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 La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent

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GBat
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La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent Empty
Message(#) Sujet: La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent Icon_minitimeJeu 13 Avr 2017, 17:34

Ca doit faire plusieurs années que j'ai accumulé des analyses là dessus, et puisque les présidentielles approchent, je me suis dit que ça pourrait faire un bon topic pour apprécier la diversité idéologique des différents courants politiques dans le monde, à travers ses représentations culturelles symboliques, ses mises en scène, et parfois des discours plus élaborés sinon subtiles dans le cinéma.
J'ai essayé d'être le plus neutre et descriptif possible (pas toujours évident) pour bien cerner toutes les tendances représentées, indépendamment de la qualité des films et de leur scénario qui n'est pas le sujet ici. L'objectif est vraiment que ça soit enrichissant, pas que ce soit une tribune pour favoriser telles idées et rabaisser telles autres.

Aussi, si vous avez des exemples pour la droite nationaliste et éventuellement d'autres nuances afin d'améliorer/compléter la liste (dans la mesure du possible) proposez et décrivez en quoi ça illustre ces courants. Ou bien proposez une nouvelle liste.
Rappelez-vous toutefois que ça concerne le cinéma récent, ce qui ne facilite pas la tache j'en suis bien conscient.


Le cinéma à gros budget, ou "populaire", ou "mainstream", ou encore l'industrie des "blockbusters", est un cinéma généralement stéréotypé où il ne faut pas chercher très loin le sens. Il y a le plus souvent une visée commerciale mais pas que...

En effet, selon le public visé, des messages, une façon de voir le monde et la société, peuvent se glisser dans le décor, souvent à la barbe du spectateur qui est plus assuré de chercher la cohérence narrative et la stimulation sensorielle que de tels films peuvent procurer plutôt qu'un éventuel sens politique. Et pourtant, aussi superficiel ou périphérique soit-il généralement, il est bien souvent là ce sens.
Cela peut prendre plusieurs formes et pour plusieurs raisons. Parfois, c'est une société de production ou un studio qui a ouvertement une ligne idéologique (On dit souvent et on remarque que Hollywood a une dominante sociale-libérale). Ou bien c'est un réalisateur qui est plus ou moins affilié à un courant, ou encore il a une sensibilité politique qui empreigne certains de ces films (Bong Joon-Ho avec Le Transperceneige).
Remarquons que ce n'est pas forcément la tendance exacte qui est représentée; le film peut même suggérer un tout autre courant que celui souhaité, ou bien véhiculer un message auquel personne dans les participants du projet n'avaient pensé eux-même. On trouvera donc aussi des films sans ambition politique particulière qui ont ce potentiel, sans qu'il y ait d'intention nette de la part de l'équipe aux commandes.
Enfin, on aura aussi du cinéma subventionné (oui oui) par un gouvernement (le premier ministre australien avec Wolverine : Le Combat de L'immortel).




ANARCHISME ET EXTRÊME GAUCHE

1/ Le Transperceneige
Spoiler:

Un monde de survivants au climat déréglé (glaciation, thème un peu dépassé mais bon), divisé en classes sociales et économiques strictes. Aux extrêmités, les uns sont entassés dans une crasse et une misère où on ne tient plus, les autres noyés dans un ennui et un confort de dépravés consommateurs ("consummateurs" ?) qui leur a enlevé toute conscience de leur santé corporelle, du temps, ou du monde qui les entoure. Au milieu, une série de classes incluant notamment une école à la gloire d'une parodie de fordisme ou en tout cas d'une industrie capitaliste personnifiée dans un leader imbu de lui même, qui n'apprend rien de spécial sinon à s'y conformer (et des profs enceinte armés jusqu'aux dents :xd). La dégénérescence de cet univers enfermé dans une série de wagons représentant chacun ces différentes classes (quoi de plus efficace comme métaphore de classes rigoureuses?) est marquée par le constant besoin d'étendre la conformité des plus démunis (car ils sont les plus à même de se révolter contre l'ordre en place), soit en augmentant provisoirement leurs ressources, soit en diminuant leur population (soit les deux). Devant cette situation dégradante où le travail des enfants redevient coutume, se trouvent deux comportements à mon sens présents à l'extrême gauche selon que l'on se place dans une attitude anarchiste, anti-autoritaire et contestataire voir parfois nihiliste, plutôt individualiste (qui est ici intelligemment décrite comme ne provenant pas des classes les plus inférieures), ou bien une attitude de conquête politique du pouvoir, plus ou moins communiste ou socialiste peut-être, qui cherche non pas à détruire toute trace de hiérarchie mais au moins à changer d'autorité. Le Transperceneige a ainsi tout à fait sa place dans l'illustration de ces courants.


