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| Partie II-3 : Réponse aux objections | |
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Titiwilly Agneau de Dieu
Type : INFJ Age : 28 Lieu : Paris Emploi : :-) Inscription : 10/11/2013 Messages : 883
| (#) Sujet: Partie II-3 : Réponse aux objections Jeu 19 Mai 2016, 13:36 | |
| 3. Réponse aux objections courantes concernant l'existence de Dieu
(Note : je suis navré de devoir poster cette section en deux posts distincts, mais la longueur du texte excédait la limite autorisée ! Cela fait environ 24 pages sur word)
Peu de gens croient en Dieu dans un pays comme la France. Et ceux qui continuent de croire en Dieu ont souvent peu d'arguments pour étayer leur position, ou font peu d'efforts pour l'expliquer : ils se contentent de dire qu'ils en ont le « sentiment », la conviction intime et inexplicable, et ils alimentent ainsi sans forcément le vouloir, sans que cela soit de leur faute, le discours consensuel sur « l’irrationalité » du phénomène religieux, réduit à une simple histoire de choix individuel.
Pourtant si vous avez lu avec attention et sans a priori négatif ce que j'ai écrit, vous ne pouvez pas vous permettre de dire « il n'y aucun argument pour prouver l'existence de Dieu ». Du moins, vous pouvez toujours le dire, mais vous n'aurez aucune justification à cela !
Les objections que j'ai rencontré jusqu'ici se contentent d'exprimer un vague refus d'une vérité objective en matière théologique et religieuse, une défense de l'idée que ces questions là doivent être absolument laissées à l'appréciation des envies et des sentiments de chacun, comme si l'on laissait à chacun le choix de son menu sur la carte d'un restaurant.
Et bien prenons la carte, choisissons notre menu dans ce restaurant philosophique, et tâchons de voir s'il n'y a pas, contre toute attente, certains plats meilleurs que les autres, d'autres plats attirants mais carrément nocifs. Je vais faire une liste (sans doute non exhaustive, n'hésitez pas à intervenir si vous voyez un manque) des objections les plus courantes concernant le problème de l'existence de Dieu, et je vais tâcher d'y répondre, en espérant toujours aider ceux qui cherchent à mieux comprendre.
Objections philosophiques et théologiques concernant le Dieu abrahamique tel qu'il est défini entre autres par la philosophie réaliste :
A- Athéisme / scientisme // 1- Ce qu'on ne voit pas directement ne peut pas exister, 2- La religion est un phénomène uniquement sentimental, 3- La religion est antiscientifique
B- Agnosticisme subjectiviste // 1- La vérité dépends de l'avis personnel de chacun, 2- On ne peut s'en tenir qu'à des opinions face à la complexité d'un tel problème (l'existence de Dieu)
C- Agnosticisme pur // 1- Il est impossible de savoir si Dieu existe ou non, 2- L'esprit humain est incapable d'atteindre la vérité au-delà des phénomènes
D- Polythéisme // Il peut exister plusieurs dieux
E- Panthéisme // 1- La matière créé l'esprit, 2- Il n'y a pas d'esprit sans matière, 3- Esprit et matière ne sont qu'une seule réalité, 4- L'esprit invente l'univers, 5- La réalité suprême est une unité
F- Déisme libéral // 1- Dieu existe mais n'est pas doué de volonté propre, 2- Dieu existe en tant que personne mais ne s'occupe pas de ses créatures, 3- Aucune religion révélée n'est vraie, il n'y a qu'une religion naturelle
Ajoutons à cela une objection à caractère moral :
G- Comment Dieu pourrait exister puisque le mal existe ?
Et une conclusion :
Si Dieu n'existe pas, que peut-il exister d'autre ?
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A. Objection athée / scientiste
1- « Dieu n'existe pas car on ne peut pas le voir, et je ne crois que ce que je vois. »
Nous avions déjà évoqué cette objection lors de la partie I sur la vérité. Elle est une des plus creuses que l'on puisse imaginer pour « nier » ou « réfuter » l'existence de Dieu. Nous acceptons l'existence de beaucoup de choses que nous n'avons jamais vues ou touchées, car nous les connaissons soit par témoignage fiable, soit par évidence médiate, c'est à dire par le biais d'un raisonnement.
J'admets l'existence de de l'Australie, car je sais que d'autres personnes y sont allées, j'ai vu des photos qui avaient été prises depuis l’Australie, j'ai vu des images satellites qui montraient bien que l'Australie existait. Pourtant je n'y suis jamais allé : je crois en quelque chose que je n'ai pas vu de mes propres yeux. Je crois pareillement que Napoléon est mort à Sainte-Hellène : les témoignages historiques sont univoques.
J'admets la validité de ce raisonnement arithmétique, car j'ai pu vérifier en raisonnant qu'il était bien vrai, qu'il respectait toutes les règles du calcul, que les résultats étaient réellement valides. Ais-je « vu » que cette équation, que cette proposition arithmétique était vraie ? Non, j'ai bien cru en quelque chose que de n'ai pas vu. J'ai conclu qu'elle était vraie grâce à un raisonnement abstrait, grâce au travail de ma raison.
La phrase en elle même « je ne crois que ce que je vois », est absurde : dès lors que l'on voit, il n'est plus besoin de « croire », on constate tout simplement, l'évidence s'impose d'elle même. La « croyance » implique en soi une certaine marge d'incertitude et/ou d'abstraction, une évidence qui n'est pas immédiate, mais qui passe par le témoignage et/ou l'évidence médiate.
Et, plus encore : « voyez »-vous vos souvenirs ? Voyez-vous vos sentiments ? Voyez-vous votre raison ? Non : vous ne le voyez pas. Car ces choses là ne sont pas matérielles. Pourtant vous êtes bien certains d'avoir des souvenirs, des sentiments, et d'être une personne douée de raison. Vous êtes bien certains d'avoir un « esprit », quelque chose qui vous rends plus complexe qu'un simple animal, quelque chose qui vous rends susceptibles d'aller sur un forum de psychologie pour discuter de vos « états d'âme ».
Certains prétendent que les souvenirs, les sentiments et la raison se trouvent, au sens matériel et concret du terme, dans le cerveau. Le jour ou un scientifique arrivera à mettre un souvenir ou un sentiment dans une fiole et à créer un appareil qui permette de les lire, je voudrais bien y croire. En attendant : il n'y aucune preuve valable qui puisse permettre d'affirmer la matérialité de l'esprit. Lorsque l'on voit telle zone du cerveau en activité sur une IRM, on ne fait que constater qu'il y a une activité, mais on n'en voit pas la cause. Tout simplement parce que la cause est spirituelle ; nous en discuterons dans la partie III.
Mais dire « c'est dans cette partie du cerveau que se trouve la mémoire », c'est faire un raccourci injustifié, faire une confusion entre la cause et les effets : le cerveau n'est que l'outil de l'âme spirituelle et raisonnable de l'homme, qui elle n'est donc pas matérielle. Les scientifiques concernés sont souvent très experts dans leur étude du cerveau et de ses divers mouvements, mais l'affirmation de la matérialité de l'esprit n'est qu'un postulat, qui se passe de la moindre preuve matérielle ou philosophique. Nous discuterons plus en détail du matérialisme et des problèmes qu'il occasionne dans la partie III.
Vous pourriez objecter : « oui, la matérialité de l'esprit est un postulat … mais l'idée qu'il existe une réalité spirituelle et invisible l'est aussi ». C'est plus que cela… nous pourrions dire que c'est une forme de postulat, mais un postulat plus tangible que le précédent. Pourquoi donc ? Et bien parce que toutes les civilisations du monde, l'humanité toute entière pour autant que mes connaissances historiques et anthropologiques me permettent de l'affirmer, soutiens d'une seule voix qu'il existe des réalités spirituelles, immatérielles, qui nous dépassent bien qu'elles soient en interaction avec notre monde.
C'est une idée universelle et immémoriale ; si l'on doutait de la valeur du témoignage humain en la matière, il faudrait admettre encore une fois que la norme de la raison humaine est l'erreur et l'illusion, ce qui aboutit à des conséquences absurdes, nous en avions déjà parlé. Mais au-delà de ça : prendre en compte l'hypothèse, ou simplement l'idée, de réalités spirituelles et invisibles, permets de comprendre avec une plus grande acuité certains problèmes auxquels le matérialisme ne permets absolument pas de répondre, des problèmes qu'il relègue au second plan alors qu'ils sont les plus profonds et les plus essentiels pour nous.
Se contenter de dire « tes raisonnements sont basés sur des choses qu'on ne voit pas, et qui pourraient tout aussi bien ne pas exister » … c'est se braquer et refuser une série d'évidences : nous pouvons suffisamment déduire l'existence de ces choses invisibles (Dieu, l'âme) à travers l'ordonnancement du monde réel et physique, à travers les caractéristiques psychologiques de l'homme, sans avoir besoin de les « voir » en soi. Nous les connaissons par trace ; postuler de leur inexistence a des conséquences absurdes, tandis que postuler de leur existence permets de rendre le monde intelligible et cohérent.
2- « C'est une croyance que les gens adoptent pour se rassurer face à leurs problèmes. »
Ou autrement dit : « les religieux sont des gens faibles d'esprit, incapables de voir la réalité en face ». Ce qui est amusant, c'est que je pourrais dire exactement la même chose de ceux qui défendent une position opposée à la mienne : vous ne croyez pas en Dieu parce que cela vous dérange, parce que vous ne voulez pas réfléchir à cette question, parce que vous voulez vous en tenir uniquement aux croyances qui vous rassurent sur la conduite de votre vie, etc.
Une telle dynamique psychologisante donne lieu des discutions tout à fait stériles pour savoir qui est le plus faible d'esprit, qui est le plus capricieux, qui est le plus incapable de voir la réalité en face, etc … Alors discutons plutôt de ce que cette proposition contiens substantiellement.
Je veux bien que certaines personnes se « réfugient » effectivement dans une croyance religieuse pour pallier à une angoisse, pour supporter une période difficile de leur vie, ce sont des choses qui arrivent. Mais limiter le phénomène religieux à des problèmes sentimentaux, c'est vraiment se moquer du monde. C'est se borner à quelques clichés superficiels et dédaigneux, mépriser par principe des choses que l'on ne connaît que très peu.
Il est juste, en revanche, de dire que ceux qui s'intéressent à la religion « cherchent des réponses », des réponses aux énigmes de la vie. Ce sont des questions que nous devons tous nous poser tôt ou tard : Pourquoi j'existe ? Qu'est-ce que je dois faire ? Où allons-nous ? Qu'est-ce qui se passe après la mort ? Pourquoi l'univers existe ? Où est la vérité, qui détiens la vérité ?
Ces question là ne sont pas simplement des « petits problèmes » gênants, qui nous rendraient vaguement anxieux, sur lesquels nous aurions besoin d'être « rassurés » comme des enfants en peine, c'est tout de même plus que cela : ce sont à proprement parler des problèmes existentiels. Il ne s'agit pas de gestion du stress ou de développement personnel … il s'agit de comprendre le sens de la vie.
Si j'en suis venu à chercher, et à trouver mon compte dans le catholicisme, c'est parce que j'ai commencé par douter du fait qu'il suffisait de se « bricoler » des petites explications subjectives et irrationnelles, à douter du fait que mon petit avis personnel puisse avoir une quelconque valeur, ces petits avis que l'on se bricole précisément pour se rassurer … A un moment, on se dit qu'il faut trouver de vraies réponses. A bon entendeur …
3- « Cela sers uniquement à expliquer des problèmes que la science n'a pas encore pu résoudre, d'ailleurs c'est grâce aux progrès de la science que la religion recule. »
Déjà évoqué dans la section 2. La science a-t-elle pu résoudre les problèmes existentiels que nous nous posons, comme : Pourquoi j'existe ? Que se passe-t-il après la mort ? Quel est le sens de l'existence de l'Univers ? Que dois-je faire pour agir vertueusement, mener une vie droite et saine ? Que doit faire la société, où doit-on aller ? Non, la science ne réponds à aucune question de ce genre.
La science pourra-t-elle répondre un jour à ces questions ? Non, elle ne le pourra jamais, tout simplement parce que ce n'est pas l'objet de la science que d'expliquer ces choses là. La science ne fait que décrire des phénomènes, chercher des causes pour expliquer l'ordre des choses tel qu'il existe dans la réalité matérielle. Tout scientifique qui prétend avoir une explication quand au « sens de la vie », entendu au sens large, ne le fait pas en tant que scientifique, mais il donne un avis personnel basé sur une certaine philosophie.
Ce sont des questions philosophiques, pas scientifiques, point. Et cela, même certains scientifiques particulièrement haineux envers la religion le reconnaissent parfois, dans un élan soudain de bonne foi : le cœur du problème n'est pas scientifique, mais philosophique. Quelques citations, à propos de la théorie de l'évolution ou « transformisme », dont nous n'allons pas discuter ici par souci d'aller à l'essentiel (la théorie de l'évolution n'a jamais, en soi, remis en cause l'existence de Dieu sur le plan philosophique), mais voyez tout de même :
> « Je suis absolument convaincu qu'on est, ou n'est pas, transformiste, non pour des raisons tirées de l'histoire naturelle, mais en raison de ses opinions philosophiques » - Yves Delage
> « L'évolution n'est pas prouvée et ne peut pas l'être. Nous y croyons uniquement parce que la seule alternative possible est la création directe, et cela est inconcevable » - A.Keith
> « (l’évolutionnisme) crie avec audace : oui, les espèces actuelles sont stables, mais elles ne l'ont pas toujours été ; autrement, il faudrait recourir au Créateur pour expliquer l'apparition des êtres vivants ; or le christianisme est antiscientifique, donc le transformisme est un fait. Le fait de l'évolution s'impose, seul son mécanisme demeure incertain » - Maurice Caullery
Voilà le cœur de toute l'argumentation : « puisque Dieu n'existe pas » (postulat invérifiable et absurde, comme nous l'avons démontré auparavant), « alors il faut autre chose pour expliquer l'ordre du monde, quitte à ce que cette chose soit une hypothèse bancale et invérifiable ».
En soi, la philosophie et la théologie s'harmonisent parfaitement avec la science. C'est du moins ce que l'on défend si on est réaliste, si on réfléchit objectivement. Que les scientifiques, en revanche, refusent cette harmonie et partent du postulat que la religion est forcément quelque chose de faux, sans le prouver d'une quelconque manière, cela dépends de leurs opinions philosophiques, et pas de leurs connaissances scientifiques à proprement parler. Il y a toujours eu des scientifiques croyants, même pieux, et je suis persuadé qu'il en existe encore, même s'ils sont écrasés par l'idéologie dominante.
Quand à cet ineffable cliché du « la religion recule grâce au Progrès de la science », je n'ai qu'une chose à dire : étudiez l'Histoire, voyez ce qui est réellement responsable du déclin de la religion dans notre société, voyez comment se déroule ce processus historique. La lutte de fond est philosophique, pas scientifique. Ce sont deux visions du monde qui s'affrontent, pas « la science » vs. « l'obscurantisme ». C'est « l'esprit païen » contre « l'esprit chrétien », si l'on veut aller à l'essentiel. Lisez l'excellent livre « La conjuration antichrétienne » de Mgr Delassus, si ces questions vous intéressent, si vous êtes prêts à chercher la vérité et à ne pas vous contenter des discours officiels.
