- Citoyen Bouboulov a écrit:
- Lauterwasser a écrit:
- bienvenue citoyen.
je suis musicothérapeute et j'ai aussi suivi (mais pas jusque au bout, faute de moyens) une formation d'artherapie.
quels sont tes questionnements à ce sujet ?
Hé bien ça mériterait certainement un sujet dédié - peut-être y en a-t-il déjà un d'ailleurs; je me disais simplement au fil de la conversation que ça devait être une profession intéressante, et qu'on devait obtenir de très bon résultats avec les patients. Je trouve que l'expression de soi à travers l'art est une manière de se réaliser, de se comprendre, voire de comprendre les autres, d'évacuer, et ça change d'une médecine générale que j'estime assez déshumanisée et trop matérialiste.
exactement
- Citation :
- Voilà un peu mon a priori sur la question, maintenant je ne sais pas ce qu'il en est concrètement : quelle aide apportes-tu, comment cela se passe ? Est-ce qu'il s'agit pour toi d'une thérapie complémentaire ou arrives-tu à soigner totalement un déséquilibre ? Qu'est-ce qui t'a mené vers la musicothérapie ?
ouh vaste sujet...
la musicothérapie est généralement une thérapie complémentaire, en plus du suivi médical ou psychologique.
la musicothérapie est une discipline qui consiste à :
-amener le patient à un mieux-être en utilisant le matériel sonore
-amener le patient à évoluer au fil des séances grâce à l'outil sonore.
grosso modo, le public visé concerne les difficultés d'ordre mental/comportemental/social.
ceci dit on peut aussi soigner des choses liées à la mécanique.
il existe la
musicothérapie active et la
musicothérapie réceptive.
- la musicothérapie réceptive consiste à inviter le patient à se détendre en écoutant de la musique (dans ce cas de figure, la qualité musicale est très importante).
c'est de moins en moins utilisé pour deux raisons, de l'ordre le la subjectivité :
- le patient connais généralement mieux que le thérapeute les musiques qui lui plaisent.
- l'immense majorité des musiques n'ont pas été composées expressément pour soigner les gens (mais plutôt pour soigner le compositeur), ce qui fait qu'on peut difficilement "prescrire" des écoutes musicales.
ceci dit un travail de recherche en collaboration patient/thérapeute peut-être aménagé pour créer des "bandes sons" pertinentes, sur-mesures, adaptées au patient.
cela à fait ses preuve dans le domaine de la relaxation et la lutte contre la douleur, grâce au procédé du détournement de l'attention.
- La musicothérapie active consiste à inviter le patient à interagir avec le thérapeute par le biais des instruments de musiques. (dans ce cas de figure, la qualité musicale n'a aucune importance, cela peut-être un véritable tapage).
pour vous faire une idée d'exemples cliniques, la musicothérapie active est très utile pour les personnes à profil psychotique (au sens large) et surtout les autistes, afin de les ouvrir à leur environnement.
un enfant autiste ne cherche par à interagir avec les personnes ni à utiliser les objets correctement puisqu'ils n'observent pas les séquences gestuelles de leur pairs et ne cherchent pas à les copier.
en revanche ils sont fascinés par les sphères, les boucles, les rotations, les vibrations et les sons.
une boucle rythmique ou mélodique peut être utilisé pour capter leur attention.
Mettez à leur disposition un instrument qui leur plait, leur donnant le moyen d'être eux-même à la source de la production sonore, jouez avec lui d'un instrument qui capte aussi son attention, et au fil des séances, avec un peu de chance vous allez enfin exister à leurs yeux, et vont essayer de répondre au jeu que vous leur proposez. l’interaction est quand même plus constructive socialement que de regarder la machine à laver tourner.
le piano aussi fonctionne bien avec les autistes https://youtu.be/1BNWMQWXoKI?t=3m26s et particulièrement avec les autistes asperger, ils existe même une méthode pour eux : http://www.handiplanet-echanges.info/Members/francoise--do_574/la-ma-c-thode-dolce-ou-lapprentissage-en-douceur-fr
Nb : Les autistes doivent être pris de préférence (surtout au début) en séances individuelles.
Les percussions en séance de groupe fonctionnent plutôt bien avec des personnes qui ont besoin d'être stimulées corporellement, qui ont perdu le lien avec leur corps : les dépressions par exemple mais aussi les dissociations psychotiques.
la notion de groupe est constructif sur le plan social (je ne détaille pas, c'est évident).
Nb : pas de jugement de valeur négatif par rapport à la production musicale des patient, il faut absolument alimenter l'estime de soi.
j'ai déja travaillé avec des trisomiques en groupe :
autant au niveau de l’interaction mutuelle il se passe des choses magiques, mais sur le plan strictement musical et bien c'est atroce.
il vont jouer faux avec un aplomb qui dépasse l'entendement.
il faut absolument mettre au placard toute notion de bonne ou mauvaise musique liée à votre sensibilité.
ce qui compte est d'ordre relationnel et créatif.
petit retour sur la musicothérapie réceptive avec un nouveau cas de figure : Parkinson.
Les parkinsoniens, du fait de leur destruction progressive des neurones dopaminergiques, perdent l'usage de "la motricité fine".
la musique leur permet (surtout avec des musiques à pulsation réguliere et clairement identifiable) d'exciter les neurones moteurs sans dopamine, (merci la plasticité cérébrale!)
https://www.youtube.com/watch?v=eNpoVeLfMKg
https://www.youtube.com/watch?v=qxDmP8c4QUI
je complémenterais en fonction de vos retours.