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 Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme

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Titiwilly
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Titiwilly

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Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Empty
Message(#) Sujet: Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Icon_minitimeMar 14 Juin 2016, 15:01

2. La manière propre à l'homme de se déterminer


Après avoir compris que la cause des activités spirituelles de l'homme était ce principe de vie immatériel, cause spirituelle à effets spirituels, que nous appelons l'âme, nous allons continuer à trouver des preuves de la spiritualité de l'homme en montrant qu'il est la seule créature à être douée de liberté, c'est à dire à être capable de se déterminer librement dans un certain nombre de situations. Ce sont les deux arguments pour expliquer la spiritualité de l'âme humaine : 1-L'homme est doué de connaissance intellectuelle et abstraite, 2- L'homme est doué de liberté.



A. La vie sensitive de l'homme


L'homme appartiens au règne animal. En tant qu'animal, il lui reviens d'avoir cette vie sensitive qui est la caractéristique propre à cette catégorie d'êtres. En fait, les hommes et les animaux sont aussi « des plantes » dans la mesure où ils ont aussi le premier degré de gradation de la vie que l'on appelle vie végétative. La vie végétative consiste en trois facultés : celle de pouvoir se nourrir (et de respirer), celle de pouvoir croître, et celle de pouvoir se reproduire . L'expression « vivre comme un légume » est en fait assez pertinente : le malade plongé dans un comas profond n'a plus aucune sensation ni aucune vie spirituelle, mais cependant il reste en vie et est capable de respirer, il est aussi nourri par transfusion, c'est à dire qu'il est réduit au même degré de vie que celui d'une plante qu'on arrose.


La vie sensitive, comme son nom l'indique, consiste en l'usage des facultés liées aux sens. Celles-ci permettent deux types d'opérations  : acquérir une certaine connaissance des choses, et se porter d'un mouvement affectif vers ce qui est présenté comme un bien par cette connaissance. C'est à dire que l'animal est capable de connaître et d'aimer un certain nombre de choses, en fonction de ce que lui apprennent ses sens.


Ces sens dont nous parlons sont de plusieurs sortes. Nous avons tout d'abord les 5 sens extérieurs, ceux que l'on connaît tous : la vue, le toucher, le goût, l'ouïe, l'odorat. Mais il existe aussi 4 sens intérieurs, selon les termes qu'emploie saint Thomas d'Aquin, qui permettent à l'animal d'avoir une certaine conscience des réalités sensibles même quand elles ne lui apparaissent pas directement, c'est à dire d'avoir des représentations  :


1- le sens central : c'est le « sens commun » par opposition aux « sens propres » ; nous pourrions dire qu'il s'agit du système nerveux, qui collecte toutes les sensations et relie les organes sensitifs au cerveau – c'est aussi en vertu de cette faculté que l'on est capable de « voir que l'on voit », d'opérer un retour sur nos propres sensations. Le sens central est, selon saint Thomas, la racine et le principe commun aux sens externes (vue, toucher, etc)  ;


2- l'imagination : corollaire de la mémoire, elle est une faculté qui consiste à garder le souvenir des formes reçues par les sens, en vertu de laquelle l'animal sera capable de se mouvoir et d'agir non pas uniquement suivant ce que lui apprennent immédiatement ses sens, mais comme par une « réflexion » ou une application de choses apprises préalablement à l'aide des sens ;


3- l'instinct : ce sens consiste en un ensemble de représentations qui sont distinctes de la perception sensible, c'est à dire qu'elles préexistent aux sens, qu'elles n'ont pas besoin de ceux-ci pour exister. C'est en vertu d'un instinct, d'une représentation interne qui préexiste aux sens, qu'un oiseau est capable de construire un nid : en effet, il n'attends pas de se rendre compte qu'il a besoin d'un nid pour se mettre à le faire ; c'est dans sa nature de faire un nid. Cela vaut pour toutes les formes d'ouvrages que les animaux sont capables d'effectuer, qui procèdent principalement de l'instinct, ce qui explique pourquoi les animaux sont incapables de progrès, comme nous l'avons expliqué dans la section 1.


4- la mémoire : c'est en vertu de cette faculté, qui consiste en une conservation à plus ou moins long terme des données reçues par les sens, que les animaux sont capables de se souvenir de ce qui leur est nuisible et de ce qui leur convient, de se souvenir du visage de telle personne ou de la forme de tel être, et d'être capable de comprendre le « concept » de passé ; non pas au sens d'un concept abstrait et idéel, mais au sens où ils savent faire la distinction, au niveau concret et sensible, entre le passé et le présent.


Ces cinq sens externes et ces quatre sens internes sont le propre de la vie sensitive. En tant que tels, ils sont communs aux hommes et aux autres animaux. C'est à dire que l'homme a bien non seulement une mémoire, une imagination et un sens central, mais aussi des instincts qui régulent un certain nombre d'aspects de sa vie.


En fait, lorsque les scientifiques s'extasient sur le fait que des corbeaux ou des singes soient capables de reconnaître leur portrait dans une glace, ils croient découvrir des choses qu'Aristote et Thomas d'Aquin avaient très bien compris avant eux, à savoir que les animaux sont biens dotés de sens internes. Cela n'est nullement une « preuve d'intelligence » comme ils disent, mais uniquement une manifestation de la vie sensitive des animaux. De nos jours, on utilise le terme « intelligence » à tord et à travers, tandis qu'il désigne à l’origine quelque chose de bien précis, c'est à dire cette faculté propre à l'homme d'abstraire une connaissance intellectuelle à partir des données sensibles, de pouvoir manier des idées, tandis que les autres animaux en sont strictement incapables.