B. Objection agnostique « opinioniste » ou subjectiviste
La seule « objection » qui soit couramment revenue dans les réponses, c'est un peu le mode de pensée consensuel de ce forum ... Elle peut consister en deux positions, sensiblement différentes :
1. « Savoir si Dieu existe ou non est uniquement une question d'avis personnel »
Nier cette proposition m'a déjà attiré beaucoup d'ennemis, je crois ! Mais continuons tout de même à en discuter, par amour pour la vérité. J'espère que les personnes de bonne foi ne se laisseront pas influencer par l'avalanche de votes négatifs, mais feront l'effort de s'en tenir aux arguments et à la raison … et constaterons que mes détracteurs n'ont aucun arguments à m'opposer.
Pourquoi une telle proposition est-elle fausse et problématique ? Tout simplement parce qu'elle implique, de manière plus ou moins consciente, que la Vérité soit quelque chose qui dépende de l'avis personnel, qu'il existe plusieurs vérités, qu'il en existe même une pour chacun.
Je vous renvoie à ma première partie encore une fois. Le mot « vérité » signifie quelque chose de bien précis ; une proposition est « vraie » du moment qu'elle est adéquate avec le réel, que ce qu'elle décrit existe réellement.
Si tout n'était qu'affaire d'avis personnel, alors je ne devrais avoir aucun problème sur ce forum : tout le monde me laisserait tranquille et me dirait « oui c'est très bien, très intéressant, c'est un plaisir de discuter avec toi ». Pourtant je récolte des moqueries, des remarques méprisantes et gratuites sur mes supposées prédispositions psychologiques à l'extrémisme.
S'il était vrai que « chacun a sa vérité », alors je pourrais continuer à dire tranquillement que chacun n'a pas sa vérité, puisque c'est ma vérité à moi ! Vous voyez pourquoi ce genre de raisonnements sont absurdes ? Parce qu'ils se détruisent d'eux-même. Non, chacun n'a pas sa vérité, il existe une Vérité unique et objective, que l'on peut atteindre par les différents moyens que j'ai décrits dans la partie I, aux moyens de notre raison et de notre bon sens, de nos facultés de discernement.
Savoir si Dieu existe ou non, c'est une question philosophique de la plus haute importance. Pas une discussion secondaire sur laquelle il suffirait d'avoir « un avis », comme on a un avis sur les pronostics du match PSG–Troyes, ou un avis sur le fait que le FN aura plutôt 30 ou 40 % des voies, un avis sur le fait que la pizza calzone est quand même meilleure que la napolitaine. La question de l'existence de Dieu n'est pas une simple discussion mondaine frivole et facultative, elle touche aux questions les plus graves de toute notre existence.
Mais pourquoi tant de gens continuent à maintenir cette position dur comme fer ? Et bien parce que c'est plus facile : on peut penser, dire et faire tout et n'importe quoi, peut importe ! Puisque ce qui compte, c'est d'être en accord avec son avis personnel, et d'être content comme cela. Il n'y a pas à chercher plus loin, c'est aussi simple que cela : le relativisme est une solution de confort et de facilité. Encore une fois, expliquez moi en quoi j'ai tord, en quoi il y a des raisons sérieuses et rationnelles de considérer que « tout n'est question que d'avis personnel ». « Maintenir cette position dur comme fer » … vous ne voyez pas qu'il y a déjà un paradoxe ? C'est une position qui ferait accepter indistinctement tous les avis, théoriquement …
Mais nous savons bien, après réflexion, qu'il est impossible d'accepter tous les avis en même temps : certains sont vrais et bons, d'autres mauvais et faux, et cela n'est pas seulement moi ou les gens comme moi qui le disent : c'est valable dans tous les systèmes de valeurs et toutes les visions du monde, même chez ceux qui prétendent être les plus ouverts et les plus libéraux ; ceux-ci vont décréter que ce qui n'est pas assez « ouvert » est mauvais et répréhensible.
2. « Je ne sais pas si Dieu existe ou non. C'est une question trop complexe, je pense que nous ne pouvons nous en tenir qu'à des opinions »
Une telle proposition a le mérite d'être plus sensée et plus prudente. Elle implique peut-être même l'acceptation d'une vérité objective qui ne dépende pas de notre esprit : elle dit simplement qu'elle est difficile à atteindre, ce qui est vrai au demeurant. Je ne dis pas que tous mes arguments sont « évidents » au point ou tout le monde devrait les accepter immédiatement : il faut sans doute un certain temps pour comprendre. Encore une fois, si jamais vous avez la moindre question, si vous voulez un approfondissement sur telle ou telle partie du raisonnement, je suis bien évidemment disposé à vous répondre de bon cœur. Je suis triste que si peu de gens le demandent, et de ne récolter que des remarques superficielles qui ne discutent jamais de mes arguments.
Comme je le faisais remarquer dans un de mes commentaires, il ne faut pas confondre un avis hypothétique, provisoire et soumis à une éventuelle modification en cas d'avancement sur la question, avec une « vérité subjective ».
Quand je dis « le FN a toutes ses chances de gagner : je dis qu'ils gagneront les élections », et qu'un autre me dit « c'est trop présomptueux, je pense plutôt qu'ils perdront au second tour », on ne sait pas encore qui a raison : on le saura quand la question aura avancé, quand il y aura d'avantage de sondages, et en définitive quand le résultat final aura été posé. En attendant : avis hypothétique ; mais pas « vérité subjective ». Et c'est pareil pour tout ce qui existe.
Bon but est de montrer que nous avons de quoi penser que l'existence de Dieu, et les autres problèmes subséquents, est plus qu'une simple probabilité hypothétique pour expliquer l'ordonnancement de l'Univers, et son existence malgré le fait qu'il soit un être contingent, de montrer qu'il ne s'agit que d'une solution comme une autre à choisir parmi d'autres explications proposées … mais que c'est même l'unique explication vraiment raisonnable.
C. Objection agnostique « pure »
1. « Il est impossible de savoir si Dieu existe ou non »
C'est une position plus tranchée et plus absolue que celles d'avant. Mais c'est toujours le même problème : il s'agit d'un postulat qui se passe de preuves véritables. Quels sont les arguments pour affirmer avec certitude que, oui, il est impossible de savoir si Dieu existe ?
Souvent, l'argument avancé est le suivant : « l'homme est trop faible, la raison humaine est trop imparfaite : jamais nous ne serons capable d'atteindre totalement la vérité, surtout sur des questions aussi abstraites et aussi complexes ». Il est vrai que nous sommes plein de faiblesses, et que des passions ou des avis subjectifs obstinés viennent souvent polluer notre jugement.
Cela veut-il dire pour autant que l'esprit humain est radicalement incapable de se désengluer, de s'extraire de sa bassesse et d'arriver avec quelques efforts à remonter à des principes vrais ? Non : la vérité est à notre portée si nous utilisons coûte que coûte la raison naturelle et les principes premiers de l'intelligence humaine, si nous sommes honnêtes jusqu'au bout.
De même que nous sommes capables d'atteindre avec une certaine aisance des vérités physiques, arithmétiques et historiques, pourquoi serait-il impossible d'atteindre les vérités métaphysiques ? C'est à la portée de l'esprit humain. Nous ne pourrions pas raisonner, si nous en étions incapables.
Certains objectent la chose suivante : « mais comment prouver que ces principes premiers de la raison humaine, ce bon sens dont tu parle, soient les véritables outils qui permettent d'accéder à la vérité ? Comment être sûr ? »... Comment prouver que ces principes, comme le principe de non-contradiction et le principe de causalité, sont bien valables quand il s'agit de chercher la vérité sur le plan philosophique et théologique ? Cela ne se « prouve » pas au sens ou l'on prouverait un raisonnement : c'est évident par soi-même.
Voyez plutôt : vous vous en servez chaque jour, pour les opérations les plus courantes de votre vie, pour tout et rien, vous ne pouvez pas survivre sans cela : est-il possible qu'un outil aussi usuel et aussi primordial de votre esprit puisse être trompeur ? Vous devriez prendre confiance dans l'élan spontané de votre intelligence. Ces opérations de jugement, que nous faisons si couramment, doivent être la base de toute réflexion philosophique, autrement nous ne pouvons aboutir qu'à des conséquences absurdes, qui elles, justement, nient le bon sens et se tordent dans tous les sens, ne sont pas en adéquation avec ce qui existe réellement, avec la manière objective dont les choses fonctionnent. Nous sommes dans une époque où les gens n’apprennent plus à penser droitement …
2. « Notre esprit est incapable d'atteindre la vérité au-delà des phénomènes, au-delà de ce qui est matériel. »
Déjà évoqué auparavant, également. L'idée que nous ne puissions accéder à la vérité uniquement à travers l'évidence immédiate, c'est à dire à travers ce que nous apprennent directement nos sens ou les machines utilisées pour augmenter nos sens, se passe aussi de la moindre justification véritable. Notre esprit est tout à fait capable, par l'opération du raisonnement, de l'évidence médiate, de remonter aux êtres, c'est à dire de discuter de la nature des choses, et pas seulement de leur aspect extérieur. C'est même l'unique objet de la philosophie.
Ces attitudes agnostiques dont des attitude de démission de l'intelligence : j'espère que ceux qui sont dans cette situation pourront comprendre tôt ou tard que cette attitude, ce postulat de l'impossibilité radicale d'atteindre la vérité en matière philosophique et théologique, n'est pas justifiée par autre chose que le pessimisme ou le découragement. Je dis bien pessimisme, et non pas réalisme.
Vous savez ce qu'on dit, à propos du verre rempli à moitié ?
« Il est à moitié plein ! », dit l'optimiste.
« Il est à moitié vide ... », dit le pessimiste.
« Il est rempli à raison de tel volume cubique », dit le réaliste.
Il faut essayer le plus possible d'avoir une vision objective et dépassionnée de tous les problèmes qui se posent à notre intelligence : c'est le meilleur moyen pour arriver aux principes vrais. Il faut « décolorer » les sujets complexes et/ou polémiques, et les analyser comme des problèmes mathématiques, sans oublier pour autant que la philosophie traite du réel selon le rapport qualitatif.
Deux excès : l'un consiste à garder une vision passionnelle en toute chose, à être incapable de discernement et d'objectivité, à s'attacher par principe et comme un caprice à son petit avis personnel. L'autre consiste à tout traiter selon un rapport quantitatif, mécaniste, en étant incapable d'abstraire jusqu'à l'être, de remonter à l'essence des choses. Il ne faut raisonner d'aucune de ces deux manières, mais faire preuve d'un esprit objectif ET qualitatif, si l'on veut comprendre ce qui se trouve autour de nous. C'est à dire faire preuve d'un esprit aristotélicien.
D. Objection polythéiste
« Il peut très bien exister plusieurs dieux tels que vous les décrivez, chacun avec des attributions différentes, chacun participant d'une manière différente à la Création. »
Pourquoi pas, dans l'absolu. Mais comme nous l'expliquions dans la section 1 : quoi que l'on puisse imaginer, même s'il y avait une myriade de dieux puissants qui se seraient engendrés les uns les autres, il faut nécessairement qu'il y ait au commencement de Tout une cause première, incréée et nécessaire, raison suffisante de l'existence de l'Univers, et intelligence ordinatrice du monde.
De fait certaines religions polythéistes ou animistes, comme les religions traditionnelles africaines, admettent l'existence de Dieu, mais prétendent qu'il est en retrait de l'univers et de ne s'occupe de sa Création qu'à titre exceptionnel ou anecdotique. Nous critiquerons cette idée un peu plus tard, lorsqu'il s'agira d'expliquer quelles doivent être les relations entre Dieu et les hommes.
En revanche, il est absolument absurde de postuler, comme le font entre autres la religion gréco-romaine et le shinto, que l'univers ait pu commencer par un grand Chaos indistinct, dont serait sorti par pur hasard et sans aucune cause explicable les premiers dieux de l'univers. C'est une explication enfantine et déraisonnable : l'ordre de l'univers tel qu'il est exige une explication, puisqu'il est impossible par principe que l'ordre puisse sortir du chaos ; cela n'arrive jamais, cela n'est jamais arrivé, cela n'arrivera jamais, pour autant que les lois de la physique et de la métaphysique sont vraies. Même la physique quantique n'y change rien, elle ne remets pas en cause le principe de causalité en tant que tel.
Il faudrait aussi insister sur ce que signifie le polythéisme, au sens anthropologique et historique du terme. Les religions polythéistes n'ont jamais été des tentatives sérieuses et rigoureuses d'explication du monde : ces religion n'ont pas de doctrine. Voyez l'hindouisme : il n'existe aucune religion unifiée que l'on pourrait appeler « hindouisme », simplement une myriade de pratiques et de croyances erratiques et fantaisistes plus ou moins liées entre elles à travers certaines références culturelles. Il y a des centaines d' « hindouismes », ce n'est pas quelque chose d'unitaire en soi.
Pour cause, les diverses religions païennes n'ont pas vraiment pour objet, d'une manière générale, de répondre aux questions existentielles et de proposer aux hommes une voie de vie vertueuse : elles sont simplement une justification a posteriori d'un certain ordre social, elles se définissent avant tout par un ensemble de coutumes et de pratiques. Elles contiennent peu d'enseignements à caractère moraux et philosophiques, hormis quelques vagues principes de vie en commun, de bon sens, quelques maximes symboliques.
La frontière entre le monde des dieux et le monde des hommes est souvent mince : dans la religion gréco-romaine, les dieux sont vicieux, plein de caprices, de folie parfois … ils peuvent se reproduire avec des hommes, et des hommes peuvent même devenir des dieux après leur mort. Plutôt flatteur pour l'homme, n'est-ce pas … Aussi, ces religions déstructurées ont pour particularité de s'absorber mutuellement les unes les autres : on accepte les dieux et les cultes d'autres religions, etc, puisque ces choses là n'ont pas beaucoup d'importance au final. Tout et n'importe quoi est susceptible de devenir un dieu : un fleuve, une maison, une idée, une vertu, un empereur, une montagne, que sais-je encore …
Les religions polythéistes sont constituées de superstitions vagues et confuses ; d'ailleurs, dans la société grecque ou la société romaine, les hommes de bon sens étaient souvent assez distants face à cette religion si bordélique et si peu vraisemblable. Ils participaient aux rituels par convenance sociale, mais peu croyaient vraiment en l'existence de leurs dieux, qu'ils acceptaient plutôt comme des « symboles », des allégories. Les hommes de la haute société qui connaissaient Platon, Aristote, ou même les stoïciens dans une certaine mesure, « croyaient en Dieu » au sens ou nous l'entendons, c'est dire à l'existence d'un Créateur et d'un Ordinateur de l'univers, à qui l'on doit par principe une certaine forme de reconnaissance.
Tout ça pour dire qu'il n'existe pas vraiment d'objection polythéiste digne de ce nom, vous ne trouverez pas de « docteur » païen comme vous trouvez des docteurs chrétiens ou des docteurs musulmans. Le païen contrarié à tendance à dire à peu près la même chose que celui qui croit que tout n'est que question d'opinion : « laisse moi tranquille, c'est ma vérité, et puis c'est la tradition, merde quand même ! » Il s'agit avant tout de religions traditionnelles, coutumières, avec un aspect philosophique très secondaire, assez peu développé en général, sauf exception notoires.
E. Objection panthéiste
« Nous faisons partie d'un grand Tout, nous sommes tous une partie de la divinité primordiale. L'Univers entier est Dieu ».
