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 Petits écrits de derrière les fagots.

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hard
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hard

Type : ENTP 5w6 So/Sx (comme l'a dit Speedy)
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Message(#) Sujet: Petits écrits de derrière les fagots. Petits écrits de derrière les fagots. Icon_minitimeMer 16 Jan 2013, 21:05

Bon, de ce que j'ai compris, c'est ici aussi qu'on peut poster ses petits écrits. ^^
Si je me plante de sous-partie, merci de me le signaler hein.

Je commence avec le début d'un récit un peu... spécial en fait. ^^

Récit préliminaire : vocation

Un accident. Ça peut arriver à n’importe qui. Et sauf en cas d’occurrence mortelle, c’est rarement grave. Mais ce n’est pas l’avis d’un enfant.
Le petit Sander est triste. Pas l’abime de pleurs que cause la mort d’un animal de compagnie, mais tout de même. Ce n’est pas franchement marrant d’être coincé au lit : les possibilités d’amusement sont réduites.
Son genou luxé le fait souffrir ; il ressemble à un boudin gonflé de ketchup. Sa mère arrive pour les exercices quotidiens, ce qui le crispe un peu. Comme le smecta, le remède est peut-être efficace, mais il est définitivement douloureux. Malgré sa grimace, rien n’y fait, sa mère ne se laisse pas avoir aussi facilement.
Il commence, boudeur, ses étirements. D’abord, plier le genou. Un petit peu, encore et encore, approcher le plus possible de la limite sans déclencher d’explosion de douleur. Maintenant que c’est fait, tenir la position une minute. Comme indiqué par le docteur, qui n’est vraiment pas au courant de la difficulté de l’entreprise.
Sander se fige. Ce n’est plus sa jambe mais tout son corps qui est immobile. Il a entendu quelque chose : un craquement, frottement, mais aussi une sorte de pulsation. Le bruit revient, à nouveau, très ténu, puis disparait sans prévenir. L’enfant bouge légèrement son genou, et le son repart. Sa curiosité est piquée : enfin une conséquence intéressante de la convalescence.
L’oreille attentive à même la peau gonflée, il retient sa respiration. Le bruit de son cœur qui bat lui semble le son d’une vielle machine rouillée. Il essaye de le sortir de son champ de perception. Et soudain, plus rien. Après quelques secondes, Sander voit bien que son cœur ne s’est pas arrêté. Le son de machine venait donc de … du genou !
Tout d’un coup, une idée, fière et vaillante, jaillit dans l’esprit de l’enfant. Il la tourne, la retourne, danse avec elle. Oui, c’est une bonne idée, définitivement. Il regarde sa mère, à la fois amusée et étonnée. Il ne s’entend même pas lui demander du papier et une feuille. Rester concentré, pour ne pas perdre sa nouvelle amie.
Mais déjà, il lui semble qu’elle s’assombrit, et que la lumière qu’elle avait amenée avec elle, dans ce cerveau triste, s’étiole et se désagrège, comme dévorée par la morosité de Sander. Non, non, le crayon arrivé enfin, une épée contre un monstre invisible. Le combat commence, et l’enfant a beau être effrayé, il ne recule pas. Concentré, la langue ressortant légèrement, il dessine. Le trait un peu tordu, mais la pointe profondément enfoncée dans le papier, il chasse l’ambiance amère et putride qui cuvait dans sa tête, pour la remplacer par le plaisir presque orgasmique de la création artistique.
Encore quelques coups de crayon, et le tour est joué. Sander admire son œuvre, fier de sa victoire. Ce n’est pas rien, d’avoir battu un monstre à sept ans à peine. Seulement, il ne faut que quelques secondes au valeureux gamin pour voir que quelque chose cloche. Le dessin du genou vivant, pour tout amusant et bien exécuté qu’il soit, n’est pas… vivant. Pourtant, dans son esprit, il avait cette qualité, cette essence, c’était comme un être humain.
Déçu, il repose le crayon et la feuille sur sa table de nuit, finit ses étirements, et recommence à broyer du noir. Sa mère lui allume la télé, espérant rallumer la petite lumière au fond de ses yeux. L’enfant ne veut plus. Il est fatigué, seul, énervé. C’est injuste pense-t-il. C’est injuste que le dessin ne prenne pas vie, et personne d’autre que moi ne peut le comprendre. Mais, presque malgré lui, il est attiré par la boite magique. Plutôt, il est attiré par ce qu’il y voit : des couleurs, de la vie. C’est Fantasia ! Un de ses copains lui en a parlé. Planté sur son lit, bougeant à peine, Sander est maintenant fasciné. Que c’est beau ! Les images tourbillonnent, encore et toujours, dans une spirale infinie de joie de de magie.
Cette fois-ci, c’est la révélation. C’était évident, et maintenant il l’a compris. Ce qui manquait à son croquis rapide, plus qu’une meilleure technique, c’est… le mouvement. Seulement, avec l’aide de la persistance rétinienne, la puissance de papier prenant vie va pouvoir se révéler. Le genou vivra car il bougera, image par image.
La décision était prise : l’animation était la solution.