De même, lorsque de prétendus philosophes ou scientifiques estiment révéler au monde que la conduite de l'homme est instinctive, ils ne font que dire des banalités, cependant ils prétendent que les hommes sont des animaux comme les autres, en faisant mine d'oublier que leurs facultés spirituelles les rendent pourtant radicalement différents et radicalement supérieurs à toutes les créatures du monde terrestre. Dire « l'homme est simplement un animal plus malin que les autres, mais un animal avant tout », c'est faire preuve de défaut de jugement : ce qui distingue l'homme de l'animal est bien plus qu'une simple différence quantitative.


Si nous vous parlons de cette vie sensitive, c'est encore une fois pour mieux comprendre ce qui distingue l'homme des autres animaux, après s'être accordé sur ce qui leur est commun. Nous allons maintenant étudier les différences entre les hommes et les animaux quant à ce qui concerne leur faculté d'aimer, de désirer certains biens, et d'employer les moyens pourvus à leur fin déterminée.




B. L'homme peut se déterminer en vertu de sa nature spirituelle


Les animaux agissent et se déterminent uniquement en fonction de leur vie sensitive. L'expérience nous apprend que tout être est naturellement incliné vers les biens qui conviennent à sa nature. De ce fait, les animaux, dont la nature est d'être des êtres doués d'un principe de vie sensible, ne sont portés que vers les biens sensibles ; ils sont mus par ce que l'on appelle un appétit sensitif, régulé par les instincts. Ils ne peuvent aimer et désirer que des choses sensibles ; ces désirs sont régulés par les instincts, tout comme le seront les moyens employés en vue d'assouvir la fin voulue.


Les instincts des animaux ont un caractère ordonné (c'est à dire qu'ils conduisent l'animal vers la perfection de son être, qu'ils le poussent à agir en conformité avec sa nature – comme l'instinct des abeilles qui les pousse à s'organiser en ruche) et irrésistible (l'animal ne peut pas faire autrement que de suivre ce que lui dicte son instinct, on a jamais vu des abeilles faire sécession de leur ruche ou commencer à faire des ruches d'une manière différente de celle que leur instinct leur commande). Seule l'action de l'homme peut contrarier durablement les poussées instinctives des animaux, au terme d'un processus de dressage.  


Les hommes, qui sont aussi doués d'une vie sensitive comme les autres animaux, sont par là-même eux aussi mus par un appétit sensitif et par les instincts correspondants. Nous avons par exemple un instinct de conservation, qui nous pousse à protéger notre corps de la souffrance et de la mort, nous avons aussi l'instinct de nous nourrir, l'instinct de la peur qui nous fait fuir face à un danger, l'instinct de reproduction qui nous pousse à nous accoupler, etc … telle est notre condition commune à celle des animaux.


Mais parmi toutes les créatures, nous remarquons que seul l'homme est capable de dominer ses instincts. En effet, nous pouvons voir des hommes braver la peur et faire preuve de courage face à un danger de souffrance voire même un danger de mort, nous pouvons voir des hommes faire une grève de la faim en se privant de manger tandis même que toutes les forces de leurs corps les porte à vouloir se nourrir, nous pouvons voir des hommes faire vœu de chasteté tandis même que leurs inclinations naturelles les plus élémentaires les poussent à désirer l'acte sexuel. En vertu de quoi l'homme peut-il résister à ses instincts ?


La réponse réside dans le fait qu'il existe en l'être humain deux appétits, qui peuvent éventuellement s'opposer et se faire violence : un appétit sensitif dont nous parlions, un tel appétit dépendant de la connaissance sensible et de l'instinct, et un appétit intellectuel, qui quant à lui dépend de la connaissance spirituelle et de la raison. Nous disions plus haut que tous les êtres sont naturellement inclinés vers les biens qui conviennent à leur nature. Hors, l'homme est doté à la fois d'une nature sensible et d'une nature spirituelle, ce qui explique qu'il soit en mesure de désirer des biens spirituels et d'agir en fonction de ses connaissances abstraites, bien qu'il soit également porté sur les biens sensibles, tandis que le simple animal est incapable de se porter sur autre chose que les biens sensibles.


Cette intelligence propre à l'homme lui permettent le raisonnement et la délibération. L'homme est capable de choisir, en fonction des critères que retiendront sa volonté et sa raison, entre diverses sortes de biens. Il peut aussi choisir entre diverses sortes de moyens pour arriver à telle fin, selon des critères librement posés. De ce fait, dès que l'homme agit après avoir effectué un raisonnement, même superficiel, il agit d'une manière libre, dans la mesure ou il aurait pu agir autrement, c'est à dire qu'il a fait un choix entre les divers biens qui se proposaient à lui, selon les critères que sa volonté aura retenue. Tandis que l'animal se détermine uniquement en fonction de ses instincts, qui sont ordonnés et irrésistibles, immuables et nécessaires, la manière propre à l'homme de se déterminer est le raisonnement.


Ces deux appétits, sensitif et intellectuel, expliquent la double façon dont l'homme peut se déterminer : il peut se déterminer instinctivement ou de façon délibérée. Il s'opère une lutte entre la raison et les poussées instinctives chaque fois que les deux appétits ne concordent pas. L'homme peut choisir de laisser la bride à ses instincts, ou alors de les tenir fermement en laisse, en fonction de ce que sa volonté aura retenu comme critères, de ce que son intelligence lui aura appris des divers biens entre lesquels il pouvait choisir.