Opinion très à la mode dans nos sociétés occidentales, du moins dans certains milieux sociaux, popularisées entre autres par les religions asiatiques (bouddhisme, taoïsme), ou la philosophie de Spinoza et de Leibniz, dans une certaine mesure. A la mode, car elle offre une vision plus souple et, disons le, plus amorale, de l'explication du monde et de son ordonnancement. Beaucoup se « réfugient » dans les philosophies asiatiques pour « fuir » ce monde occidental si cartésien et si autoritaire, étant à la recherche d'une « spiritualité » plus ouverte.
Le panthéisme est une opinion qui consiste substantiellement à dire que le divin, « Dieu », est tout entier dans l'univers, sans lui être ni extérieur, ni supérieur. Je suis Dieu, vous êtes Dieu, ce chien est Dieu, ce caillou est Dieu, tout est Dieu : l'univers s'est généré lui-même et nous faisons partie d'une même substance, nous sommes tous liés les uns les autres. Il n'existe ni bien ni mal, ou alors le bien et le mal se rejoignent et s'annulent, puisque tout est Dieu.
Cette opinion soutiens donc que toutes les choses limitées ne sont que des aspects, des modifications ou des parties d'un seul être éternel et indépendant de toute autre cause. C'est une opinion très problématique, avec des effets absurdes et retors. Elle ne fournit pas une explication rationnelle du monde et de son existence, elle néglige les principes de bon sens les plus essentiels, et va contre les principes élémentaires de la loi morale. Il existe plusieurs « variantes » du panthéisme, dont nous allons discuter.
1. Le panthéisme matérialiste
C'est l'enfant du matérialisme scientiste, avec la dimension philosophique poussée à son paroxysme. Cette forme de panthéisme soutiens que la matière est la cause de la vie et de la pensée, que la matière créée l'esprit, en quelques sortes. David Strauss, un théologien protestant extrêmement libéral, au point d'être hégélien et historiciste, soutenait que l'univers, ou ce que nous appelons « la nature », est le seul Dieu que l'homme moderne éclairé par la science puisse être susceptible d'adorer.
Pourquoi une telle chose est-elle absurde ? Parce qu'elle revient à postuler de l'éternité de la matière, et à consentir à la théorie de la génération spontanée … une théorie ridicule qu'aucun scientifique sérieux ne peut accepter. L'univers, donc a fortiori « la nature » ou la matière, est un être contingent ; il pourrait très bien ne pas exister, c'est facile à imaginer. Il lui faut donc une cause extérieure, qui soit un être nécessaire, c'est la seule explication possible au fait que cet univers existe alors qu'il pourrait ne pas exister.
Sous couvert de scientisme, cette opinion se permets de piétiner allégrement le principe de causalité, de proposer des explications enfantines et déraisonnables à l'ordonnancement du monde tel qu'il est. L'univers, la nature, la matière, ne trouvent pas la raison suffisante de leur existence en eux-même : ils sont susceptibles d'altération et de changement, ils ne sont pas éternels, ils ont un début et une fin.
2. Le panpsychisme
C'est une théorie très ancienne, qui remonte aux stoïciens de la Grèce antique, et qui est reprise plus tard par des philosophes influents tels que Leibniz. Une telle théorie soutiens que toutes les particules de matière ont un « principe de vie », complémentaire de leurs propriétés physiques. Leibniz soutenait que les éléments derniers n'étaient pas les atomes, mais les « monades », de sortes de petites âmes douées de perception et de désirs. Dans cette vision des choses, Dieu est la « monade suprême » ; ce qui revient à dire qu'il est « l'âme du monde ».
Le panpsychisme implique une intrication étroite et indissoluble entre la matière et l'esprit, comme s'il ne pouvait exister d'esprit séparé de la matière, et inversement, bien qu'il s'agisse de principes distincts. C'est une théorie qui, bien qu'elle rechigne à se présenter comme telle, est matérialiste et déterministe. Du moins les conséquences sont matérialistes : le stoïcien aura beau prétendre qu'il est spiritualiste, sa philosophie aboutit à ne considérer toute chose que selon son rapport visible et matériel.
Le problème est le même qu'avant : une telle théorie soutiens que l'univers est éternel et nécessaire, puisqu'il n'existe pas d'esprit sans matière, et que donc Dieu n'existe pas sans l'univers. Pourtant, je le répète encore une fois, l'univers est un être évidemment contingent : il est très facile d'imaginer qu'il puisse ne pas exister, ou exister autrement, il n'y a rien de nécessaire dans la forme qu'il a pris au fil du temps. Il lui faut une cause extérieure et nécessaire qui soit raison suffisante de son existence, autrement il n'aurait aucun sens.
Prétendre que l'Univers est nécessaire, c'est prétendre en outre que tout ce qui s'y passe arrive par nécessité, y compris les actions humaines raisonnées et délibérées. Nous n'agirions que comme des animaux, ou moins que cela, en suivant des schémas préétablis, déterminés, nécessaires, absolument irréversibles et indépendants de notre volonté ou de notre raison (une volonté et une raison qui, en fait, n'existeraient pas).
Quiconque a déjà étudié les sciences humaines sait combien la volonté humaine est fluctuante et imprévisible, et ce malgré certaines lignes de forces ou de pressions qui guident les actions des hommes. En dernière instance, l'homme est toujours, dans une large mesure, libre de ses actes et de ses choix, peu importe les régularités et les pesanteurs. C'est un choix délibéré que de se laisser porter par le mouvement général des idées et des mœurs, ou de se laisser aller à ses passions.
L'étude de l'homme est particulièrement problématique sur le plan scientifique, car l'objet de cette étude est extrêmement mouvant, précisément en ce qu'il est doué d'intelligence et de volonté propre : vous trouvez toujours, en histoire, en sociologie, des individus ou des groupes d'individus qui vont à l'encontre des comportements auxquels l'on prêtait force de loi, qui mènent des actions imprévues aux conséquences inattendues. Étudier l'histoire d'une civilisation est un sujet autrement plus complexe que d'étudier le fonctionnement d'une fourmilière ou d'une ruche.
Pourtant les panthéistes prétendent en définitive que les hommes sont semblables à des abeilles ou des fourmis, que leur marge de choix et de calcul est la même, ce qui en soi est absurde. Bien sûr, si je dis cela à un panthéiste, il me dira « non mais tu te moques de moi, ce n'est pas du tout ce que nous voulons dire » ; et pourtant … pourtant c'est bien ce que vous dites.
Vous dites que l'homme est une marionnette qui agit par nécessité, selon ce qui lui dicte un instinct immuable et irréversible, que le libre-arbitre n'est qu'une fiction et que la seule « liberté » consiste à accepter cet aspect nécessaire et incontrôlable des actes humains. C'est plus facile de se dire qu'on est incapable de poser des limites à ses vices et à ses défauts, de se dire qu'ils sont naturels et nécessaires, plutôt que de lutter activement contre ceux-ci …
3. Le neutralisme
Le neutralisme est une forme particulière de monisme, qui soutiens que la réalité suprême n'est ni esprit ni matière, mais une substance neutre dont l'esprit et la matière ne sont que des apparences ou des aspects. Il me semble, selon toute vraisemblance, que c'était la position de Spinoza : il soutiens qu'il n'existe qu'une seule substance avec deux attributs, la pensée et l'étendue, ou l'esprit et la matière, dont la totalité est Dieu.
C'est une position assez proche du panpsychisme, en ce qu'elle implique une alliance intime et inséparable entre l'esprit et la matière (pour le panpsychisme, ce sont deux principes distincts mais nécessairement intriqués ; pour le neutralisme, ce sont deux aspects d'une même réalité), et donc les problèmes philosophiques qu'ils posent sont les mêmes : il faudrait que l'univers soit un être nécessaire et incréé, qu'il se soit généré spontanément, ce qui est absurde pour quiconque a encore un peu de bon sens.
4. L'idéalisme
Cette forme de panthéisme soutiens que la réalité suprême est de la nature de l'esprit, autrement dit que le monde en lui-même est le produit de l'esprit. La philosophie idéaliste est le contraire de la philosophie réaliste, dont nous avons exposé les postulats essentiels dans la partie I : elle prétends soit que nous ne pouvons pas être sûrs de l'existence du réel (doute cartésien), soit qu'il n'existe rien de réel qui ne soit pas produit par notre esprit (idéalisme poussé à son paroxysme).
Berkeley soutiens que les objets perçus par quelqu'un ne sont que les perceptions de cette personne, et pas les objets en eux-mêmes. Oui, d'accord … mais que sont ces perceptions ? Ce sont des signes qui nous mènent au réel. Je touche une table, je ne touche pas « une sensation de table » : la sensation que je perçois est un signe qui me mène au réel, qui m'indique que la table que je touche existe réellement. Si le réel dépendait uniquement de nos perceptions et n'aurait pas d'existence extérieure à nous même, la science n'existerait pas et serait incapable de dire des vérités : c'est aussi simple que cela …
Nous avons donc, après l’extrême scientiste et matérialiste, l’extrême antiscientifique qui prétends qu'il n'existe rien d'objectif et que tout dépends de notre manière individuelle et subjective de percevoir les choses. Ces deux excès sont l'un comme l’autre des poisons pour la pensée.
Si cette opinion était vraie, cela voudrait dire que ce forum, que les personnes qui me répondent, que l'environnement avec lequel j’interagis, n'est qu'un pur produit de ma pensée et n'existe pas en dehors de moi. Je vous apprends donc, chers lecteurs, que vous êtes des créations de mon esprit ! Ou que je suis une création du votre. Enfin bref … c'est absurde.
Appliqué au problème de l'existence de Dieu, l'idéalisme révèle encore toute son absurdité : soit je suis la seule personne a exister, et toutes les autres sont des créations de mon esprit, y compris Dieu (idéalisme subjectiviste), soit Dieu est la seule personne à exister et tout ce qui existe n'est qu'une idée (idéalisme objectif). L'idéalisme subjectif dit que le monde est mon idée, l'idéalisme objectif dit que le monde n'est qu'idée, qu'il découle d'un esprit unique (qui peut être personnel ou impersonnel – cet esprit unique pourrait bien donc être un Dieu personnel).
Si la réalité n'existait pas, si elle n'était qu'une illusion basée sur nos perceptions individuelles, ou une émanation de l'esprit absolu, comment se fait-il alors que nous vivions tous en même temps dans cette même réalité, en interagissant et en nous confrontant les uns les autres ? Comment se fait-il qu'après être parti travailler à tel endroit, vous arriviez à vous rendre chez vous ensuite, alors que votre maison est sensée de pas exister tant que vous ne pouvez pas la voir ? … L'idéalisme n'a rien de raisonnable.
5. Le monisme mystique
C'est la forme la plus absolue du panthéisme. Tandis que l'idéaliste fait encore la distinction entre le monde extérieur et lui-même, le « grand moi » et les mois limités, le moniste mystique fait complètement tomber le sens de l'altérité. Le moi humain est identique à la nature dans son ensemble, la réalité suprême est une unité indescriptible de tous les êtres. Nous avons l'impression illusoire d'être distincts du reste du monde, mais nous sommes en vérités capables de renouer avec le « Grand Tout » par un effort de dépassement moral et spirituel. Quels sont les arguments avancés pour défendre une telle idée ? … il n'y en a pas. C'est un truc de gourou, d'escroc, de saltimbanque philosophique.
Je me suis posé la question, intrigué que j'étais par toutes ces religions asiatiques, qui semblaient si raffinées et si attirantes, avec de belles coutumes, de beaux décors, des belles musiques … pourquoi disent-ils que tout est Dieu et que nous sommes dans l'erreur à croire que nous sommes distincts du reste du monde, que nous pouvons nous en extraire et remonter au grand tout grâce à des pratiques méditatives ? Jamais ils ne vous donneront d'explications, il vous diront « c'est comme ça, nous le savons par intuition », ou « tu comprendras quand tu seras initié ». Vaste fumisterie que tout ceci !
Comme pour toute discipline de type ésotérique ou gnostique, le problème se trouve leurs racines pourries et corrompues : ces mécanismes sociaux (initiations, confréries, mystères, secrets) et philosophiques (révélations par étape, libération individuelle, autosuffisance spirituelle) entretiennent l'orgueil des hommes d'une manière fort perverse. De secret en secret, d'un palier d'initiation à un autre, l'individu va se sentir plus puissant, fier de savoir des choses que ceux d'en bas ne savent pas, sur lesquelles on leur ment délibérément, et va être avide d'arriver jusqu'aux niveaux supérieurs. Mais au final, c'est comme les couches successives d'un oignon qu'on épluche : à la fin, une fois la dernière couche enlevée, et bien il n'y a rien. Et entre temps, on a beaucoup pleuré !
Chercher en soi-même les moyens de sa « libération » ou de son « illumination » reviens à céder aux sollicitations les plus cruelles du démon et croire que l'on est autosuffisant sur le plan spirituel. C'est une logique purement satanique, ou luciférienne (ils l'admettent souvent eux-même : tout comme Lucifer, l'ange déchu qui a voulu croire que la lumière qu'il reflétait de son Créateur venait de lui-même, les gnostiques veulent trouver en eux-même la « lumière », la satiété, le bonheur, sans avoir recours à Dieu. Certaines sectes ou loges croient que Lucifer et Satan sont deux anges distincts, et que le premier a été injustement condamné, comme si Dieu pouvait faire quelque chose d'injuste. Ils oublient souvent la suite de l'histoire : Lucifer est damné et souffre pour l'éternité … peut-être faudrait-il en tirer quelques résolutions pratiques)
Mais outre ces aspects purement « humains », dirions nous, le problème philosophique que pose un tel monisme panthéiste reste le même que pour toutes les propositions précédentes. Il faudrait admettre, contre les principes les plus élémentaires de la raison humaine, que l'univers se soit créé tout seul, de lui-même, sans intervention extérieure et sans finalité précise, et que ce même univers soit éternel et nécessaire.
- En résumé (1): le panthéisme est contraire au principe de causalité
Prétendre que l'univers trouve en lui-même la raison de son existence, qu'il suffit qu'il existe pour avoir du sens, c'est comme prétendre que cette montre que je vois trouve la raison de son existence dans le fait d'exister. Non, cette montre trouve la raison de son existence dans les causes efficientes qui lui ont donné sa forme actuelle : il a bien fallu que quelqu'un donne forme aux différents composants, en fondant certains métaux et en les moulant, puis en ordonnant tous les différents composants en vue d'une certaine finalité. Autrement, cette montre n'aurait pas de raison d'être. Et il en va ainsi de tous les êtres contingents, donc de l'univers au final. Cette montre n'a pas pu se créer toute seule, ainsi en va-t-il a plus forte raison de l'univers.
- En résumé (2) : le panthéisme est contraire aux fondements de toute morale
Prétendre que tout est Dieu, et que tout arrive par nécessité, revient à dire :
- Que Dieu lui-même est susceptible de pêcher, d'aller contre sa propre volonté, de faire des erreurs, de vouloir son propre mal, d’œuvrer à sa destruction, puisque tout est Dieu
- Ou encore que le péché n'est qu'une mystification, car dans la mesure ou tout est nécessaire, rien n'est ni bon ni mauvais, tout n'est qu'instinct. Le bien et le mal supposent la liberté, il n'existe pas de responsabilité sans liberté. Le panthéisme dénie toute liberté à l'homme : c'est la porte ouverte à l'amoralisme le plus total, à la déculpabilisation de tous les vices, de tous les crimes et de toutes les horreurs : « j'ai tué cette personne ? Ce n'est pas de ma faute ! Nous ne sommes pas libres de ce que nous faisons ». En vertu de quoi faut-il punir cette personne, puisqu'elle a agit conformément à sa nature, selon l'ordre nécessaire des choses ?