Et la suite ^^

Premiers plans

La lumière mêlée de la lune et des réverbères, débitée en tranches par les volets, illumine légèrement le mur principal de la chambre. Même le vieux dessin d’un genou vivant à droit à son coup de projecteur.
Malgré tout, le centre névralgique de la pièce reste le bureau, éclairé par sa propre lampe, sur lequel s’escrime Sander. Ses gestes sont vifs, puissants et rapides. Des mouvements déséquilibrés à l’extrême, mais rattrapés à la limite par le jeune virtuose. Cela fait maintenant un certain temps que ses dessins sont éclatants de vie. Pourtant, comme une promesse silencieuse à l’enfant qu’il était, Sander continue à animer. Il poursuit encore un peu le ballet de la lame de graphite sur le papier immaculé, puis s’arrête.
Il forme une pile de tous ses dessins, en vérifiant qu’ils sont dans le bon ordre et le bon sens. Le pouce en appui sur un coin du tas, Sander fait défiler rapidement les images : il « flippe ».
L’effet est suffisamment saisissant pour qu’il fasse tomber son flip-book improvisé par terre. Evidemment, il n’a pas cru qu’une locomotive futuriste et folle furieuse fondait sur lui, mais, l’imagination et la persistance rétinienne aidant, il a eu une seconde d’hésitation.
Le tas ramassé, l’adolescent se remet au travail ; mais à peine sa pointe a-t-elle écorchée la feuille vierge qu’il est tiré de sa transe créative par le bruit insupportable de son réveil. D’un geste exaspéré, Sader l’éteint. Seulement, la brûlure de sa main gauche le ramène définitivement dans notre monde.
Quel con d’avoir accroché cette maudite alarme à la lampe !
Il se retourne, saute de sa chaise sur son sac à dos, et tergiverse une bonne dizaine de secondes sur ce qu’il va emporter au lycée. Bien sûr, aucune feuille quadrillée ou cours précédent. Mais par contre, le livre fondateur de Richard Williams sur l’animation image par image trouve grâce à ses yeux, tout comme son bloc note, et ultime faiblesse, son livre de maths. Un autre petit tour sur lui-même, et il sort de la pièce, du couloir, de l’appartement et enfin de l’immeuble.
Le soleil se lève à peine, n’éclairant qu’un côté de son corps tandis qu’il marche rapidement vers la station de train. Le léger brouillard de l’aube, mêlé à son manque de sommeil produit un effet de flou fascinant, mais Sander n’a pas le temps. Déjà qu’il n’en fout pas une en cours, le minimum c’est d’être à l’heure.
Les rails grincent, malmenés par les rames. Odeur de café, sorti droit de la machine. Un clochard sur un banc, attend dans le froid. Qu’est-ce qu’il attend au juste, se demande Sander ? Quel espoir le fait encore bouger, plutôt que se laisser solidifier sur place ? Mais cette réflexion est remisée dans le grenier de son esprit, quand son train part.
Personne d’autre dans son wagon : pas de dessin sur le vif ce matin. Il sort son livre, et, penché sur les pages, remplit sa tête de la douce symphonie, mêlée aux images qu’il évoque. Perdu dans les mots, il ne voit pas passer les stations. Mais, brisant l’enchantement, il n’oublie pas de sortir à la sienne.
Il ne reste plus qu’un peu de marche, avant une autre mauvaise journée. Pendant un instant, Sander réfléchit à la portée physique du problème. La conclusion reste que fuir à toute jambe dans la direction opposée ne transformera pas le jour en source de joie immense.
Il n’est plus qu’à quelques mètres des grilles d’entrée quand il le remarque. Tous les réverbères se sont éteints avec l’arrivée du jour, sauf un, sentinelle sénile qui garde un fort abandonnée. La curiosité du lycéen est piquée sur le vif, et il reste, pensif, à contempler le lampadaire. Son esprit erre, analyse, observe, en vue d’une réutilisation dans un film. Il faut attendre l’arrivée de Thomas, son fidèle compagnon, pour qu’il daigne sortir de sa méditation.
Thomas, l’ami qui trouve toujours un bon mot. Et qui présentement est chargé de deux immenses sacs. Probablement son matos d’expérience. Quand il sera grand, Thomas veut être chimiste. De l’avis de Sander, il a plus de chance de finir préparateur de methamphetamine, mais il s’efforce de ne pas le penser à voix haute.
« Hmm, je peux savoir ce qui retient à ce point ton attention ? commence le nouvel arrivant.
− Le lampadaire, répond avec un sourire Sander.
− Je vois ça ! Une raison particulière à ce soudain intérêt pour l’éclairage public ?
− Est-ce que tu as remarqué, que tu ne vois plus ce réverbère quand tu passes par ici ?
− Explicite ton propos s’il te plait. Je préfère garder les aphorismes douteux pour le cours de philo.
− Eh bien, ce réverbère se voit tout de suite, par son anomalie. Mais quand il sera réparé, ni toi ni moi ne penserons plus à lui en allant au lycée. C’est l’essence même d’un bon personnage secondaire, qui parait réel et vivant tout en ne servant clairement qu’à une seule scène !
− Ah, je vois. Donc tu te drogues bien. »
Un autre petit sourire, et Sander se dirige vers les portes, laissant son ami ronchonner d’avoir à porter tout son matériel.

