Si vous avez acheté un iPad et que votre grand-mère se meurt d’un cancer des poumons, nous tenons le responsable : Edward Bernays. Ce démoniaque neveu de Sigmund Freud a façonné la forme primitive du marketing moderne : les relations publiques. Soit l’une des armes de destruction massive de vos neurones les plus efficaces du XXe siècle, et ce qui est sur le point de tuer le XXIe.
Edward Bernays naît à Vienne en 1891. Son père est le frère de la femme de Freud, et sa mère, la sœur de l’inventeur de la psychanalyse. La famille Bernays s’installe à New York l’année suivante. Après des études décevantes en agriculture, Edward s’oriente vers le journalisme et la promotion de spectacles, notamment celle de la pièce Damaged Goods d’Eugène Brieux dont le contenu scandaleux (un mari plombe sa femme et ses gosses en ayant caché qu’il avait chopé la syphilis) est transformé par ses soins en précis de « bon sens pharmaceutique ». Afin de promouvoir la pièce, il crée une fondation réunissant des intellectuels autour d’une cause commune : alerter l’opinion sur les ravages des MST. Ça marche : les gens se ruent sur la pièce et tout le monde oublie l’affaire licencieuse dont il était question quelques jours plus tôt. Bernays met ici en place la stratégie qui fera sa fortune : transformer la nature d’un produit en le voilant d’un message qui le rend irrésistible pour le consommateur.
Il s’attaque ensuite aux ballets russes. Lancer les danseurs de Diaghilev sur le territoire américain en 1915 semble aussi facile que de vendre des pièges à des renards dans les Landes. Tout l’art de Bernays va être de susciter du désir, de manipuler l’inconscient collectif en s’appuyant sur les théories de son oncle, Sigmund Freud, et sur celles du prophète de la manipulation, Gustave Le Bon, dont l’ouvrage Psychologie des foules paru en 1895 est un manuel à l’usage des apprentis despotes. Lénine, Hitler et Mussolini l’ont lu attentivement : « Ce ne sont donc pas les faits eux-mêmes qui frappent l’imagination populaire, mais bien la façon dont ils se présentent. Ces faits doivent par condensation, produire une image saisissante qui remplisse et obsède l’esprit. Connaître l’art d’impressionner l’imagination des foules, c’est connaître l’art de les gouverner. » Par l’intermédiaire de la presse féminine, Bernays va vanter le style « Ballet Russe » et rendre ses danseurs sexy. Il crée en fait à travers les médias les conditions d’une mode. Les ballets russes deviendront un phénomène, même si trois jours plus tôt, tout le monde s’en foutait.
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C'est trop délire ce site, un peu comme desencyclopédie! :P