L'homme n'est pas moralement responsable des actes instinctifs qui échappent à la réflexion. Tant que ses facultés de raisonnement ne sont pas pleinement opérationnelles, il est difficile de lui imputer une quelconque faute morale, car une faute morale nécessite justement une action délibérée (dans le cas où certains facteurs d'origine naturelle atténuent la faculté de jugement et de délibération, la faute est proportionnellement atténuée – sauf quand nous avons altéré notre faculté de jugement par notre propre faute, en buvant beaucoup d'alcool par exemple, ou en menant une vie continuellement déréglée et malsaine).


Quoi qu'il en soit, l'âme humaine, dans ses dispositions naturelles, permets le raisonnement et la délibération. La plupart du temps, nous sommes donc responsables de nos actes, puisqu'ils suivent un certain raisonnement. Nous avons toujours la possibilité de choisir entre plusieurs biens lorsqu'il s'agit de se déterminer, et nous avons de ce fait une certaine faculté à pouvoir volontairement dominer nos instincts, comme lorsque nous dominons notre peur pour accomplir des actes difficiles et courageux, pour défendre une idée ou une personne par exemple. Aucune bête ne peut faire preuve d'héroïsme : même les animaux les plus féroces fuient devant une menace évidente, dès qu'il leur est possible de le faire.




3. L'âme humaine est la cause de la liberté


Les animaux sont incapables de désirer des biens spirituels, puisque leur nature ne le leur permets pas. Les hommes sont en revanche capable de délaisser des biens sensibles pour leur préférer des biens spirituels : ils ne le peuvent qu'en vertu de leur âme spirituelle. Nous avions déjà expliqué en quoi les facultés d'abstraction et de raisonnement étaient propres à l'homme uniquement, totalement absentes chez les autres animaux. Nous expliquons désormais que si l'homme est capable de se déterminer librement, c'est en vertu de ce même principe de vie immatériel qui lui permets de raisonner, d'avoir des activités spirituelles, et de désirer des biens spirituels.


Comme nous le disions juste avant, c'est un fait que les êtres désirent les biens qui conviennent à leur nature, et qu'il ne puissent désirer que des biens connus d'eux. L'homme dispose à la fois d'une nature sensible, qu'il partage avec les autres animaux, et d'une nature spirituelle qui lui est propre. De ce fait, un simple animal est incapable de dominer ses instincts ou désirer autre chose que des biens sensibles, dans la mesure où il n'est pas dans sa nature de pouvoir désirer autre chose, et dans la mesure où il n'est même pas capable de connaître d'autres types de biens (il ne peut pas comprendre les idées, donc il ne peut pas vouloir se surpasser en se battant pour un idéal).


C'est donc en vertu de sa nature spirituelle, c'est à dire de son âme, que l'homme est capable d’œuvrer à quelque chose qui dépasse la matière et les sensations, de régler sa conduite selon certains impératifs moraux et certains idéaux précis.  Mais encore, cette âme spirituelle permet à l'homme d'être capable de raisonner abstraitement, une faculté sans laquelle aucune liberté ne serait possible.


Un animal n'est pas capable de raisonner, de peser le pour et le contre dans une série d'options à choisir : il va toujours au plus facile, au plus immédiat, selon ce que les instincts de sa nature lui dictent. Un animal qui doute, cela n'existe pas : ils n'y a pas de choix à proprement parler chez l'animal ; quand deux alternatives se proposent à lui, sa nature va le porter instinctivement vers celle que ses sens lui désignent comme la plus adéquate, il ne peut pas choisir l'une plutôt que l'autre en vertu d'une réflexion délibérée sur les avantages et les inconvénients des deux solutions.


C'est parce que l'homme est capable d'abstraire une connaissance intellectuelle à partir des données sensibles, parce qu'il est capable de prendre du recul sur ses sensations et de faire des liens entre plusieurs idées, qu'il peut faire de véritables choix. Parfois nos actes sont plus ou moins délibérés, et plus ou moins obstrués par des poussées instinctives, mais nous sommes usuellement capables de poser des choix délibérés au-delà de ce que nous dicte notre nature animale.


Ainsi dit-on avec raison que celui qui vit au jour le jour, sans se poser de questions, sans chercher autre chose que la jouissance sensible, sans chercher d'autres biens que les biens charnels et corporels, en se laissant porter par ses instincts et par les inspirations du moment présent… on dit de lui qu'il vit comme un animal. On dit cela parce qu'il ne fait quasiment pas usages de ses facultés proprement humaines, c'est à dire l'intelligence et la liberté. Il se montre indigne de sa condition, en vivant comme une bête alors que la nature des choses de le destine pas à cela.


C'est cette condition spirituelle et libre de l'homme qui fait toute sa dignité, et qui est la cause de sa suprématie indiscutable sur tout le règne du vivant. L'homme est le roi de la création, le seul être terrestre capable de connaissance intellectuelle et de progrès, le seul être capable de rendre à Dieu le culte qui lui est dû. Quiconque se refuse à faire preuve d'intelligence, de progrès ou de religiosité, se rapproche de la bête plus qu'il ne se rend « libre » (quand certains osent dire que la « liberté » consiste en l'assouvissement débridé de tous ses instincts … c'est se mettre plus bas que les bêtes, qui elles au moins agissent toujours en conformité avec leur nature).




3. L'immortalité de l'âme humaine



L'homme est capable d'activités spirituelles (1), qui ont un objet immatériel, et qui appellent donc une cause proportionnée, immatérielle elle aussi, que nous appelons l'âme. L'homme est aussi capable de se déterminer raisonnablement et librement (2), en vertu de cette même âme qui lui permet de désirer d'autres biens que ceux que commandent ses instincts, et de raisonner abstraitement sur les tenants et les aboutissants des différents choix qui s'offrent à sa conscience.