Le panthéisme détruit par principe toute forme d'obligation morale, envers soi-même comme envers autrui. Il ne donne aucune base possible pour une distinction entre le « bien » et le « mal » : les panthéistes ont souvent une forme de morale, mais elle ne se base sur rien d'autre que les petits lambeaux de loi naturelle qui restent présents à leur conscience (c'est mal de mentir, de voler, de tuer, de négliger son prochain, de ne se croire redevable de personne, etc …).
Ils sont incapables de justifier rationnellement le fait qu'il faille agir « moralement », qu'il faille respecter des impératifs et circonscrire sa volonté propre dans certains limites, dans la mesure ou ils prétendent que tout ce qui arrive n'arrive que par instinct, que l'homme n'a aucune volonté et ne choisit rien, qu'il n'est qu'un pantin aux mains des forces sous-jacentes et nécessaires qui l'animent. _______________________________________ « L'anarchie profite toujours à quelqu'un ; souvent aux grands, jamais aux petits. » - J.Bainville
« Platon m'est cher, mais la vérité me l'est d'avantage. » - Aristote
« L'homme a voulu tuer Dieu, et il est en train d'en crever… » - M.de Corte
«2 Timothée 4 : Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables...»
«Ecclésiaste 1, 9 : Ce qui a été, c'est ce qui sera, et c'est ce qui s'est fait, et c'est ce qui se fera ; il n'y a rien de nouveau sous le soleil.»
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| | | Titiwilly Agneau de Dieu
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| (#) Sujet: Re: Partie II-3 : Réponse aux objections Jeu 19 Mai 2016, 13:57 | |
| F. Objection déiste « libérale »
Viennent en dernier lieu ceux qui sont d'accord sur le fait que Dieu existe bien, en tant que cause première de l'univers, mais qui prétendent par ailleurs que les chrétiens ou les autres fidèles d'une religion révélée prêtent à ce Dieu des intentions qu'il n'a pas, qu'ils font de l'« anthropomorphisme » avec lui, et qu'en vérité ce Dieu n'en a strictement rien à faire de ce qui passe dans le monde, qu'il laisse ses créatures interagir librement et sans finalité précise.
1- « Le Dieu dont vous parlez existe peut-être, mais je ne vois pas en quoi il devrait être doué d'une personnalité et d'une volonté propre »
Pourquoi cette cause première et cette intelligence ordinatrice de l'univers doit-elle être dotée d'une volonté et d'une personnalité propre ? C'est très simple : pour avoir créé l'univers, cet être contingent, il a bien fallu le faire sur la base d'une volonté libre, d'un choix conscient. Autrement, cela reviendrait encore une fois à dire que l'existence de l'univers « ne s'explique pas », qu'elle arrive par hasard, sans but précis, sans finalité, que Dieu ne serait qu'une « force » abstraite, indistincte et inexplicable. C'est exactement pareil que de dire que Dieu n'existe pas et que l'univers s'est généré tout seul ou par hasard.
De même que pour avoir ordonné le monde, il a bien fallu que Dieu soit lui-même intelligent. Rappelez vous de la section 1 : c'est par principe que tout ce qui est ordonné a nécessité une intelligence pour le mettre en ordre. Cette ville est ordonnée : elle a des rues, des lieux de commerce, des lieux d'habitation, il y a un certain ordre dans tout cela, car les hommes se sont efforcés d'organiser la ville.
La ville n'est pas une entité pensante indépendante des hommes qui la constituent, elle ne s'est pas organisée d'elle-même. Ainsi en va-t-il pour l'univers entier : tout a été élaboré, pensé, conçu, par une intelligence extérieure qui l'a fait sur la base d'une volonté libre. Même les choses étranges et inhabituelles se déroulent dans le cadre de l'ordre immuable et objectif des lois de l'univers.
Dieu est donc une entité libre, personnelle, douée de volonté et d'intelligence. A plus forte raison : puisque nous, créatures, sommes doués d'intelligence et de volonté, comment notre créateur pourrait ne pas l'être ? Et il ne vous échappera pas que tout ce que font les hommes, du haut des lumières de leur raison et de leurs savoirs techniques, est infiniment grossier et basique comparé à ce qui existe par ailleurs dans l'ordre de la nature.
Il va sans dire que l'intelligence qui a créé la nature, avec toute cette complexité et cette diversité, doit être infiniment plus puissante que la notre qui n'est capable que de faire des brouillons à côté de cela. A l'évidence, Dieu est plus intelligent que nous, de même que sa volonté est d'une force qui dépasse de loin la notre. Lui seul est capable de créer ex nihilo : nous ne pouvons que nous contenter de ce qui existe déjà, de jouer avec les lois de la nature telles qu'elles sont, et non pas de les modifier.
2. « D'accord, dans ce cas, j'admets que Dieu est une entité intelligente et personnelle douée de libre volonté. Mais il pourrait très bien ne pas s'occuper de ses créatures et laisser le monde vivre son existence propre, sans finalité précise. S'il s'occupait de nous, nous serions au courant, non ? »
Le pourrait-il vraiment, ce Dieu suprêmement intelligent source de toutes les perfections du monde visible et invisible, se distancier avec dédain de sa création ? Pourquoi donc le ferait-il ? … S'il nous a créé, sur la base d'une volonté libre et intelligente, ce ne peut pas être « sans raison ». Cette création, volontaire, est forcément ordonnée à une certaine finalité : lorsque nous agissons, c'est toujours en vue d'une certaine fin, on ne fait pas quelque chose « pour rien ». Ainsi en va-t-il, à plus forte raison, de Celui qui a créé l'univers : il y a forcément une justification, une finalité.
Il y a forcément une raison à ce que nous, humains, ayons été dotés d'intelligence et de volonté, que nous soyons si radicalement différents des autres animaux. Est-ce pour en faire « ce qui nous plaît » ? Est-ce pour « être heureux » sur cette terre de n'importe quelle manière qui puisse exister, que chacun choisisse sa propre voie et s'épanouisse librement de cette manière ?
Et bien, en fait, nous touchons ici aux limites de la philosophie naturelle : comme je le laissais entendre à la fin de la section 1, la philosophie naturelle ne nous permets absolument pas de sonder les desseins du Créateur. Nous savons qu'il existe, qu'il est intelligent et doué de volonté, et que de ce fait il a créé l'univers et toutes les créatures qui le peuplent en vue d'une certaine finalité. Mais plus loin que cela, c'est la panne sèche : il est quasiment impossible d'expliquer ou de comprendre quelle peut être cette finalité, en dehors de quelques conjectures incertaines. Rappelez vous d'Aristote, désemparé au moment de mourir, implorant la pitié de cet être suprême inconnu.
Et du fait de ces faiblesses de la raison humaine, il est tout à fait logique que ce Dieu nous ait manifesté par lui-même ses desseins, ses objectifs, nous ait révélé le fin mot de la destinée humaine, de la fin pour laquelle nous avons été créés. Et puis, disons le … tout le monde n'est pas Platon ou Aristote. Il est difficile d'arriver, par soi même, sans autre forme d'aide extérieure, à déduire tout ce que nous avons expliqué sur ce Dieu créateur et ordinateur et ses attributions métaphysiques.
Tout le monde n'a pas vocation à être un philosophe : Dieu ne demanderait pas une telle chose pour chacun d'entre nous. Cela serait absurde et invivable, une société composée uniquement de petits philosophes, qui délaisseraient toute activité matérielle comme le faisaient Platon ou Aristote. Alors il est plus simple et plus logique que Dieu nous manifeste son existence et ses attributs de manière plus directe, sans que nous ayons à nous tordre les méninges, pour que nous puissions savoir directement qui il est, et qu'est-ce qu'il attend de nous.
Voilà pourquoi il faut, si l'on admets l'existence de Dieu et que l'on est honnête sur le plan intellectuel, s'intéresser aux religions révélées, voir si ce qu'elles disent et proposent parait vraisemblable. Il est logique que Dieu se soit exprimé aux hommes ; hors les religions monothéistes prétendent effectivement tirer leurs enseignements de Dieu lui-même et de ses auxiliaires. Il convient donc par principe de s'y intéresser. Ce sera l'objet de la partie IV.
« S'il s'occupait de nous, nous serions au courant » : et bien il le fait en permanence … s'il nous était directement visible, si son existence était avérée par l'existence immédiate, il n'y aurait plus aucun mérite ni aucun intérêt à croire, à avoir la Foi. Cependant il y a bien eu dans le passé de nombreux signes sensibles, des miracles, qui aidaient à affermir et à conforter les certitudes de Foi. Aujourd'hui, le temps a passé, et nous ne sommes plus sensés avoir encore besoin de miracles éclatants pour accepter la vérité. De ce fait, ils se font plus rares, et moins publics. Et comme le disent bien les évangiles, il y en a beaucoup qui, même devant un miracle, refuseraient de croire et de changer leur vie …
3- « Les religions révélées sont de vastes fumisteries. Elles prêtent à Dieu des intentions humaines, elles déforment sa volonté. Il ne doit exister qu'une religion naturelle, établie par la raison »
C'est l'objection déiste « classique », celle des philosophes du XVIIIe siècles tels que les Lumières, Rousseau, puis les hommes d'action comme Robespierre … Il y a bien l'idée qu'il existe un Dieu, créateur et ordinateur de l'Univers, source de toute perfection, à qui l'homme doive rendre une certaine forme de culte. Mais il y a aussi l'idée que les religions révélées sont forcément des mensonges, des créations humaines, qui déforment la volonté et les desseins du vrai Dieu.
Si vous connaissez un peu l'Histoire, ou simplement si vous vous baladez dans les rues de Paris en lisant les panneaux d'indications historique, vous pouvez découvrir avec surprise que la plupart des lieux religieux comme les églises et les couvents y ont été brutalement dé-consacrés lors de la Révolution française, et réaffectés à des fonctions du style « temple de la raison », « temple de la piété filiale », « temple de la nature », etc … et que beaucoup de prêtres et de religieux ont été massacrés, guillotinés sans procès, pour cause de refus de se soumettre à l’État révolutionnaire et à ses directives naturalistes.
Les révolutionnaires n'ont pas voulu détruire toute religion, mais établir peu à peu une « religion naturelle », basée uniquement sur la raison. On peut en effet, grâce à notre raison, déduire non seulement l'existence de Dieu, mais déduire aussi qu'il doit bien exister entre ce Dieu et nous, qui sommes doués d'âmes libres et intelligentes, un certain nombre de relations naturelles, des relations que l'on appellera religion.
Puisque tout homme a reçu de Dieu l'existence, il lui doit une certaine forme de reconnaissance. Il est normal en toute chose que la créature obéisse à son créateur : les enfants obéissent à leurs parents, l'outil obéit à son ouvrier … Nous sommes ses créatures, nous n'existerions pas sans lui, nous ne pouvons rien faire sans qu'il ne le permette ; il est logique que nous lui obéissions. Et de même que les parents veulent le bien de leurs enfants, Dieu veut notre bien, nous pouvons lui demander certaines faveurs. Cela, tous les hommes peuvent le comprendre à peu près instinctivement.
Les gens comme Robespierre ne nient pas cela, et prétendent au contraire épurer la religion de toute forme de « superstition » pour en arriver à un culte parfaitement raisonnable. Noble entreprise que voici … mais sur quelle base, au nom de quoi se permettent-ils de rejeter avec une telle violence la Révélation chrétienne ?
Si Dieu existe, nous lui devons obéissance. S'il s'est exprimé aux hommes pour leur donner des directives, nous devons suivre ces directives. Si nous voyons deux personnes qui disent des choses contradictoires, mais qui prétendent toutes deux tenir leur position d'une révélation divine, la moindre des choses est de réfléchir et d'étudier leurs positions pour voir qui est susceptible d'avoir raison ou d'avoir tord. Rejeter par principe toute forme de Révélation, c'est nier contre toute évidence que l'homme aie pu avoir besoin d'un secours divin pour accéder aux vérités religieuses ; c'est faire preuve d'orgueil.
Une dernière chose enfin : cette idée que les religions révélées prêtent à Dieu des intentions « humaines », qu'elles l'anthropomorphisent. Nous en avons déjà parlé : c'est une grave erreur d'humaniser Dieu, qui n'est capable ni d'altération, ni d’imperfection, ni de mauvaise volonté, ni d'aucune forme de souillure ou de corruption. En quoi la Révélation chrétienne prête-t-elle a Dieu des intentions humaines ? Elle dit qu'il est intelligent et libre, oui, qu'il ne veut que notre bien, aussi, mais il dispose de tout cela à un degré suprême, infiniment supérieur au notre, puisque ces qualités que nous avons (intelligence, volonté), nous viennent directement de Lui. Qu'on m'explique en quoi il y a « anthropomorphisme » ; j'ai déjà expliqué pourquoi il était nécessaire que Dieu soit une entité personnelle douée de volonté et d'intelligence …
G. Le problème de l'existence du mal
« S'il y avait un bon Dieu, il n'y aurait pas tant de misères dans le monde »
Ce problème est souvent évoqué pour alimenter les doutes sur l'existence de ce Dieu infiniment Bon, qui n'est pas censé vouloir autre chose que notre bien. Le problème du mal et de la souffrance suscite en effet beaucoup de malentendus. Il arrive que des catholiques, plus ou moins pratiquants, perdent parfois la Foi suite à des événements graves et douloureux, par incompréhension et par sentiment d'abandon. Ce fut par exemple le cas de Charles Maurras, lorsqu'il devint sourd dans sa jeunesse. Mais normalement, on ne devrait pas la Foi dans ces situations là, dès lors que l'on est suffisamment bien formé, que l'on sait ce que signifient ce genre de choses.
Nous traiterons d'abord le problème de l'existence du mal et du péché, pour parler ensuite du problème de la souffrance, et enfin de l'enfer. Il convient de dire tout d'abord qu'il est impossible de comprendre le mystère de la souffrance sans le recours de la foi. Les explications que je donnerait ici n'ont donc pas trait à la philosophie naturelle, mais sont des éléments de réponses tirés directement des enseignements de foi catholique. Il s'agira de montrer que, non, l'existence du mal et de la souffrance ne sont nullement en contradiction avec l'infinie bonté de Dieu.
1- L'homme commets le mal en tant qu'il est libre
Certains disent qu'il est « contradictoire » que Dieu aie pu créer une créature capable de tant de bassesses, de tant d'offenses et de péchés, puisque de Dieu il n'est censé arriver que des choses bonnes. Mais les choses créées sont bonnes en elles-même ! Là n'est pas le problème : tout réside dans la liberté humaine. Il y a confusion entre le Créateur et les créatures, qui sont bien distinctes : Dieu seul est parfait, nulle créature ne saurait l'être, ni les hommes, ni quoi que ce soit d'autre qui existe dans l'univers a fortiori, qui est nécessairement proportionné au Créateur, donc inférieur à lui.
Dieu a créé l'homme libre, c'est à dire capable de faire des choix entre plusieurs options, capable de se déterminer librement dans un certain nombre de circonstances. L'homme peut choisir, sur la base des critères que retiendra sa volonté, entre diverses sortes de biens. Il peut faire des erreurs, bien entendu, en ce que sa raison est obstruée par diverses sortes de passions et d'infirmités. Il peut tout de même, grâce à sa conscience morale, avoir naturellement une certaine notion du bien et du mal.
