreprendrait-elle maintenant de dégénérer et de renoncer à ses rêves les plus grands et les plus ambitieux ?
Ou bien ne vivrait-elle pas plutôt une crise de croissance ou d'adolescence, un nettoyage et une guérison ultime de son inconscient collectif, une sorte de résurgence finale et paroxystique, de ses pires instincts et ses plus bas penchants, afin de s'en libérer, une bonne fois pour toutes, un peu comme lorsque l'on revisite, une dernière fois, une demeure que l'on quitte, avant de s'en éloigner définitivement ?
Autrement dit, plutôt qu'une décadence et une extinction inéluctables, comme le croit notamment Michel Onfray, ne vivons-nous pas, tout au contraire, le prélude à une renaissance civilisationnelle, les prémices de l'éclosion, tant attendue, tant désirée, d'une société authentiquement alternative et écologique ?
L'avenir le dira !
Mais l'avenir sera ce que nous en ferons !
D'où l'importance de penser avec justesse et d'agir avec sagesse !
Et pour cela, de prêter attention au niveau de conscience qui préside à nos décisions, choix et orientations, autrement dit de développer l'esprit, qui n'est autre que la pensée du sentiment, c'est-à-dire une pensée éclairée par une conscience élevée !

Depuis le moment qu'on en cause, il serait temps que je fasse entendre le son de ma cloche sur la culture, prétendument en train d'être assassinée.
Ce qui me questionne, c'est que tous s'accordent à pointer du doigt le fait que la culture ait été reléguée au statut de chose non-essentielle, mais personne ne se demande ce qui a permit à des autorités perverses de la reléguer ainsi si facilement, à une chose sans intérêt, à demi-morte.
Comme à chaque fois, je suis sidéré par notre capacité à toujours pointer du doigt des choses extérieures comme cause de nos malheurs...
D'une certaine manière, je suis un chantre de la culture, depuis au moins la moitié de ma vie, j'ai l'esprit continûment plongé dans l'étude, la découverte et le progrès des connaissances. Je n'ai jamais eu d'intérêt particulier à cela. Je ne suis pas mal placé pour connaître le mépris, le dédain, l'indifférence que le vulgum pecus alloue à l'égard de celui qui sacrifie son temps et sa vie aux choses de l'esprit et de la culture. Car c'est bien d'un sacrifice que l'on parle, du fait de, justement, ce néant de considération, d'ignorance et de méprise commune à cet égard.
Pourtant, la noblesse de la connaissance et de la culture, c'est de nous avoir toujours gardé de la barbarie, des tyrannie, qu'elle a toujours été au service de la liberté et de l'émancipation, et que c'est le vaisseau, la puissance fertile et créatrice qui permet l'ensemencement des mondes, l'érection de civilisations, et la découverte d'un but, d'une direction en soi. Une civilisation en bonne santé, qui grandit et prospère, est une civilisation qui chérit son héritage, sa culture et qui respecte celui qui la porte en son sein. Et une civilisation, une culture saine produisent, enfin.
Allons, soyons francs, tout de même, combiens parmi mes contacts, ont tenus ne serait-ce que deux livres entre leurs mains en 2020 ?! Combiens, parmi vous, se sont jamais une seule fois de leur vie préoccupés de savoir, d'étudier et de comprendre, afin d'être meilleur et plus juste dans le monde, et que celui-ci ne devienne pas ce vers quoi il se précipite à vive allure ?
Mon avis, c'est que la culture, et les lueurs de l'esprit en nous étaient déjà mortes bien avant que, entérinées par un contexte particulier que l'on connaît, ça ne prenne une forme concrète et plapable. Mon avis, c'est que, si vous avez méprisé l'intellectuel comme c'est aujourd'hui à la mode, vous n'êtes pas étranger au massacre de cet édifice millénaire, à sa mise à bas. Vous aussi avez tué la culture, participés à ce meurtre. On récolte ce que l'on sème.
Mon avis, c'est que cette disparition n'est en réalité PAS DU TOUT la CONSÉQUENCE du contexte, de la "conjoncture" – comme l'on dit en philo – actuelle... Mais bien la CAUSE de cette conjoncture, ce par quoi elle est née, ce qui l'a rendue possible, tout d'abord et en toute première instance.
Ainsi, comme d'habitude, nous jouons la comédie et faisons semblant de pleurer l'effondrement d'une chose qui avait déjà été éradiquée en nous-même depuis belle lurette, comme si nous n'étions pas les complices de cet effondrement regrettable, lamentable. C'est à présent qu'elle disparaît que l'on prend soudain conscience de son importance ! Pathétique. Maiiiis, ce n'est pas la peine de faire semblant devant moi.
La culture est une chose invincible, immortelle, si elle habite l'esprit et le cœur. Elle n'a pas besoin de larmes hypocrites, elle n'a besoin que de vivre à l'intérieur de nous.