Il nous reste maintenant à montrer, pour clore cette partie de la démonstration, que cette âme spirituelle et libre propre aux hommes ne cesse pas d'exister une fois qu'elle se sépare du corps, qu'elle est immortelle. Nous entendons l'immortalité dans un sens réel, pas dans un sens figuré ou symbolique (comme quand on dit que Jules César est immortel parce qu'on parle encore de lui avec admiration même 2000 ans après sa mort).


L'immortalité de l'âme n'est pas, en soi, une évidence de sens commun, comme l'est l'existence d'une cause première de l'univers. Certains philosophes, qui avaient pourtant compris l'existence de l'âme, n'en avaient pas forcément déduit pour autant qu'elle était immortelle (Aristote a eu différentes opinions sur cette question au cours de sa vie, il semble cependant qu'il soit mort en étant persuadé de la survivance de l'âme humaine). Pourtant, en une telle matière, toutes les religions ou presque s'accordent sur cette idée d'une survie de l'âme après la mort : ce qui veut dire qu'elle comporte forcément un fond de vérité.


Nous allons montrer qu'en fait, il n'y aucune raison valable qui justifie que l'âme ne soit pas immortelle, et que rien qu'avec la raison naturelle, nous pouvons envisager cette immortalité, comme pour soutenir avec des appuis raisonnables cette vérité révélée de la survie de l'âme après la mort. En effet, l'âme est une entité simple (qui n'est pas composée de différentes parties), créée directement par Dieu (on ne saurait expliquer son existence autrement), et qui n'a pas fondamentalement besoin du corps pour exercer ses activités propres de connaissance et d'amour (l'objet de ses activité étant immatériel, incorporel).



A. L'âme est une entité simple


Nous avons suffisamment expliqué en quoi il était absurde d'envisager que l'âme, cause des activités spirituelles, puisse être sécrétée par les neurones, ceux-ci n'était pas substantiellement différents des neurones des autres animaux, tandis que ces activités spirituelles sont pourtant substantiellement différentes des simples activités sensibles communes aux hommes et aux autres animaux. Dans ce cas, d'où peut bien venir l'âme ? Quelle en est la cause ?


Nous avions précédemment conclu de l'existence certaine de Dieu, cause première et intelligence ordinatrice de l'univers. Ce même Dieu qui, nous ayant créé, ne peut pas ne pas être doué de ces mêmes facultés d'intelligence et de liberté qu'il a transmis à ses créatures. Sans comprendre que Dieu existe, on ne peut pas comprendre pourquoi l'âme existe.


En effet, si Dieu n'intervenait pas directement pour insuffler l'âme dans le corps humain, comment expliquer son existence ? Soit Dieu est à l'origine de l'âme, qu'il créé directement, soit cette âme n'a pas de cause est apparue « par hasard »… ce qui est insensé et ne contentera que les esprits superficiels. Le récit de la Genèse confirme notre constat sur la cause de l'existence de l'âme  : « Dieu forma l'homme de la glaise du sol (= élément matériel, le corps), et il souffla dans ses narines un souffle de vie (= élément spirituel, l'âme, directement insufflée par Dieu), et l'homme devint un être vivant » (Gn 2, 7)


Ce principe de vie spirituel, directement créée et insufflé par Dieu, n'est pas composé de parties contrairement au corps. Le corps a différents organes, différentes sections, différentes cellules, chaque partie pouvant être étudiée indépendamment l'une de l'autre bien qu'elles forment toutes ensembles une même entité ; ma main et mon foie n'ont pas d'existence propre indépendamment du reste de mon corps (c'est à dire que mon foie n'est pas un être vivant à lui tout seul). Le corps mets du temps à se former, il se développe, les différents organes doivent prendre forme, en effet nous ne venons pas au monde en ayant un corps déjà parfaitement opérationnel : il mets 9 mois à se développer dans le ventre de notre mère, puis plusieurs années à croître et à se fortifier une fois que nous en serons sortis. Il peut s'altérer, se modifier, et une fois que notre principe de vie a quitté notre corps, celui-ci se désagrège et retourne peu à peu à la poussière.


En revanche, l'âme est mise directement dans le corps sans qu'il faille qu'elle se développe ou évolue d'une quelconque manière : un bébé est doué d'une âme, du même principe de vie que tous les autres hommes, même si son corps ne lui permets pas encore d'exprimer ses facultés rationnelles. L'âme est donc une entité simple, qui ne se compose pas de parties et n'est pas capable de croissance ou d'altération au sens où l'est le corps. De ce fait, au moment de la mort, l'âme ne peut pas se désagréger lentement comme le fait le corps, dont les cellules et les organes flétrissent petit à petit : soit elle cesse soudainement d'exister, aussi soudainement qu'elle a été insufflée dans le corps, soit elle continue à exister même sans ce corps composé et périssable. Nous allons voir pourquoi il est plus vraisemblable d'envisager qu'elle continue à exister.



B. L'âme n'a pas besoin du corps pour exister


Il est vrai que l'âme est le corps sont intimement liés dans la nature humaine, dont le propre est justement d'être doué à la fois d'une vie sensible et d'une vie spirituelle, tandis que les animaux sont capables uniquement d'une vie sensible, et les anges uniquement d'une vie spirituelle. Le corps des petits enfants n'est pas encore suffisamment formé, leur expérience de la vie est trop peu étoffée, de sorte qu'ils ne sont pas encore capable d'exprimer toutes les potentialités de leur âme.