Dieu a donc voulu que nous soyons libres. Ce qui implique que nous puissions choisir, en définitive, entre le bien et le mal, quand bien même nous serions parfaitement conscients du mal que nous choisissons. Le péché est une folie : il constitue une révolte contre notre propre fin, notre propre nature, une révolte contre notre Créateur à qui nous devons amour et obéissance, et qui ne demande qu'à nous couvrir de bienfaits en retour. Mais nous sommes libres, libres de choisir le camp de la raison, ou le camp de la folie ...
C'est ainsi que Dieu l'a voulu. Il ne peut pas nous sanctifier, nous obliger à faire le bien, contre notre gré ! Ce serait une contradiction, car ayant créé l'homme libre, il est bien logique qu'il respecte sa liberté. C'est le contraire qui serait illogique … Dieu veut que nous choisissions le bien librement, malgré les efforts que cela demande, sa volonté n'est pas de nous « imposer » autoritairement ce bien. Sans liberté, il n'y aurait pas d'amour, il n'y aurait que mécanisme. Ça n'aurait plus d'intérêt.
Seule une créature libre est capable de commettre le mal. Car une créature qui n'est pas libre se contente d'agir en conformité avec sa nature, suivant des instincts et des schémas préétablis, immuables et nécessaires. Comme je le disais à propos du panthéisme, prétendre que l'homme agit suivant une dynamique nécessaire revient à réduire à néant sa liberté, et donc à réduire à néant toute notion de bien et de mal. Pas de responsabilité morale sans liberté.
Voyez donc que l'existence du péché est un corollaire de la liberté. Dieu ne veut pas le péché, il l'abhorre et le punis tôt ou tard dans son infinie justice, mais il le permets, dans la mesure ou il respecte la liberté de ses créatures… et dans la mesure ou les maux occasionnés par les péchés peuvent amener de plus grand biens. Par exemple, le pécheur repenti sera d'autant plus humble et contrit que ses péchés passés auront été graves.
Voyez aussi que la plupart des maux de ce monde, qu'ils soient physiques ou moraux, viennent des hommes et de leurs vices déréglés. Il y a bien des catastrophes naturelles, des maladies, ce genre de choses, mais tout ce qu'il y a de plus grave et de plus terrible dans nos vies est souvent occasionné d'une manière plus ou moins directe par une volonté humaine. Dieu l'a permis ! Cela veut dire qu'il peut en sortir quelque bien. A nous d'y réfléchir et d'essayer de voir les choses comme Lui les vois ...
2- Dieu permets la souffrance dans la mesure où elle peut amener un plus grand bien
Comme je le disais déjà plus haut, Dieu permets le mal dans la mesure ou il peut occasionner un plus grand bien. Si une chose nous aurait été impossible à supporter, si elle nous aurait irrévocablement poussé à la folie ou au désespoir, Dieu ne permettrait pas qu'on aie à la supporter. Sans que nous le sachions, sans que nous le voyons, sa Providence nous préserve chaque jour de certaines souffrances et de certains maux qui nous auraient trop abîmé.
C'est un grand pilier de la sagesse chrétienne, que de savoir que tout ce qui nous arrive, y compris les pires épreuves et les pires souffrances, arrive parce que Dieu l'a permis en sachant que nous étions capable de le supporter de quelque manière. A quoi sert-il de hurler et de se débattre, de maudire son sort, de blasphémer et de prétendre que l'on aurait préféré ne pas naître ? Dieu a permis que nous vivions cela : alors réfléchissons calmement et voyons quel genre de bien il est possible d'en tirer.
Plus l'on avance dans la vie spirituelle, plus l'on perçoit l'épreuve et la souffrance comme une grâce. Il est vrai qu'au début, cela peut paraître étrange, ou même malsain, de se dire que la souffrance peut être souhaitable, serait-ce dans une certain mesure. Mais voyez les paroles du Christ : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive » (Matthieu XVI, 24). Pas de mérite sans épreuves, pas de sanctification sans croix. La patience et la résignation sont de grandes vertus, que le chrétien doit demander promptement.
Alors que penser des divers maux qui nous accablent, ou qui accablent notre prochain ? Il faut penser qu'ils n'ont rien d'insurmontable. Patience et sainteté pour soi ; charité pour le prochain : l'évangile nous commande d'aider ceux qui sont dans la peine, de les traiter avec douceur … il serait très malvenu de les exhorter sèchement à la pénitence et de leur reprocher leurs faiblesses, en faisant preuve d'une dureté peccamineuse. Si Dieu permets que nous souffrions, c'est aussi pour mieux être soigné ! Le chrétien doit refléter comme un miroir l'amour et la miséricorde divines.
Souvent, Dieu utilise les épreuves et les souffrances pour ramener à lui ceux qui vivent dans l’erreur et dans le péché. C'est en comprenant à quel point cette vie est misérable, à quel point tout y est fragile, passager, vain, vide de sens, à quel point nous même sommes faibles et impuissants, que nous en venons à considérer qu'il n'est pas possible d'être heureux, paisible et accompli, sans un secours surnaturel. Ces souffrances sont un moyen ordinaire de ramener les pécheurs à la raison.
3- Dieu ne damne personne : ce sont les hommes qui le font eux-mêmes
Vient pour finir la question épineuse de l'enfer. Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi ce Dieu infiniment bon pourrait-il vouloir mettre ses enfants chéris dans un lieu de souffrances éternelles. Mais il y a confusion ! Ce n'est pas Dieu qui damne les hommes : ils le font d'eux-même. Expliquons un peu mieux cela.
En quoi consiste l'enfer ? Tout le monde connaît l'image d’Épinal : le feu, les instruments de torture, les démons cornus, les cris et les larmes, etc … tout ceci est largement imagé, je ne sais pas dans quelle mesure cela corresponds à une réalité concrète. Beaucoup de gens sont loin de se douter d'en quoi consiste réellement l'enfer.
Il y a en enfer deux peines, inégalement graves et douloureuses : la peine des sens, celle que l'on connaît tous (le feu etc), et la plus horrible, que l'on appelle la peine du dam. En quoi consiste la peine du dam ? Elle consiste en cette cruelle constatation que toute notre vie ne devait servir qu'à aimer Dieu et à le servir, à ordonner nos actions en vue du paradis, et que nous sommes passés complètement à côté de la plaque, dans notre folie criminelle, que nous avons raté les multiples chances de nous repentir et que nous avons préféré obstinément suivre notre volonté propre… et que maintenant il est trop tard, c'est fini, plus aucune perspective de retour en arrière possible, nous sommes à tout jamais privés de la vision de Dieu.
Et c'est bien cette peine du dam qui est la plus horrible et la plus douloureuse. C'est difficile à comprendre lorsque l'on n'a pas la foi … Et c'est bien par charité, oui, par charité, qu'il existe cette peine des sens qui peut permettre aux pécheurs de se « réveiller » à temps en considérant avec horreur la perspective d'une souffrance éternelle.
On dit souvent que l'enfer est un excellent missionnaire du paradis : en effet, quelle personne raisonnable se dirait « Je veux bien mettre ma main 1 minute dans le feu, si ensuite je peux jouir de tels divertissements » … On préférera alors ne pas mettre sa main dans le feu tout court. En constatant que l'on risque de passer dans le feu toute son éternité, on se demande si tout cela en vaut vraiment la peine. La peur de l'enfer peut opérer des conversions sincères et fructueuses ; encore une fois, disons-le, c'est par charité qu'il existe cette peine des sens, qui permets aux pécheurs de se repentir à temps pour éviter cette atroce peine du dam.
Insistons avec fermeté sur le fait que ce n'est pas Dieu qui damne, mais les hommes qui se damnent eux-même. Que faut-il faire pour mériter l'enfer ? Il faut préférer suivre sa volonté propre, ne pas se soucier de Dieu et de ses commandements, refuser son projet d'amour et de bonheur éternel en préférant, en tout folie et en toute méchanceté, quelques petits instants de jouissances terrestres, en vendant son âme pour quelques pièces, littéralement.
Dieu ne peut pas amener l'homme au paradis contre son gré ! Ceux qui vont en enfer ne pourraient même pas aller au paradis, cela serait impossible : ils ne le veulent pas. Un tel paradis leur serait insupportable, il ne l'ont pas désiré, l'ont rejeté volontairement d'une manière ou d'une autre. Nous avons le choix soit de vouloir ce paradis, pour lequel nous avons été créé et qui est notre seule et unique finalité, notre unique raison d'être, soit de ne pas le vouloir, pour quelque autre motif fou et absurde que le démon nous aurait soufflé à l'oreille.
Encore une fois, Dieu respecte la liberté humaine, puisqu'il a voulu créer l'homme libre de ses choix, et ne peut pas forcer l'homme à faire le bien contre sa propre volonté, quand bien même le mal qu'il commet serait d'une folie et d'une malice infinie : il aura à répondre de ses actes tôt ou tard, car en tant que libre, il en est responsable.
Conclusion : si Dieu n'existe pas, que peut-il exister d'autre ?
Il n'y en fait que deux solutions possibles :
- Soit le Dieu dont nous parlons existe
- Soit le monde s'est créé « tout seul », par « hasard », auquel cas notre existence n'a aucun sens, nous pourrions nous suicider tout de suite, cela abrégerait nos inutiles et inexplicables souffrances
Oui car lorsque l'on remonte à l'essence des choses, lorsque l'on épure toutes les différentes opinions, on en arrive à ces deux seules propositions. Voyez plutôt :
- Les athées disent « On ne peut pas voir Dieu donc il n'existe pas ». De ce fait, si Dieu n'existe pas, l'univers n'a aucune cause et est apparu par pur hasard.
- Les agnostiques disent « On ne peut pas savoir si Dieu existe ou non ». Ils refusent de choisir entre les deux seules solutions possibles : soit Dieu existe, soit il n'existe pas et, donc, l'univers n'a aucune cause et est apparu par hasard.
- Les polythéistes qui n’admettent pas l'existence du Dieu primordial disent « les premiers dieux sont sortis du Chaos originel ». Autrement dit, les fondements du monde sont apparus par pur hasard, sans cause, sans explication, à partir de rien.
- Les panthéistes disent que l'univers entier est Dieu, que l'univers s'est causé lui-même. Autrement dit : l'univers n'a pas de cause extérieure à lui même, son existence n'est pas le fruit d'une intentionnalité, donc il est apparu « par hasard », sans cause précise.
Quelle solution vous semble la plus raisonnable ? Que l'univers, son ordre merveilleux, soit le fruit du pur hasard et soit apparu par génération spontanée ? Ou qu'il y ait, derrière cet ordre et cette grandeur, une intelligence suprême, une cause première, un Créateur et un Ordinateur du monde ? A vous de voir … un peu de bon sens, de raisonnement droit, devrait en toute rigueur vous faire pencher vers la seconde proposition.
Nous expliquerons dans la prochaine partie comment comprendre que l'homme dispose d'une âme spirituelle et immortelle, ce qui est bien important pour admettre la nécessité et l'importance du fait religieux, pour ensuite en venir à la partie IV que beaucoup attendent, si j'en crois les quelques retours en privé, qui traitera des preuves de la véracité de la doctrine catholique. _______________________________________ « L'anarchie profite toujours à quelqu'un ; souvent aux grands, jamais aux petits. » - J.Bainville
« Platon m'est cher, mais la vérité me l'est d'avantage. » - Aristote
« L'homme a voulu tuer Dieu, et il est en train d'en crever… » - M.de Corte
«2 Timothée 4 : Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables...»
«Ecclésiaste 1, 9 : Ce qui a été, c'est ce qui sera, et c'est ce qui s'est fait, et c'est ce qui se fera ; il n'y a rien de nouveau sous le soleil.»
**** http://www.senscritique.com/Titiwilly
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| (#) Sujet: Re: Partie II-3 : Réponse aux objections Jeu 19 Mai 2016, 14:08 | |
| - Citation :
Ils sont incapables de justifier rationnellement le fait qu'il faille agir « moralement »
C'est à dire ? A quelles règles morales dois-je suivre ? celle de l'église cathlolique, celle des salafistes, celle des boudhistes, celle des brahmes, celle de Moïse, ... Aimes ton prochain comme toi-meme, et si je ne m'aime pas, je fais quoi ? Tu ne tueras point, cela ce limite t'il aux humains, aux animaux, aux insectes La femme est comparable à un objet que l'on possède ? petit rappel : Premier commandement : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme. Deuxième commandement : Tu n'auras pas d'autre Dieu que moi. Troisième commandement : Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain. Quatrième commandement : Souviens-toi du jour de repos. Cinquième commandement : Honore ton père et ta mère. Sixième commandement : Tu ne tueras point. Septième commandement : Tu ne commettras pas d’adultère. Huitième commandement : Tu ne voleras pas. Neuvième commandement : Tu ne feras pas de faux témoignage. Dixième commandement : Tu ne convoiteras ni la femme, ni la maison, ni rien de ce qui appartient à ton prochain. Jésus a modifié le deuxième commandement en « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Et il a ajouté un onzième commandement : Aimez-vous les uns les autres - Citation :
l'homme n'a aucune volonté et ne choisit rien, qu'il n'est qu'un pantin aux mains des forces sous-jacentes et nécessaires qui l'animent
quelles sont ces forces sous-jacentes ? |
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| (#) Sujet: Re: Partie II-3 : Réponse aux objections Jeu 19 Mai 2016, 14:29 | |
| Captain Wikipédia
[...]Les lois naturelles sont les « lois de la nature », soient telles que des démarches scientifiques (en particulier inspirées par le principe de causalité) s'efforcent de les révéler et décrire, notamment dans leur régularité et universalité, soient telles qu'elles s'imposent à tout homme qui ne pourrait s'y soustraire dans aucune de ses actions ou décisions, particulièrement dans l'ordre du politique. Il s'agit ainsi d'un concept de la philosophie politique bien que la notion de « loi de la nature » soit utilisé dans l'épistémologie des sciences classiques, remise en cause au XXe siècle.[...}
[...]Selon Cicéron, dans un passage du De Republica choisi et rapporté par le chrétien Lactance1 : « Il est, en effet, une loi véritable, la droite raison conforme à la nature, immuable et éternelle qui appelle l’homme au devoir par ses commandements et le détourne du mal par ses défenses et dont les commandements ni les défenses ne restent jamais sans effet sur les bons, ni sans action sur les méchants. On ne peut ni l’infirmer par d’autres lois, ni déroger à quelques-uns de ses préceptes, ni l’abroger tout entière. Ni le sénat, ni le peuple ne peuvent nous soustraire à son empire ; elle n’a pas besoin d’interprète qui l’explique. Il n’y en aura pas une à Rome, une autre à Athènes, une aujourd’hui, une autre demain, mais une seule et même loi éternelle, inaltérable qui dans tous les temps régit à la fois tous les peuples. Et l’univers entier est soumis à un seul maître, à un seul roi suprême, au Dieu tout-puissant qui a conçu et médité cette loi. La méconnaître, pour un homme, c’est se fuir soi-même, renier sa nature et par là même subir les plus cruels châtiments, lors même qu’on échapperait à tout ce qu’on regarde comme des supplices. »2 Cette conception est aussi celle de Thomas d'Aquin3.
C'est avec les modernes que la loi naturelle prend une dimension politique et qu'elle acquiert différentes acceptions variant selon les écoles et les auteurs.
Dans la tradition paulienne, la loi naturelle désigne simplement la conscience morale4. L'école de Salamanque oppose la loi naturelle au droit naturel.