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Message(#) Sujet: Re: Petits écrits de derrière les fagots. Petits écrits de derrière les fagots. Icon_minitimeJeu 17 Jan 2013, 15:23


Excellent!

Franchement excellent. Très bien écrit, agréable à lire, des séquences très visuelles, presque cinématographiques, un rythme qui accroche le lecteur.

Tu as du talent.
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Message(#) Sujet: Re: Petits écrits de derrière les fagots. Petits écrits de derrière les fagots. Icon_minitimeMar 13 Mai 2014, 18:52

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Message(#) Sujet: Re: Petits écrits de derrière les fagots. Petits écrits de derrière les fagots. Icon_minitimeMar 13 Mai 2014, 19:05

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« Je l’aimais bien, sûrement, mais j’aimais encore mieux mon vice, cette envie de m’enfuir de partout, à la recherche de je ne sais quoi, par un sot orgueil sans doute, par conviction d’une espèce de supériorité. »

« Les boulevards etaient comme les gens: semblables sans doute, dans leur jeunesse, ils changeaient progressivement en fonction de ce qui fermentait en eux. »


Dernière édition par Aldéa le Ven 01 Mai 2015, 15:50, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Petits écrits de derrière les fagots. Petits écrits de derrière les fagots. Icon_minitimeMar 13 Mai 2014, 19:44

Nope, à l'époque mes fréquentations étaient bien meilleures. What a Face

Par contre, il est possible que Sander soit légèrement la projection d'un fantasme, étant donné que je considère l'animation comme le plus grand de tous les arts, et que j'aurais adoré en faire mon métier, si seulement j'aimais dessiner. ^^ (Et puis j'ai écrit la scène du genou juste après ma deuxième luxation. Catharsis, vous avez dit? ^^)

Bon, puisque ça plait, un petit bout de la suite. (Pas retravaillé depuis).

Fantaisie

Ennui qui n’a de mortel que le nom, le pire de tous. La moitié de la classe essaye de faire croire qu’elle suit le cours, tandis que le reste ne se donne même pas cette peine, remplissant inlassablement les sudokus et mots croisés quotidiens.
Sander lève ses yeux vers le tableau une nouvelle fois, puis soupire. C’est d’un chiant. Ce ne sont pas les maths le problème. Derrière leur formalisme aride, Il voit la même chose que dans les livres, les films, les dessins. La puissance créative, la violence des idées s’entrechoquant les unes aux autres, dans une corrida endiablée qui n’accueille qu’un seul vainqueur. Mais ça ?
L’application, répétée encore et encore d’une même méthode de résolution barbante ? Et c’est comme ça que l’école, l’Education, compte ordonner, classer, juger les élèves. Drôle de système, où les génies sont moins récompensés que les crétins qui se contentent d’appliquer toujours leur algorithme pathétique.
C’est alors qu’il sent la musique. C’est un rythme, une suite de son toute simple, mais distrayante. Alors il la suit, fredonnant légèrement, quoique de plus en plus fort son air. Il s’étoffe, devient mélopée, chanson, chant barbare, vie à l’état pur. A peu près à ce moment-là, Thomas entend cette petite musique. Avec sa verve provocatrice habituelle, il entonne le chant, légèrement plus fort, légèrement plus haut.
Le son se répand, de rangée en colonne, pour atteindre finalement le devant de la classe. Ce n’est plus un murmure isolé, mais une mélodie commune relayée par 32 bouches solidaires. 32 bouches qui crient l’amusement, la stupidité de ce qu’elles doivent faire, la contre-indication de l’école en cas d’intelligence.
C’est devenu une comédie musicale ! Sander, maintenant relevé, chef d’orchestre invisible, s’attend presque à voir une grenouille en smoking faire un petit numéro de danse sur une table. Ou au moins, pour rester dans un registre plus réaliste, à ce que le prof se mêle au chant.
Mais c’est par des cris, des exhortations à l’arrêt court et net que l’adulte responsable répond. La connerie n’attend pas le nombre des années.
Les vociférations ne font qu’ajouter à la rébellion, à la folie toute puissante, au génie même de cette musique, qui refuse simplement la règle quand elle n’est que le moyen d’imposer un pouvoir pathétique. Maintenant, ce sont des claquements de doigts qui se joignent à la mélodie, soulignant avec force le rythme, la régularité, la simplicité dont émerge le chaos.
Puis, en quelques secondes, tout revient à la normale. Le prof a menacé de faire une interrogation, et sert maintenant un sermon à la classe entière. Mais quelle importance. Car Sander a réussi à s’approcher un peu plus près de la sonnerie de fin de cours. C’est déjà ça.

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