Il est vrai aussi que l'âme humaine, pour exercer ses activités de connaissance intellectuelle, a besoin du corps comme son outil. En effet, tandis que le mode de connaissance des anges procède par intuition, c'est à dire que leur intelligence est clairvoyante, qu'elle va directement aux idées et n'est pas limitée par des contraintes sensibles, le mode de connaissance des hommes procède par abstraction, c'est à dire que nous partons d'abord des sens pour arriver ensuite aux idées. La vie sensible est donc nécessaire à nos activités de raisonnement et de libre détermination.


Mais cela ne nous permets pas pour autant de conclure que l'âme et le corps sont absolument inséparables. Car l'âme et le corps ont des domaines d'activité radicalement distincts : le corps réalise les activités propres à la vie sensible, tandis que l'âme réalise les activités immatérielles propres à la vie spirituelle. Il se trouve que notre âme est unie à notre corps tant que nous sommes sur terre, que notre âme se trouve en quelques sortes « prisonnière » du corps et des sens, mais il est tout à fait possible qu'elle puisse continuer à exister même séparée de ce corps.


Une personne sourde, aveugle et muette n'en est pas moins douée d'une âme spirituelle pour autant, même s'il lui sera difficile de s'en servir adéquatement du fait des infirmités de son corps. De même qu'un bébé est aussi doué d'une âme spirituelle. L'existence de notre âme ne dépend pas du fait que nous puissions voir et entendre, ou que nous soyons capables d'exprimer nos pensées correctement. A plus forte raison, une fois séparée du corps, il n'y a aucune raison raison pour que l'âme ne puisse pas continuer ses activités propres de connaissance intellectuelle, de liberté, de volonté et d'amour, au contraire : une fois libérée des contraintes sensibles, l'âme humaine sera comme plus prompte à exercer les activités proprement spirituelles  ; une âme séparée de son corps devient semblable à un ange.



C. La justice commande l'immortalité de l'âme


Nous avons que l'âme pouvait très bien continuer à exister sans le corps, qu'elle ne pouvait pas se décomposer comme celui-ci, et que donc soit elle continue à exister après sa séparation du corps, soit elle cesse brutalement d'exister en raison de quelque cause inconnue. Dans l'absolu, Dieu pourrait choisir de détruire notre âme de la même manière qu'il a choisi de la créer. C'est uniquement selon son bon vouloir que nous avons été créés avec des facultés de cet ordre, et qu'il nous maintiens dans l'être en permanence. Si Dieu le voulait, notre âme pourrait disparaître aussi immédiatement qu'elle est apparue. Mais il ne semble pas que la volonté de Dieu soit telle.


Dieu, dans sa justice, a voulu que l'âme des hommes vive éternellement et qu'elle soit éternellement tributaire des mérites et des démérites dont elle se sera rendue responsable au cours de sa vie terrestre. Si ceux qui avaient vécu dans le vice toute leur vie, sans respecter les lois de nature et en causant du tord à leurs semblables, devaient connaître le même traitement et la même destinée éternelle que ceux qui ont fait l'effort de s'exercer à la vertu et de se porter à ce que leur nature véritable leur commandait de faire, cela serait injuste et la vie humaine ne serait qu'une ignoble et insupportable tragédie.


De même, si ceux qui avaient pratiqué une vertu incomplète et se seraient tout de même rendus coupable de quelque faute condamnable étaient traités de la même manière que ceux qui ont vécu dans la pureté la plus absolue et qui aurait offert une réparation suffisante pour leurs fautes passées, il y aurait aussi injustice. C'est pourquoi il existe un Purgatoire qui permets à la justice divine de s'appliquer aux âmes justes mais non encore totalement pures. C'est pourquoi aussi il existe, dans l'Enfer et dans le Purgatoire comme dans le Paradis, différents degrés de souffrance ou de gloire, en juste rétribution des mérites et démérites de chacun.


C'est pourquoi aussi il existe les Limbes, qui sont pour les âmes qui bien que n'étant coupables d'aucune faute individuelle, gardent toujours la souillure du péché originel et ne peuvent pas être présentées à Dieu dans un tel état. L'état des âmes dans les Limbes ne consistent non pas en un « vide » ou une « neutralité » comme on pourrait le croire, mais en un bonheur véritable, cependant il de s'agit uniquement que d'un bonheur naturel, auquel Dieu ne concourt pas ; il ne peut pas offrir à ces âmes le même bonheur surnaturel des âmes du Paradis, qui ont su obtenir leur gloire par les mérites de Jésus-Christ et de sa Rédemption. Encore une fois, ce n'est que justice.


Sans même avoir recours aux vérités révélées, tout homme ayant une certaine notion de la justice est capable de comprendre et d'aimer l'idée du jugement des âmes après leur mort. Cette idée ne fait horreur qu'aux hommes mauvais et iniques, aveuglés et abêtis par leurs passions, qui répugnent à la pensée que qui que ce soit puisse leur reprocher leurs vices et leurs erreurs. A l'inverse, l'homme qui porte haut la justice dans son cœur répugne à l'idée que l'homme mauvais et vicieux puisse rester éternellement impuni, et accepte volontiers l'idée que lui-même puisse être jugé pour ses fautes et ses manquements.