Hobbes distingue, dans le Léviathan, entre les lois naturelles, qui sont découvertes par la raison, et sur lesquelles se mettent d'accord les individus à l'état de nature, et le droit naturel, qui s'étend sur toutes choses et ne fait qu'un avec la puissance de chaque individu. Aussi, pour Hobbes, seule la loi naturelle est prescriptive : le droit naturel n'est lui qu'improprement un droit, puisqu'il ne prescrit rien, mais ne fait que décrire un état de fait.
Hobbes appelle loi de nature un ensemble de contraintes qui sont commandées par la raison pour assurer à l'homme sa bonne conservation. S'il énonce une liste de lois naturelles dans Le Léviathan, Hobbes résume ces lois à plusieurs reprises dans l'adage : « Ne fais pas à autrui ce que tu penses déraisonnable qu'autrui te fasse »5. Les premières de ces lois naturelles commandées par la raison sont la recherche de la paix, l'élaboration d'un contrat social par lequel chacun renonce à des droits en vue d'établir la paix, le respect de la justice, c'est-à-dire des conventions.
Les lois naturelles de Hobbes ne sont pas seulement des commandements de la raison, elles sont également des prescriptions divines. En montrant la coïncidence entre ceux-ci, Hobbes découvre le fondement rationnel de règles telles que la gratitude, le pardon, le rejet de l'insulte, de l'orgueil, de l'envie6,7. L'observation de ces règles, qui selon Michel Villey « disposent les êtres humains à la paix et l'obéissance », permet la vie en société8.[...]
[...]
L'idée de loi de la nature est une expression du principe de causalité en ce que si une même cause entraîne toujours le même effet, les choses semblent être soumises à des lois, indépendamment de leur lien avec un éventuel « ordre divin » dont elles seraient le reflet. Dans le cadre causal, sont exprimés et résumés différents liens entre des évènements sous forme de « loi ».
En fait, les mathématiques donnent des exemples montrant qu'une loi « naturelle » peut être la conséquence nécessaire d'axiomes avec lesquelles elle semblait n'avoir pas de rapport a priori : ce qui n'était qu'une conjecture peut, avec souvent beaucoup d'efforts et un choix judicieux d'axiomes, se transformer en théorème. Il n'y aurait alors pas d'autre ordre divin que celui des mathématiques, qui présente, en effet, avec l'idée habituelle de Dieu, les points communs d'être intemporel, immuable, et hors de toute contingence.
De plus, la notion de loi se brouille puisque la loi qu'étudie la science n'est pas tant prescriptive que descriptive : l'objet de la science n'est pas le « pourquoi » en soi (d'éventuelles « raisons pour lesquelles » un évènement survient, qui sont du ressort de l'étude des phénomènes d'émergence étudiés en théorie du chaos), mais le « comment » (la manière dont les évènements se déroulent). Il s'agit moins de décrypter les ressorts de la réalité que de mieux décrire des observations et d'en prévoir de véritablement nouvelles.
Quelques exemples :
Kepler ne décide pas comment les satellites « doivent » décrire leurs révolution, il constate comment, de fait, ils le font (voir Lois de Kepler). Newton montre alors comment les trois lois descriptives établies par Kepler (conjecture mathématique) peuvent se déduire de façon plus économique d'un modèle unique (la loi d'attraction en mm'/r²), qui, en plus, explique des phénomènes additionnels sans rapport a priori évident, comme les marées. Cette loi de Newton suppose néanmoins une action à distance d'une élucidation particulièrement difficile. La réponse de Newton est ferme : hypotheses non fingo (je n'avance pas d'hypothèses). Ou, comme le dira plus tard Wittgenstein : Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. Einstein (à la suite de Minkowski, Lorentz et Poincaré) procède à un réajustement : dans la construction galiléenne de la mécanique, il remplace une hypothèse que les faits ont invalidée (l'addition des vitesses) par une autre hypothèse qui, elle, est confirmée par les faits (la constance de la vitesse de la lumière dans tous les repères), et il redéfinit toute la mécanique qui en découle.[...]
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_naturelle |
| | | Myst Prophète du Ne aux
Type : INFP Age : 34 Lieu : . Emploi : . Inscription : 20/12/2009 Messages : 887
| (#) Sujet: Re: Partie II-3 : Réponse aux objections Sam 28 Mai 2016, 03:16 | |
| Je vais me pencher sur ce qui m'intéresse, tu m'excusera de ne pas tout prendre en considération. - Titiwilly a écrit:
- 5. Le monisme mystique
C'est la forme la plus absolue du panthéisme. Tandis que l'idéaliste fait encore la distinction entre le monde extérieur et lui-même, le « grand moi » et les mois limités, le moniste mystique fait complètement tomber le sens de l'altérité. Le moi humain est identique à la nature dans son ensemble, la réalité suprême est une unité indescriptible de tous les êtres. Nous avons l'impression illusoire d'être distincts du reste du monde, mais nous sommes en vérités capables de renouer avec le « Grand Tout » par un effort de dépassement moral et spirituel. Quels sont les arguments avancés pour défendre une telle idée ? … il n'y en a pas. C'est un truc de gourou, d'escroc, de saltimbanque philosophique.
Je me suis posé la question, intrigué que j'étais par toutes ces religions asiatiques, qui semblaient si raffinées et si attirantes, avec de belles coutumes, de beaux décors, des belles musiques … pourquoi disent-ils que tout est Dieu et que nous sommes dans l'erreur à croire que nous sommes distincts du reste du monde, que nous pouvons nous en extraire et remonter au grand tout grâce à des pratiques méditatives ? Jamais ils ne vous donneront d'explications, il vous diront « c'est comme ça, nous le savons par intuition », ou « tu comprendras quand tu seras initié ». Vaste fumisterie que tout ceci !
Comme pour toute discipline de type ésotérique ou gnostique, le problème se trouve leurs racines pourries et corrompues : ces mécanismes sociaux (initiations, confréries, mystères, secrets) et philosophiques (révélations par étape, libération individuelle, autosuffisance spirituelle) entretiennent l'orgueil des hommes d'une manière fort perverse. De secret en secret, d'un palier d'initiation à un autre, l'individu va se sentir plus puissant, fier de savoir des choses que ceux d'en bas ne savent pas, sur lesquelles on leur ment délibérément, et va être avide d'arriver jusqu'aux niveaux supérieurs. Mais au final, c'est comme les couches successives d'un oignon qu'on épluche : à la fin, une fois la dernière couche enlevée, et bien il n'y a rien. Et entre temps, on a beaucoup pleuré !
Chercher en soi-même les moyens de sa « libération » ou de son « illumination » reviens à céder aux sollicitations les plus cruelles du démon et croire que l'on est autosuffisant sur le plan spirituel. C'est une logique purement satanique, ou luciférienne (ils l'admettent souvent eux-même : tout comme Lucifer, l'ange déchu qui a voulu croire que la lumière qu'il reflétait de son Créateur venait de lui-même, les gnostiques veulent trouver en eux-même la « lumière », la satiété, le bonheur, sans avoir recours à Dieu. Certaines sectes ou loges croient que Lucifer et Satan sont deux anges distincts, et que le premier a été injustement condamné, comme si Dieu pouvait faire quelque chose d'injuste. Ils oublient souvent la suite de l'histoire : Lucifer est damné et souffre pour l'éternité … peut-être faudrait-il en tirer quelques résolutions pratiques)
Mais outre ces aspects purement « humains », dirions nous, le problème philosophique que pose un tel monisme panthéiste reste le même que pour toutes les propositions précédentes. Il faudrait admettre, contre les principes les plus élémentaires de la raison humaine, que l'univers se soit créé tout seul, de lui-même, sans intervention extérieure et sans finalité précise, et que ce même univers soit éternel et nécessaire. Il y a des confusions et des raccourcis. Tu mélanges la cosmogonie des spiritualités asiatiques avec la gnose et la vision panthéiste. Au delà de ça, il y a la question de l'intériorisation, la recherche personnelle et le mysticisme, de manière plus générale. En effet, les traditions gnostiques et ésotériques pêchent dans leurs "formes" structurelles/sociales, notamment leur habillage initiatique et leurs "secrets", aspects problématiques dans le sens où toute connaissance ayant pour finalité un quelconque salut ou une accession à un principe supérieur, ou en cherchant à dévoiler un "plan de Dieu", ou bien encore simplement une démarche purement intellectuelle, areligieuse et spirituelle (style la Rose-Croix, pour m'y être intéressé, et j'ai même eu accès à leur fascicules... ), alors celle-ci se "doit" d'être universelle et explicite ( et à ce niveau les chrétiens et musulmans sont largement tombés dans l'excès inverse par un messianisme total LOL) A ce propos, l'évangile apocryphe de Saint-Thomas est carrément gnostique. Après, certains diront, peut être avec raison, que son authenticité laisse à désirer, l'identité même de l'auteur est flou puisque qu'il s'agit "Didyme Jude Thomas" ("Dydyme" signifie jumeau en grec, "Thomas" jumeau également, mais en araméen...), que ce n'est pas un évangile canonique, et donc qu'il n'a pas de valeurs (pour un chrétien tout du moins). Cependant, Il y est dit clairement que Dieu est à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de soi. Cette affirmation est purement logique, je pense, si on part du postulat de Dieu est "à la racine des choses", autant dans une vision de Dieu comme cause première qu'avec un postulat panthéiste, à la fois celui qui a engendré la substance et composant la substance elle-même. Ça n'est pas une question d'être "séduit" ou "parce que sur le papier ça a l'air "sympa", mais si l'on conçoit Dieu d'une manière ou d'une autre, on peut difficilement le considérer autrement. Sans être chrétien, si on part de cette idée, on se doit d'accorder une dimension supérieure de l'être avec une réalité à la fois multiple et "unitaire" de Dieu. Dans cet optique, l'homme et Dieu coexistent au sein d'une même conscience, bien que distincts (et donc la triple manifestation Père, Fils, Saint Esprit souligne ce fait concernant le Christ...). Dans le même ordre d'idée, au sein d'une culture différente, la tradition soufie, on peut y trouver la pensée que "nous provenons de la source, nous retournons à la source" (Galāl al-Din Rümï). Il y aussi, de mémoire, l'idée d'un "dévoilement". - Titiwilly a écrit:
- Chercher en soi-même les moyens de sa « libération » ou de son « illumination » reviens à céder aux sollicitations les plus cruelles du démon et croire que l'on est autosuffisant sur le plan spirituel. C'est une logique purement satanique, ou luciférienne (ils l'admettent souvent eux-même : tout comme Lucifer, l'ange déchu qui a voulu croire que la lumière qu'il reflétait de son Créateur venait de lui-même, les gnostiques veulent trouver en eux-même la « lumière », la satiété, le bonheur, sans avoir recours à Dieu. Certaines sectes ou loges croient que Lucifer et Satan sont deux anges distincts, et que le premier a été injustement condamné, comme si Dieu pouvait faire quelque chose d'injuste. Ils oublient souvent la suite de l'histoire : Lucifer est damné et souffre pour l'éternité … peut-être faudrait-il en tirer quelques résolutions pratiques
) Sinon, plus important encore, j'ai l'impression aussi, par ce paragraphe notamment, que tu interprètes le "rechercher en soi" = "autosuffisance spirituel", ce qui est, je pense, une erreur. Je préfère élargir la réflexion sur le mysticisme et de la connexion personnelle avec Dieu - ou principe équivalent - peut importe ce qu'on y met derrière, de manière générale, puisque celle-ci est étroitement liée à l'idée d'une recherche personnelle, ce que cela signifie et induit sur le plan subjectif et existentiel, puisque le "rechercher en soi" que tu diabolise tant (en tout cas, visiblement...) y est central. Je crains, en te lisant (+ discussion), que tu évacues totalement cet aspect alors que c'est un point central dans la conduite religieuse, quelle qu'elle soit. Le mysticisme, conceptuellement et dans nos esprits, attrait aux enseignements cachés, mais c'est en réalité un aspect secondaire. L'essentiel n'est pas ici. Pour reprendre la fameuse formule de Platon, dont on oublie souvent la deuxième partie, en fait la plus importante, "Connais-toi toi-même et tu connaitrais l'univers et les Dieux". Contrairement à ce que tu sembles penser - et j'écarte les trucs New age à la mode ou de dev perso pronant le "trouver en soi", "se dépasser" ou autre truc creux pour occidentaux en manque de spiritualité, du prêt à penser sans aller au fond de l'idée, ou en l'effleurant mollement -, la recherche intérieure et l'expérience qui en découle n'est pas ce que tu sembles croire. Pour aller dans le vif du sujet : toute dimension spirituelle et/ou religieuse ne peut se soustraire à cette nécessité d'intériorisation, sans aller forcément jusqu'aux "mystiques". Ça ne veut pas dire pêcher par orgueil, cela signifie accueillir en soi une transformation -permanente -. C'est se transcender, c'est à dire se diriger au delà de soi, et donc d'une rencontre avec quelque chose de plus grand et de plus universel. Dans le Christianisme, Jésus "accueille l'esprit sain" lors de son baptême dans le Jourdain, c'est symboliquement la même chose. Le mystique, même "amateur", ou simplement celui qui cherche une connexion spirituelle, se met en condition pour "recevoir" Dieu (ou autre principe supérieur, selon la religion). Cela suppose la recherche d'une union, presque une symbiose, et non une ritualité de la vie ordinaire, hors communautaire et dans la solitude, afin de mieux retrouver les autres plus tard, dès lors investi d' une conscience personnelle plus "proche" de Dieu ( comme Sainte Thérèse d'Avila...). C'est très différent de l'autosuffisance. Ce n'est pas non plus vouloir "devenir Dieu" ou un surhomme...vaste chimère carrément dangereuse (et Nazie ). Ceci est valable autant dans une vision panthéiste que monothéiste, les deux peuvent s'exercer dans cet optique. Il ne s'agit pas de "comprendre" en se coupant du monde ou de l'extériorité, par un orgueil mal placé ou un délire narcissique ("j'ai ma petite morale et le reste du monde je m'en branle"), c'est même l'inverse. Il s'agit de s'ouvrir à une dimension plus grande de son être, et, accéder, par étapes successives et par l'expérience, à une connexion avec quelque chose de supérieur qui dépasse la subjectivité, mais qui