Enfin il nous faut rappeler en dernier lieu que cette croyance en l'immortalité de l'âme et au jugement des âmes par une entité supérieure est quasiment universelle, présente sous des formes diverses dans tous les systèmes religieux, ce qui devrait normalement achever de saper les doutes et les hésitations de ceux qui ne sont pas encore convaincus par cette idée. L'esprit humain ne peut pas s'accorder universellement et spontanément pour tenir comme vraies des choses fausses et illusoires. Cette immortalité de l'âme est une idée qui hante tous les hommes, qui réponds aux appels les plus profonds de leur nature, autant que l'idée de l'existence d'un Dieu créateur et ordinateur du monde




Annexe :  Le problème de la réincarnation


Pour finir, nous allons nous efforcer de montrer toute l'absurdité de cette doctrine de la transmigration des âmes, propre aux croyances hindouistes et bouddhistes, qui consiste à croire qu'une fois séparée du corps, l'âme se réincarne dans un corps d'animal ou un corps d'homme, en fonction de ses mérites, et que le cycle des réincarnations ne cesse que lorsque l'âme se sera enfin rendue capable d'un effort tel qu'il lui aura permis de se séparer définitivement de la matière et de se fondre dans le « grand tout », dans ce Nirvana qui consiste en une sorte de néant absolu.



1. La réincarnation d'une âme dans un animal


On reconnaît que l'homme a une âme spirituelle en constatant que celui-ci fait preuve d'activités spirituelles. C'est parce que l'homme raisonne, parle, fait preuve de progrès et de religiosité, que l'on comprends qu'il existe en lui quelque chose d'immatériel qui est la cause suffisante de ces activités immatérielles. Les animaux ne font preuve en revanche que d'une vie sensible : il leur est impossible de faire de la grammaire, d'être capable de progrès technique, de rendre un culte à Dieu. C'est en étudiant ce qui le différencie des autres animaux que l'on comprend ce qui fait la spécificité de l'homme.


S'il était vrai que des âmes humaines se réincarnaient dans des animaux, comment se fait-il alors qu'aucun animal ne fasse preuve d'une vie spirituelle ? On reconnaît qu'un être est doué d'une âme spirituelle à partir du moment ou il fait preuve d'activités proprement spirituelles. Il est donc absurde de prétendre qu'une âme humaine puisse se réincarner dans une vache ou dans un canard, tant que l'on n'aura pas vu cette vache ou ce canard déclamer des poèmes, construire des villes et des forteresses, ou élever un autel au dieu-canard cosmique.


Cette croyance n'est donc qu'une vague superstition qui se passe de preuves tangibles. La croyance en la spiritualité de l'âme humaine est justifiée par des évidences de sens commun, des principes rationnels et accessibles rien qu'à l'aide de la philosophie naturelle, tandis que la croyance en la spiritualité des animaux est gratuite et fantaisiste. Encore une fois, que les animaux aient des émotions, une mémoire et une imagination ne les rends pas plus humains pour autant. Ces facultés sont communes aux hommes et aux animaux, en tant que propres à la vie sensible.



2. L'expiation des fautes de notre vie passée


Les bouddhistes nous disent que si nous nous réincarnons, c'est parce que nous n'avons pas encore été capable d'être pleinement illuminés, et que nous avons encore des fautes à expier avant d'être vraiment pur. Ce cycle de réincarnation serait mu en quelques sortes par une certaine justice, chacun étant récompensé ou puni à la mesure de ses mérites, chacun devant toujours s'améliorer pour espérer un jour atteindre la libération.


Mais si cette réincarnation avait pour but l'expiation de nos fautes passées, dans ce cas, comment se fait-il que nous n'ayons quasiment aucun souvenir de ces vies passées  ? Comment pourrions-nous regretter des fautes que nous ne connaissons même pas ? Comment pourrions-nous nous améliorer en travaillant sur des défauts et des vices que nous avons oublié, que ne connaissons plus ? Comment espérer atteindre l'illumination dans de pareilles conditions ?


Certains avancent comme « preuve » de la réincarnation le fait que certains personnes, notamment des enfants, se « souviendraient » avec précision de choses qu'elles auraient vécu dans leurs vies antérieures. Mais ces cas sont si rares, et si flous, qu'il serait absurde de vouloir fonder une quelconque forme de doctrine là-dessus. En quoi ces prétendus souvenirs sont-ils vraiment ce qu'ils prétendent être ? Ne pourrait-on pas penser plutôt que ce ces images et ces sensations ont des causes tout à fait naturelles et qu'il n'est pas lieu d'aller chercher dans l'ordre surnaturel ? Et pourquoi ces souvenirs sont-ils toujours aussi fragmentaires, pourquoi ne se souvient-on pas avec précision de ce qui est vraiment important, à savoir les fautes que l'on a commis et sur lesquelles il nous faudra travailler ?


Cette idée d'une réincarnation en vue de la purification et de l'amélioration est donc injuste, en plus d'être absurde. Injuste, car nous n'avons aucun moyen de connaître les motifs de notre condamnation, aucun moyen de comprendre ce qui a été la cause de notre chute et les points sur lesquels il nous faut nous améliorer. Absurde, car si tant est que notre âme aie du passer d'un corps à un autre, il serait parfaitement logique qu'elle conserve ses souvenirs et les idées qu'elle s’exerçait à utiliser autrefois, et qu'elle n'en conserve non pas une partie infime et fragmentaire, mais qu'elle soit dans l'usage plein et entier de ses facultés.


Pour pouvoir être en mesure de s'améliorer, de faire un véritable travail sur soi et ses propres défauts, il faut être conscient des fautes que l'on a commis, et les regretter sincèrement, en s’exerçant avec promptitude à mortifier ses défauts et ses mauvaises habitudes. Quel est donc ce Dieu qui s'amuserait à effacer tous les souvenirs d'une âme, alors même qu'il attend d'elle qu'elle se repentisse et qu'elle grandisse en vertu ?


Cette idée d'une telle réincarnation des âmes fait horreur à la justice et au bon sens. Il est curieux que tant de personnes se laissent séduire par de telles superstitions, tout en prétendant par ailleurs que la religion chrétienne n'est pas raisonnable et qu'ils n'y a aucune raison d'y croire, que le panthéisme et la transmigration leurs paraissent « plus logiques » … S'il ne s'agissait que d'une histoire de logique, il y a bien longtemps que l'on aurait cessé de s'intéresser à ces balivernes sans queue ni tête.



3. Le Nirvana ou la cessation de toute activité


Enfin il nous faut parler de cette conception horrible et insensée du « Paradis » que tiennent les bouddhistes ou les amateurs de new-age, de son absurdité qui encore une fois répugne le bon sens, la justice et la saine raison. Le Nirvana, aucun maître ne sait véritablement en quoi il consiste ; c'est encore une des joies du bouddhisme et des autres turlupinades orientales : on affirme tranquillement que la sagesse consiste dans l'ignorance, qu'il n'y a pas besoin de se préoccuper de la finalité des choses que l'on entreprends, que la vérité n'a pas à être connue, etc … Bouddha enseigne à ses disciples que toute leur vie doit être tournée vers la libération et l'accession au Nirvana, sans jamais dire clairement en quoi consiste ce Nirvana… si un chef d'entreprise vous embauchait en vous disant « vous devez faire ceci de cette manière. - Pourquoi, quelle est la finalité ? - Eh bien on ne sait pas vraiment, mais faites le quand même », vous le tiendrez pour malhonnête et incompétent.


Il semble tout de même que ce Nirvana s'apparente à la cessation radicale de toute œuvre, de toute vie, de toute activité, comme si l'on s'anéantissait totalement et que l'on arrêtait d'exister. Le Paradis bouddhiste semble concrètement consister dans le fait d'arrêter d'exister, du moins c'est cette cessation de l'activité que Bouddha préconise à ses disciples de rechercher, pour atteindre l'illumination. Ainsi donc, l'aboutissement de l'existence consisterait … dans le fait d'arrêter d'exister. Très « logique », n'est-ce pas.


Il faudrait donc que toutes les facultés de notre âme, notre intelligence, notre volonté, notre force et notre amour, nous porte dans une tension continue et extrême vers ce désir d'auto-destruction ou d'anéantissement. Cela ne vous interloque pas ? Vous ne trouvez pas cela étrange ou illogique ? Le degré le plus parfait de l'existence ne peut pas consister dans le fait d'arrêter d'exister, c'est absurde, cela n'a aucun sens.


De même qu'il serait absurde d'envisager que l'âme, une fois libérée, ne puisse plus exercer ses activités propres qui étaient jusqu'ici entravées par les contraintes sensibles. Au contraire, une fois désentravée, il est logique d'envisager que l'âme puisse se porter plus promptement à ses activités propres, et non pas qu'elle cesse brutalement toute activité comme veulent le prétendre les bouddhistes. Fuyons à tout prix ces doctrines tordues et inconséquentes.


**


Voilà pour l'âme, sa spiritualité et sa liberté, ainsi que son immortalité. Maintenant que tous les éléments préparatoires sont réunis, à savoir que nous avons compris que la vérité existait, que Dieu et l'âme spirituelle et immortelle de l'homme étaient vraiment conformes à la réalité objective des choses, nous pourrons discerner quelle est la vraie religion parmi toutes celles qui prétendent détenir la vérité, et qui ne peuvent pas toutes être également vraies en même temps et sous le même rapport puisqu'elles se contredisent.

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«2 Timothée 4 : Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables...»  

«Ecclésiaste 1, 9 : Ce qui a été, c'est ce qui sera, et c'est ce qui s'est fait, et c'est ce qui se fera ; il n'y a rien de nouveau sous le soleil.»


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Message(#) Sujet: Re: Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Icon_minitimeMar 14 Juin 2016, 15:49

Je me permets juste de poster pour souligner quelques erreurs concernant le Bouddhisme, que tu as peut-être confondu avec l'Hindouisme.

En effet, dans cette religion, l'âme et la réincarnation n'existent pas, ça tiendrait plus de la métensomatose que de la métempsychose. Le Moi et l'identité individuelle n'y sont que des illusions. Pour citer Ricard, "il n'y a pas non plus de ‟personnes” considérées comme des entités distinctes. Il n'y a qu'un flot dynamique d'expérience, instant après instant, que l'on appelle la conscience. Dans le monde de l'inanimé, il est admis que « rien ne se crée, rien de ne perd ». Il n'y a que des transformations. La matière ne peut naître ex nihilo. Selon le bouddhisme, il en va de même de la conscience, qui ne peut ni surgir de rien ni passer de l'existence phénoménale au néant". Il est donc logique que dans leur système, il n'y ait pas nécessairement de continuité de la mémoire de "vies passées".

Idem pour le Nirvana, lorsque tu dis par exemple "on affirme tranquillement que la sagesse consiste dans l'ignorance", c'est erroné dans la mesure où il recoupe entre autres ce qu'ils appellent l'Eveil ainsi que la fin de l'ignorance. La connaissance reste plutôt une clé de voûte du Bouddhisme, prêchant un désintéressement matériel au profit du développement spirituel et intellectuel. Le Nirvana relève avant tout de la cessation des Trois Soifs (qui incluent le désir des sens, considéré in fine comme source de souffrance ou de frustration). C'est un concept particulièrement délicat à appréhender, qui renvoie à plein de notions bouddhiques qu'on ne maîtrise pas forcément à moins de vraiment s'y intéresser, comme celle de Coproduction conditionnée (je ne connais moi-même que des bases simplistes).