reste profondément ancrée en elle. Une règle ou une quelconque loi morale n'a plus de sens à partir du moment où elle est incarnée par une personne et donc vécue "totalement" en son son âme, habitée par elle, éclairée par cette conscience nouvelle. Cela suppose une adéquation entre l'attitude et ladite règle, évidemment. La règle/loi morale, notamment celle que certains attribueront à Dieu/principe équivalent, ne fait que prévenir la désobéissance d'une attitude qui n'est pas intériorisée. Il y a une différence entre une "loi" et un principe supérieur vers lequel on tend. Obéir par la "contrainte", parce qu'une essence supérieure aurait potentiellement décrété une loi morale découlant d'une loi naturelle, est au fond anti-spirituel (et la carotte/le bâton avec l'enfer et le paradis l'est également...). Cela démontre seulement une certaine paresse de l'individu à ne pas se transformer afin de trouver cette harmonie avec des lois dites naturelles (et donc véritables...). Une vision plus ou moins panthéiste peut aussi épouser cette tendance, puisque si Dieu se situe à la racine de la réalité, tout en étant une composante de celle-ci, pénétrant aussi la matérialité du monde, il faut alors être disposer à considérer son être bien au delà au delà sa propre individualité, puisque celle-ci est liée à l'énergie "divine" primordiale, comme étant une composante de la substance initiale (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de distinctions ). Cela n'est pas possible sans puiser inévitablement aussi en soi-même, tout en se confrontant au réel et de se fondre en lui. Du "choc" s'en extraient des grandes vérités... . Les notions de subjectivité et d'objectivité s'intercroisent (le mot n'existe pas je crois mais je m'en m'en tape ) alors, s’amoindrissent mécaniquement, mais il n'est pas question de les "séparer". Certaines traditions vont même défendre l'idée de dépouiller/ réduire l'égo, voire le supprimer : personnellement, je ne suis pas du tout convaincu par ça, et d'autre part je trouve que cette idée d’amoindrissement de l'égo peut être carrément un levier de manipulation, mais bon... L'intériorité est quelque chose de développé par Saint augustin, c'est à l'intérieur de soi qu'il y a une rencontre avec l'absolu/une vérité plus absolue. Sans aller forcément sur le terrain du mystique, toute personne s'affichant sous la bannière d'une religion/spiritualité, en écartant cet notion d'intériorisation et de recherche intérieure, mais aussi de vérité existentielle, est clairement anti-spirituelle, ou bien l'est superficiellement. Dans le cas contraire, le danger est de tomber dans une pensée purement intellectuelle, froide et désincarnée, qui n'est pas intériorisée, désertant alors la pratique et l'attitude corrélée à ladite religion défendue. Enfin, Kierkegaard a bien développé ça (d'ailleurs INFP...et je m'y retrouve aussi, pas étonnant ). Il fustigeait l'église danoise de son temps pour cette raison. Le "professeur" est rarement le plus légitime à parler de Dieu - ou principe équivalent, selon la religion, etc. - s'il ne l'a pas intériorisé totalement et avec maturité. Le discours ne peut valoir "l'exemple" en ce qui concerne les aspects éthiques, et donc le fruit d'un travail intérieur. Fais donc attention à ne pas tomber dans cet écueil... . - Titiwilly a écrit:
- Soit le monde s'est créé « tout seul », par « hasard », auquel cas notre existence n'a aucun sens, nous pourrions nous suicider tout de suite, cela abrégerait nos inutiles et inexplicables souffrances
Cette phrase est superbe. Ça, c'est typiquement un biais psychologique que beaucoup vivent depuis des milliers d'années, expérimentant la sensation de leur liberté - du moins perçue - de la conscience face à la question du sens de l'existence, devant une nature ne nous répondant pas. ça me fait penser à la phrase de Camus, " l'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde" - et parfois le suicide - comme réponse ( Mythe de Sysyphe). Soit on se tue, alternative possible....soit on se convertit pour l'éviter, peut-être pour certains. Ne pas imaginer/trouver une finalité du monde = c'est mourir. Aïe. Question : Pourquoi rechercher nécessairement une finalité ? Qui a décrété qu'il y en avait une ? Est-ce si abominable et angoissant de penser qu'il pourrait ne pas y en avoir ? Le vide crée la souffrance seulement si l'on trouve innommable ce silence qui nous entoure. Derrière ça, c'est l'angoisse devant le fait "qu'exister" ne suffirait pas ou ne pourrait suffire. Mais, c'est oublier ou négliger que c'est déjà beaucoup, à part si on considère qu'exister consiste simplement à subvenir à ses besoins élémentaires... Clairement, ça n'est pas en plaquant une idéologique "par dessus" l'existence que l'on transcende ou sublime quoique ce soit, et encore moins en voulant s'extirper totalement des choses matérielles, ou se détourner de la chair, au sens large. La spiritualité authentique ne néglige pas le corps et la matière... Il suffit de réfléchir au sens des mots et de la différence entre au delà de et au dessus de et de voir quel est, parmi les deux, l'intention la plus mature et réaliste...(que l'on croit en Dieu ou non) Attention à ne pas vouloir projeter sur la réalité des propriétés qu'elle ne semble pas avoir... Bref, je ne sais pas si Dieu existe ou non, mais si oui, je lui remercie de ne pas m'avoir calqué l'énneatype 6 (pas tapé...) Je dis ça, mais j'ai évidemment mes propres biais de Fi/Te 9w1 qui transpire chez moi toutes les deux lignes, voire tous les trois mots... - Titiwilly a écrit:
- Se pourrait-il vraiment, ce Dieu suprêmement intelligent source de toutes les perfections du monde visible et invisible, se distancier avec dédain de sa création ? Pourquoi donc le ferait-il ? … S'il nous a créé, sur la base d'une volonté libre et intelligente, ce ne peut pas être « sans raison ». Cette création, volontaire, est forcément ordonnée à une certaine finalité : lorsque nous agissons, c'est toujours en vue d'une certaine fin, on ne fait pas quelque chose « pour rien ». Ainsi en va-t-il, à plus forte raison, de Celui qui a créé l'univers : il y a forcément une justification, une finalité.
Il y a un problème à vouloir donner vie à quelque chose, de lui permettre d'exister, d'être et d'agir, par extension de lui permettre d'exercer ce qui "l'anime", et de vouloir qu'il agisse autrement... Agir ne suppose pas nécessairement être mu par une "finalité", mais peut être simplement aller dans le sens de ce qui nous traverse, en réponse à un "besoin" impérieux, nécessaire et absolu. Si on va au bout de cette logique d'aliénation à une loi supérieure et uniformisante, l'individu se dissout dans un idéal totalitaire issu d'un ordre cosmique, et nous n'existons plus (Dieu est communiste ? LOL). Exister est déjà une signification, une fin en soi. Exister implique aussi le fait de "devenir". Ceux qui prétendent (et le font) vivre "sans se poser trop de questions" en faisant ce qui les animent, parfois je me dis que c'est eux qui ont raison, parce qu'ils sont en phase avec la réalité concrète...et d'un ordre cosmique potentiel, s'il y en a bien un... - Titiwilly a écrit:
- Elle consiste en cette cruelle constatation que toute notre vie ne devait servir qu'à aimer Dieu et à le servir, à ordonner nos actions en vue du paradis, et que nous sommes passés complètement à côté de la plaque, dans notre folie criminelle
*Soupir* Quelle tristesse... Il n'y a rien de plus immature (dans le rapport à la réalité) et anti-spirituel que ça. - Citation :
- Il est juste, en revanche, de dire que ceux qui s'intéressent à la religion « cherchent des réponses »
"Chercher" peut être biaiser d'avance, puisque cela suppose des attentes, dans le sens, où, très souvent, les "réponses" se révèlent sans même les chercher (et une réponse sans attente est souvent une meilleure réponse, car d'épouiller d'intentions et de projections personnelles... ). Pour rentrer dans un cliché, mais la comparaison est bonne, c'est un peu comme le coup de la jeune fille qui "attend" le prince charmant, se construit toute une imagerie intérieure à ce niveau, mais détachée de l'expérience physique et concrète, avant de s’amouracher un jour pour un ESTP, correspondant à un désir plus ou moins inconscient de sa part, puisqu'il incarne le mâle viril et séducteur par excellence. Puis, elle expérimente cet archétype masculin et en déduit une réalité sur les hommes et la vie en général (positive/négative ou les deux) et tout ceci involontairement... > Elle a accepté en elle ce qui l'a traversait et en a déduit des principes. Elle a trouvé autre chose que ce qu'elle cherchait...et le jour où le modeste prince plus ou moins charmant arrivera, elle sera plus en situation pour "l’accueillir" parce que ses désirs seront alors en adéquation avec la réalité concrète. (Je ne dis pas qu'il ne faut jamais chercher quoique ce soit hein...) _______________________________________ ?!
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| | | Titiwilly Agneau de Dieu
Type : INFJ Age : 28 Lieu : Paris Emploi : :-) Inscription : 10/11/2013 Messages : 883
| (#) Sujet: Re: Partie II-3 : Réponse aux objections Sam 28 Mai 2016, 13:04 | |
| - Mysti a écrit:
- Il y a des confusions et des raccourcis. Tu mélanges la cosmogonie des spiritualités asiatiques avec la gnose et la vision panthéiste. Au delà de ça, il y a la question de l'intériorisation, la recherche personnelle et le mysticisme, de manière plus générale.
Qu'il s'agisse de la gnose orientale comme du panthéisme asiatique, les mécanismes sociaux et psychologiques peuvent être largement similaires, au-delà des petites nuances doctrinales. Je pourrais discuter plus longuement des religions asiatiques dans leurs aspects sociaux et anthropologiques, puisque ce sont des questions qui m'ont intéressé, mais cela amènerait la discussion sur un terrain plus polémique que nécessaire (la réalité vécue du bouddhisme n'a rien à voir avec les fantasmes occidentaux …), et ça n'a qu'un intérêt limité dans le cadre d'une démonstration philosophique. La « recherche personnelle » des gnostiques consiste en cette perverse autonomisation spirituelle, qui fait croire à l'homme qu'il peut se passer de Dieu pour accéder aux vérités surnaturelles, au dépassement de soi et à l'illumination. C'est une des formes les plus sataniques d'orgueil que l'on puisse concevoir. Il y a un vrai et un faux mysticisme. Le vrai mysticisme consiste à chercher l'union parfaite avec Dieu, à s'abandonner complètement à sa volonté et à son amour, dans l'accomplissement ultime de toutes les facultés naturelles et surnaturelles reçues de Dieu. Le mystique a totalement renoncé à sa volonté propre, et ne vis plus que pour Dieu, et par Dieu. Cette vie unitive, ou vie mystique, est l'aboutissement du parcours spirituel chrétien, que recherchent avec plus d'ardeur ceux qui ont choisi la vie monastique contemplative, comme les carmélites. Mais le faux mysticisme, celui des gnostiques et des panthéistes, consiste à vouloir rejoindre quelque degré de vie surnaturelle par ses propres forces, sans autre forme de secours, donc sans Dieu. C'est ce problème de l'autosuffisance spirituelle dont je parlais plus haut : le démon adore susciter ce genre de lubies dans le cœur des hommes, pour les éloigner à tout jamais de leur Créateur et Maître (qu'ils auraient pourtant tout intérêt à servir), et les faire croupir dans la vanité et la présomption. - Citation :
- A ce propos, l'évangile apocryphe de Saint-Thomas est carrément gnostique
Oui, tout comme moult autres écrits apocryphes, dont on a tout lieu de penser qu'ils émanent directement de ces sectes gnostiques, qui hélas ont pullulé dès les premières siècles de l'ère du Christ, mais combattues avec vigueur et efficacité par les Pères de l’Église (voir par les Apôtres eux-même de leur vivant, je pense à saint Jean l'évangéliste, mort vers l'an 100). Je me suis intéressé à la « question » des apocryphes, j'en ai lu plusieurs. Ils sont inégalement pervers et dangereux, certains contiennent même des informations vraies, mais n'ont pas été canonisées par prudence en raison d'une présence d'éléments douteux. - Citation :
- Dieu est à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de soi.
C'est possible mais en aucun cas notre substance pourrait se confondre de soi-même avec la substance divine. Dieu habite en nous si nous sommes en état de grâce, unis à Lui par l'amour de Charité. L'état de grâce se définis même, sur le plan purement théologique, comme l'habitation de la Sainte Trinité dans une âme, avec les vertus infuses qui suivent par voie de conséquence. Mais c'est tout autre chose que de prétendre que nous sommes identiques à Dieu par notre nature. L'état de grâce se perd par le péché mortel, et si l'on se retrouve à mourir sans cet état de grâce (figuré par la robe nuptiale dans la parabole du banquet, qui représente le royaume des Cieux), nous ne sommes dignes que de l'enfer. Malheur à celui qui se présente au banquet sans l'habit adéquat … L'union avec la substance divine demande un effort volontaire et soutenu, ce n'est pas un dû ni une chose facile en soi. - Citation :
- Cette affirmation est purement logique, je pense, si on part du postulat de Dieu est "à la racine des choses"
Si tu n'es plus capable de faire la distinction entre la créature et le Créateur … ce n'est pourtant que du bon sens. Si Dieu est à la racine des choses, cela veut dire qu'il en est le Créateur, le principe, cela ne veut pas dire que toute créature est de la substance divine. Toutes les créatures comportent l'empreinte divine, un peu comme la signature d'un artiste, mais elles ne sont en aucun cas identiques à Lui, pas plus que le tableau n'est de la même substance que le peintre qui l'a fait … non, il n'est pas « purement logique » de dire que le tableau est de la même substance que le peintre. Et ne va pas me dire « non mais ça c'est pas pareil » : ces panthéistes ont toujours l'effronterie de croire que dès que l'on parle de Dieu, les règles ordinaires de la raison et de la métaphysiques cessent soudainement de s'appliquer. - Citation :
- Je préfère élargir la réflexion sur le mysticisme et de la connexion personnelle avec Dieu - ou principe équivalent - peut importe ce qu'on y met derrière, de manière générale, puisque celle-ci est étroitement liée à l'idée d'une recherche personnelle, ce que cela signifie et induit sur le plan subjectif et existentiel, puisque le "rechercher en soi" que tu diabolise tant (en tout cas, visiblement...) y est central.