Le Bouddhisme est probablement l'une des religions les plus complexes. On fait souvent des confusions avec l'Hindouisme, et elle est difficilement appréhendable dans une perspective occidentale comme la nôtre. Même le Taoïsme est probablement plus clair dans ses acceptions métaphysiques, par exemple relatives à la création de l'univers (qui rejoint une dialectique "panthéiste" cohérente, qui nous est plus familière), bien qu'au niveau éthique, des concepts comme le Wuwei (non-agir) deviennent plus difficiles d'accès.

En ce qui concerne le libre-arbitre, je partage cette vidéo que je trouve intéressante sur la question, que j'avais pu poster dans la CB :

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Message(#) Sujet: Re: Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Icon_minitimeMer 15 Juin 2016, 10:14

Le problème du bouddhisme (et de l'hindouisme) c'est qu'il existe des milliers de sectes aux idées différentes et contradictoires, et que même au sein d'une même secte cela ne les gène pas beaucoup d'enseigner des choses contradictoires, de dire tout et son contraire, de se moquer du principe de causalité et de non-contradiction. Et il ne faut pas oublier que ces sectes sont initiatiques : il y a des discours exotériques à l'intention des hommes normaux, et des discours ésotériques réservés aux hommes un peu plus évolués que les autres. Le bouddhisme n'est pas une religion unifiée en soi, pas plus que ne l'est l'hindouisme, mais il y a un ensemble de références communes, comme une sorte de continuum culturel. Ce que je dis se base sur ma connaissance du bouddhisme tibétain, tel qu'il existe au moins depuis le XVIIe siècle (je lis des récits de voyageurs européens relatant de discussions avec des bonzes au royaume de Gu-Ge dans les années 1630), et ce sont par ailleurs des choses que j'ai déjà entendu de la part de certains bouddhistes "amateurs".

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«2 Timothée 4 : Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables...»  

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Message(#) Sujet: Re: Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Icon_minitimeMer 15 Juin 2016, 17:40

Le Bouddhisme reste relativement structuré, en ce qu'on peut distinguer trois branches aux dogmes bien définis. Il s'agit du Bouddhisme Theravada (ou Hinayana), Mahayana et Vajrayana (ou tantrique), qui se sont constitués au fil de conciles et des cultures locales, que l'on peut plus ou moins assimiler au Catholicisme, au Protestantisme et à l'Orthodoxie (bien que contrairement au Christianisme, le courant "originel" n'est pas le plus pratiqué). Il y a ensuite différentes écoles, mais bien identifiées (par exemple l'école Zen dans le Mahayana, les dix-huit du Theravada), avec lesquelles on peut dresser des parallèles avec les doctrines et congrégations chrétiennes.

Le Bouddhisme tibétain est en quelque sorte un syncrétisme des courants cités plus haut, avec ses propres pratiques (et quatre grandes écoles). Pour être précis, c'est à l'origine le Mahayana, qui par commodité (abusive), est parfois groupé avec le Vajrayana, dans la mesure où ils recoupent pas mal d'éléments communs plus facilement perçus par le grand public. Il est devenu assez populaire en occident, c'est celui représenté par le Dalaï-Lama ou pratiqué par Mathieu Ricard. Il est aussi à distinguer du Bön tibétain, qui est une religion traditionnelle du Tibet comptant effectivement certaines sectes, et il y a des débats chez les bouddhistes tibétains pour savoir s'ils doivent ou non la tolérer.

C'est un peu pareil pour l'Hindouisme, qui est à la base plus monolithique et unifié que le Bouddhisme, ou même le Christianisme et l'Islam, vu qu'il n'a pas de branches en soi (il y a des écoles, mais encore une fois identifiées, comme il existe différents courants et ordres dans de nombreuses religions). En revanche, c'est vrai qu'il y a sûrement plus de sectes "indépendantes" ayant bourgeonné sur le canon fondamental et majoritaire, avec les fameux gourous haha. Mais bon, c'est aussi en tant qu'occidentaux qu'on a plus de mal à se repérer dans les religions ou philosophies orientales (ainsi qu'à les appréhender).

En tout cas, si le Bouddhisme n'adhère pas vraiment à la notion d'âme individuelle (ou du moins telle que nous l’entendons), il ne rejette pas le principe de causalité (loin de là même, ils sont presque "obsédés" par le concept de cause et d'effet, qui se retrouve dans le Karma). Le Dalaï-Lama a d'ailleurs écrit quelque chose qui m'a fait sourire à ce niveau-là :

Le Dalaï-Lama a écrit:
From the Buddhist perspective, the idea that there is a single definite beginning is highly problematical. If there were such an absolute beginning, logically speaking, this leaves only two options. One is theism, which proposes that the universe is created by an intelligence that is totally transcendent, and therefore outside the laws of cause and effect. The second option is that the universe came into being from no cause at all. Buddhism rejects both these options.

De leur point de vue, ils rejettent l'idée d'un dieu transcendant car il y aurait justement une contradiction interne, celle qui consiste à expliquer la création de l'univers et à préserver le principe de causalité, par quelque chose qui déroge au principe de causalité, qui de par sa propre existence l'abolit ou ne le respecte pas. Ils sont donc encore plus sensibles à ce sujet, puisqu'ils vont jusqu'à rejeter l'exception (Dieu). Et ils rejettent évidemment l'idée de l'auto-création spontanée, car ça déroge aussi au principe de causalité. Du coup ils proposent un autre système, mais je ne saurais vraiment pas l'expliquer.
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Message(#) Sujet: Re: Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Partie III-2 et 3 : la liberté humaine, et l'immortalité de l'âme Icon_minitime

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