Le vrai mystique ne cherche pas en soi, il cherche en Dieu. Il doit se connaître lui-même certes, mais c'est surtout pour connaître ses vices, ses mauvais penchants, afin de mieux les combattre et d'épurer sa volonté pour la rendre conforme à celle de Dieu. La seule « recherche personnelle » concevable dans une perspective vraiment chrétienne est celle de l'examen de conscience, du discernement dans les choix, de la lutte acharnée contre sa volonté propre et ses réticences naturelles, de l'épuration des défauts de sa subjectivité. C'est cela, que de se « connaître-soi même » : de cette connaissance doit plutôt ressortir la honte et la contrition, menant à l'humilité et au désir de conversion, plutôt qu'autre chose. Le commencement de toute vie spirituelle véritable, le début de la « mort à soi-même » que recherche le mystique (tout chrétien devant être amené à devenir mystique), n'est possible qu'avec ce principe énoncé par les grands maîtres de la vie spirituelle tels que saint François de Salles : « défiance de soi-même, confiance en Dieu ». Le pire ennemi de la vie spirituelle, c'est la volonté propre, qui nous fait mieux aimer notre propre subjectivité, nos propres caprices, plutôt que la volonté de notre Père qui est dans les Cieux. Ce n'est qu'histoire de caprice, en effet … car il est infiniment plus raisonnable d'être soumis à Dieu que de se soucier de ses petites affections personnelles. L'orgueil est à la racine de tous les péchés, n'oublions pas la chute des mauvais anges et la désobéissance de nos ancêtres. - Citation :
- Dans le Christianisme, Jésus "accueille l'esprit sain" lors de son baptême dans le Jourdain, c'est symboliquement la même chose (etc, etc)
Du moment qu'il ne s'agit que d'accueillir en soi la grâce de Dieu, tout va bien … mais s'il s'agit de se « transformer » d'une quelque autre manière, je ne vois pas ce qui peut en ressortir de bon. Comme je le disais, la connaissance de soi n'est utile qu'à la contrition et à la mortification, qui doivent préparer le terrain pour recevoir les grâces divines, comme un champ qu'il faudrait désherber avant de pouvoir y semer. Et inutile de dire que ces semailles nécessiteront un entretien soutenu et attentif pour pouvoir porter de bon fruits. Les grands mystiques comme sainte Thérèse d'Avilla, réformatrice de l'ordre du Carmel que j'évoquais plus tôt, sont les champions incontestés de la « mort à soi-même ». Et au passage, tu fais une distinction artificielle entre la « ritualité de la vie ordinaire » et la recherche solitaire de l'union avec Dieu : les deux sont parfaitement complémentaires, l'un appelant l'autre. Il suffit de voir comment vivent les carmélites pour s'en convaincre : leur règle est extrêmement stricte, elle incite avant tout à l'obéissance, qui est comme le contre-poison de l'orgueil et la condition sine qua non de l'humilité. Dans beaucoup de règles monastiques, la formation des postulants consiste en une mortification, parfois assez brutale, de toute forme d'orgueil ou d'angélisme qui pourraient animer les jeûnes âmes remplies d'un zèle naïf. L'obéissance et la « ritualité » sont les éléments préparatoires d'une vie spirituelle saine. Beaucoup sont les jeunes gens, notamment les femmes, qui ont une vision totalement idéalisée de la vie mystique, une vision pleine de sucre et de miel qui oublie totalement l'aspect sacrificiel et douloureux de la chose. La vie chrétienne est une vie de lutte, la sanctification appelant nécessairement la Croix, l'humilité appelant nécessairement la douleur. Aussi, plus une âme est proche de Dieu, plus le démon s'acharne : sainte Thérèse d'Avilla a vécu des tourments terribles de ce côté là, au même titre que le saint curé d'Ars et d'autres grands saints de la même trempe … ce n'est pas pour rien que la Confirmation nous rend « soldats du Christ » : il faut se battre, jusqu'à ce que mort s'en suive. La sainteté s'acquiert de haute lutte. - Citation :
- Obéir par la "contrainte", parce qu'une essence supérieure aurait potentiellement décrété une loi morale découlant d'une loi naturelle, est au fond anti-spirituel
Comme je le laissais entendre, ce n'est pas l'avis de sainte Thérèse et des carmélites Celui qui n'est pas obéissant, qui refuse de se plier à un ordre qui lui est extérieur, ne saura jamais être conforme à la volonté de Dieu. Comme il est dit dans les évangiles : comment celui qui n'aime pas son frère peut prétendre aimer Dieu ? Comment pourrait-il aimer quelque chose qu'il ne voit pas, quand il n'aime pas ceux qu'il voit ? Même chose pour l'obéissance : comment voulez-vous obéir à quelque chose d'invisible, quand vous n'êtes même pas capables d'obéir à vos supérieurs visibles, ou à des lois morales objectives ? L'obéissance est le contre-poison de l'orgueil, le commencement de toute vie spirituelle véritable. Et l'obéissance à la loi naturelle, c'est à dire aux commandements de Dieu, est tout simplement impérative : « si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ». Les grandes âmes contemplatives sont d'abord, et avant tout, des âmes humbles, et toujours soumises à la hiérarchie de l’Église, au moins en principe (ils peuvent critiquer de mauvais clercs, mais jamais remettre en cause la hiérarchie ecclésiastique en soi), ces traits ressortent toujours de la vie des grands saints. Malheur à celui qui croit pouvoir se passer de règlements, de passer de toute autorité, pour vivre une vie remplie de Dieu … celui-là croupira dans la fange aux côtés des gnostiques et autres faux mystiques, dans son orgueil dérisoire. Et ce n'est que bon sens que de constater que pour que les hommes obéissent, il faut un système de sanctions et de récompenses. Il est plus parfait d'aimer Dieu pour lui-même, mais l'homme étant faible et inconstant, il lui faut commencer par se soumettre à une discipline stricte, pour pouvoir se concentrer sur la véritable vie spirituelle. La vertu s'acquiert par de bonnes habitudes, de même que le vice s'acquiert par l'habitude répétée d'actes mauvais. La formation spirituelle commence par cette purification des habitudes de vies, comme cela se passe dans les monastères, encore une fois. - Citation :
- L'intériorité est quelque chose de développé par Saint augustin, c'est à l'intérieur de soi qu'il y a une rencontre avec l'absolu/une vérité plus absolue.
C'est bien vrai … saint Augustin a de très belles lignes sur la mortification et la contrition. C'est en mourant à soi-même, en se jetant aux pieds de Dieu comme un esclave aux pieds de son maître qui, par amour pour lui, craint de l'avoir contrarié par sa mauvaise conduite et implore de toutes ses forces son pardon et sa miséricorde. C'est à l'intérieur de soi que l'on découvre à quel point tout est triste et morne quand Dieu n'y habite pas, à quel point il est vain et ruineux de se complaire dans sa volonté propre. Saint Augustin, ce grand contemplatif, s'est d'abord distingué par sa qualité d'évêque de l'église catholique romaine, pourfendeur infatigable de l'hérésie, défenseur de la hiérarchie et de l'autorité, que ce soit dans l'organisation de l’Église comme dans l'organisation de la société, et écrivain dogmatique par excellence. Veux-tu prétendre que saint Augustin soit un esprit faible et enfantin, d'une vie spirituelle immature, parce qu'il défendait l'autorité et les lois ? C'est prétendre une telle chose qui serait immature Ces âmes de feu, ces saint Augustin, saint François d'Assise, saint Bernard, saint Ignace de Loyola, allient toujours la fermeté des règles et des dogmes à la vie mystique la plus profonde, et maintiennent toujours qu'il s'agit de choses complémentaires, que l'une ne va pas sans l'autre. Pour qui te prends-tu pour prétendre que ces grands saints sont « anti-spirituel » Ils sont trop « 6 », c'est ça ? Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre de nos jours … Kierkegaard était un dépressif instable, incapable de précision de de clarté, ou d'affirmations en matière philosophique et doctrinale, toujours au bord de la folie destructrice et du désespoir, en lutte contre ses propres chimères intérieures. Tu fais ce qui te plais, mais personnellement je ne choisirais pas ce type de personnes comme directeur spirituel … - Citation :
- Question : Pourquoi rechercher nécessairement une finalité ? Qui a décrété qu'il y en avait une ?
Parce que vivre sans finalité, c'est vivre comme un animal hébété. Tu dis t'intéresser à la vie mystique ? Les mystiques sont pourtant des gens qui tendent tous leurs efforts, qui mortifient tous les élans de leur personnalité pour les renvoyer vers une seule et unique fin. Si tu te contente simplement de vivre au jour le jour sans te poser de questions sur ta destinée, ou sur la raison de existence, grand bien te fasse ; certains aspirent cependant à mieux que cette vie bestiale. Et il se trouve que Dieu existe, et qu'il nous a bien créé en vue d'une certaine fin. Si tu estime « ne pas avoir besoin » de cette fin, et bien c'est navrant, d'autant que nous serons tous mis devant la responsabilité de nos actes tôt ou tard. Que nous le voulions ou non, Dieu existe et veut que nous gardions ses commandements, pour accéder au paradis auquel il nous destine. L'insensé dit en son cœur « Dieu n'existe pas, et je n'ai pas besoin de me préoccuper des fins dernières » ; l'homme de raison essaye au moins de comprendre de quoi il en ressors. Il faut être fou et aveuglé par l'orgueil pour prétendre que Dieu est facultatif … - Citation :
- *Soupir*
Quelle tristesse... Il n'y a rien de plus immature (dans le rapport à la réalité) et anti-spirituel que ça. Le soupir de l'insensé qui refuse l'idée de l'enfer parce qu'elle répugne à sa sensibilité… Et qui prétends que tous les grands saints et leurs prêches alarmantes sur l'enfer ne sont que des enfants dans la vie spirituelle, ou mieux encore sont simplement des « 6 » abrutis … Mais je suppose que ta grande maturité spirituelle te permets d'en juger mieux que moi - Citation :
- Chercher" peut être biaiser d'avance, puisque cela suppose des attentes, dans le sens, où, très souvent, les "réponses" se révèlent sans même les chercher (et une réponse sans attente est souvent une meilleure réponse, car d'épouiller d'intentions et de projections personnelles...). Pour rentrer dans un cliché, mais la comparaison est bonne, c'est un peu comme le coup de la jeune fille qui "attend" le prince charmant
Cette comparaison entre la recherche de Dieu et la recherche d'un prince charmant … franchement, c'est digne du plus crétin des matérialistes, qui est incapable d'appréhender le phénomène religieux au-delà de mécanismes basiques d'angoisse et d'anxiété, c'est exactement ce que je dénonce sur le passage contre le scientisme. Quand je parle de trouver des réponses, il s'agit de chercher la vérité, de comprendre ce qui existe réellement, et quel est le sens véritable des choses, au-delà des erreurs et des interprétations personnelles contingentes. J'ai cru comprendre que la vérité n'intéressait pas grand monde … mais j'ose espérer que chacun y reviendra par la force des choses, tôt ou tard. On ne peut pas vivre une vie entière sans se demander un instant « mais pourquoi j'existe ? » ; à un moment, les questions se posent, et exigent des réponses, à moins que l'on préfère par pure lâcheté et par mollesse, se contenter de mener une existence désinvolte et vide de sens. _______________________________________ « L'anarchie profite toujours à quelqu'un ; souvent aux grands, jamais aux petits. » - J.Bainville
« Platon m'est cher, mais la vérité me l'est d'avantage. » - Aristote
« L'homme a voulu tuer Dieu, et il est en train d'en crever… » - M.de Corte
«2 Timothée 4 : Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables...»
«Ecclésiaste 1, 9 : Ce qui a été, c'est ce qui sera, et c'est ce qui s'est fait, et c'est ce qui se fera ; il n'y a rien de nouveau sous le soleil.»
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| | | Myst Prophète du Ne aux
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| (#) Sujet: Re: Partie II-3 : Réponse aux objections Sam 28 Mai 2016, 16:13 | |
| - Titiwilly a écrit:
- C'est possible mais en aucun cas notre substance pourrait se confondre de soi-même avec la substance divine. Dieu habite en nous si nous sommes en état de grâce, unis à Lui par l'amour de Charité. L'état de grâce se définis même, sur le plan purement théologique, comme l'habitation de la Sainte Trinité dans une âme, avec les vertus infuses qui suivent par voie de conséquence. Mais c'est tout autre chose que de prétendre que nous sommes identiques à Dieu par notre nature.
Je n'ai jamais dit que deux éléments provenant de la même substance étaient identiques. Deux jumeaux ne sont pas semblables, bien qu'ils proviennent de la même cellule-oeuf. Ils ne sont pas l'oeuf non plus. J'ai bien précisé que vouloir "devenir" Dieu était débile (et notamment, pour cette raison...). J'ai dit : " à la fois celui qui a engendré la substance et composant la substance elle-même." ce qui veut dire que Dieu peut se considérer en toute chose, ce qui NE VEUT PAS dire que tout est Dieu, sinon c'est une simplification ou un raccourci. On peut penser en terme de système constellé où chaque élément distinct est une émanation d'une essence primordiale, formant une unité, ou d'un arbre avec des branches représentant des dimensions du réel/ de l'univers , comme l'arbre des Sephiroth de la Kabbale - Titiwilly a écrit:
- Toutes les créatures comportent l'empreinte divine, un peu comme la signature d'un artiste, mais elles ne sont en aucun cas identiques à Lui, pas plus que le tableau n'est de la même substance que le peintre qui l'a fait …
C'est ce que je dis...mais visiblement tu imagines ce que je pense avant même de lire correctement. - Titiwilly a écrit:
- Tu fais ce qui te plais, mais personnellement je ne choisirais pas ce type de personnes comme directeur spirituel …
??? Qui a dit que c'était mon directeur spirituel ? - Titiwilly a écrit:
- Le soupir de l'insensé qui refuse l'idée de l'enfer parce qu'elle répugne à sa sensibilité… Et qui prétends que tous les grands saints et leurs prêches alarmantes sur l'enfer ne sont que des enfants dans la vie spirituelle, ou mieux encore sont simplement des « 6 » abrutis … Mais je suppose que ta grande maturité spirituelle te permets d'en juger mieux que moi Smile
Le paradis/l'enfer sont spirituels et symboliques, non matériels. Penser très sérieusement une autre vie après la mort est une vue de l'esprit, que tu le veuilles ou non, qu'il n'est pas possible de prouver ou d'infirmer. Considérer la vie simplement comme une "étape" est sacrément dangereux. Le risque est de ne pas la considérer pleinement pour ce qu'elle est. C'est le meilleur moyen pour ne pas s'investir dans sa vie, finir malheureux, frustré...(oui, parce qu'il y a toujours des choses qui nous travaillent) tout en fantasmant à l'intérieur ce que les autres font et obtiennent, avec le risque de tomber dans ce qu'on voulait éviter au départ. De plus, je le répète, et tu peux me dire ce que tu veux, mais vivre une spiritualité surtout par l'aliénation, la peur, la carotte et le bâton, est stupide, creux, vide. Ce n'est pas une "récompense" qui fait que l'on s'améliore vraiment dans la vie ou que l'on accède à un état supérieur. - Titiwilly a écrit:
- Il suffit de voir comment vivent les carmélites pour s'en convaincre : leur règle est extrêmement stricte, elle incite avant tout à l'obéissance, qui est comme le contre-poison de l'orgueil et la condition sine qua non de l'humilité. Dans beaucoup de règles monastiques, la formation des postulants consiste en une mortification, parfois assez brutale, de toute forme d'orgueil ou d'angélisme qui pourraient animer les jeûnes âmes remplies d'un zèle naïf. L'obéissance et la « ritualité » sont les éléments préparatoires d'une vie spirituelle saine.
J'insistais sur le fait d'être en harmonie avec la règle, non de nécessairement la supprimer. L'obéissance ne devient plus vraiment contraignante, mais une intention naturelle, donc la règle en tant qu'outil normatif "perd" son sens, puisque l'action spontanée entre en parfaite adéquation avec elle. Elle continue de perdurer sans réellement exister telle qu'elle était au départ. - Titiwilly a écrit:
- Cette comparaison entre la recherche de Dieu et la recherche d'un prince charmant … franchement, c'est digne du plus crétin des matérialistes, qui est incapable d'appréhender le phénomène religieux au-delà de mécanismes basiques d'angoisse et d'anxiété, c'est exactement ce que je dénonce sur le passage contre le scientisme.
Je ne te parle pas spécifiquement de "rechercher Dieu", mais rechercher des réponses (métaphysiques et existentielles), ce qui était ton propos initial. Entre les lignes, je dis simplement que se mettre en condition pour recevoir une vérité quelquonque, notamment par l'expérience et la confrontation avec la réalité, est parfois plus pertinent que de chercher à tout prix une réponse consciente parfois purement intellectuelle/idéelle (et d'être séduit ensuite par un modèle explicatif...). Tu modifies complètement ce que je dis, ce qui est très malhonnête, je n'évoque même pas "Dieu". Je souligne simplement un risque potentiel...et tu le prend directement pour toi, alors que la remarque est large, s'applique à tout le monde, notamment à moi-même. Tu fais preuve d'une arrogance qui ne pousse personne à communiquer davantage avec quelqu'un d'aussi sectaire et fermé. Si tu ne souhaites pas entendre des choses qui ne te plaisent pas, autant parler tout seul. A un moment, il faut arrêter de vouloir prouver des trucs aux autres et vouloir se placer au dessus de la mêlée, en pensant tout comprendre de la vie...(Surtout si cette compréhension est purement mentale...). La vanité, quoi. Pour ma part, je vais arrêter, mais de toute manière j'ai plus posté au départ pour ceux qui lisent que pour toi en particulier. _______________________________________ ?!
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