2/ Total Recall : Mémoires Programmées

Spoiler:

Alors c'est l'histoire d'un sorcier qui se révolte et qui... ah non ça c'est encore autre chose. Very Happy

Là on a le remake d'un film des années 90, lui même déjà une adaptation très libre d'une nouvelle écrite par un genre d'INFP d'extrême gauche dans les années 60 : "Souvenirs à Vendre", par Phillip K. Dick.

Ce gars là, c'est un pionnier dans la dystopie blasante, dans la conception de mondes sans issue ni révolution ; il faut dire qu'il se sentait plombé sur tous les plans.

Déjà, il éprouvait un sentiment de défaillance vis à vis de son passé (sa sœur perdue très jeune qui le hante à travers les œuvres qu'il écrit), mais en plus il a vécu et a tenté de vivre de son écriture dans une époque complètement paranoïaque (Nixon etc) où les autorités américaines et le FBI faisaient encore la chasse aux sorcières dans les milieux intellectuels radicaux qui bien souvent finissaient par trouver refuge en Europe.

Pour autant, aujourd'hui Hollywood adore ses romans et ses nouvelles. Sans lui, pas de Blade Runner, pas de Minority Report, I Robot, et donc Total Recall. Mais aussi probablement pas de Matrix et autre Existenz !

Ceci étant dit, les adaptions et films plus ou moins inspirés de son univers se distancient très librement de ce qu'il a écrit, restituant surtout l'ambiance, la trame initiale, les thèmes et préoccupations, pour partir en cours de route dans une exploration du film d'action comme Hollywood sait si bien en faire ...

Blade Runner et la série The Man in the High Castle font peut-être toutefois exception. Tout en restant libre dans le développement, ils préservent tout le sentiment d'isolation, de fatalité qui caractérise Phillip K. Dick.

Total Recall : mémoires programmées s'inscrit dans la première catégorie. Beaucoup d'action, mais aussi de références à divers films en lien avec l'auteur (à peu près tous ceux que nous avons cité en fait). Et pour l'aspect politique, la liberté et l'égalité pour le monde ouvrier sont à l'honneur, d'une manière plus littérale que dans tout autre film de SF.

C'est intéressant de noter que par cette intégration des deux idéaux de la liberté et de l'égalité on a quelque chose en commun avec le socialisme démocratique et la sociale-démocratie, alors que le communisme proprement dit (à moins d'être libertaire) s'écarte généralement de la liberté, considérée comme "bourgeoise". On se distingue aussi des courants marxistes majoritaires à l'époque en faisant prévaloir le libre-arbitre, thème selon-moi surtout religieux qui fait de la liberté un préjugé arrogant bien arrangeant "pour punir les hommes" indépendamment du contexte dans lequel ils évoluent ou de leur essence propre, mais qui est récurent dans le genre cyberpunk auquel appartient souvent l’œuvre de K. Dick.

La réalisation s'affranchit des contraintes pessimistes de l’œuvre dickienne en même temps que de l'apesanteur. Ah j'ai beau n'être ni partisan de transcendance révolutionnaire ni d'une telle croyance dans l'absolue liberté, un tel film est tout de suite moins gnangnan que UsideDown, et suggère que par delà la mémoire ou les déterminants sociaux l'identité se fait aussi par les choix moraux.



Ière INTERNATIONALE GNOSE-FREESTYLE

3/ Jupiter : Le Destin de L'Univers
Spoiler:

Alors là pour un festival de gauches on est servi ! ... Je n'ai trouvé nul part ailleurs où le mettre parce que le film contient tout simplement plusieurs tendances, et c'est à l'époque de la Première Internationale ouvrière (XIXème donc) que ces courants étaient le plus unis tout en étant considérés à l'extrême-gauche.

Dans ce film, on trouve Eddie Redmayne qui en a finalement terminé avec sa crise d'identité corporelle et n'a plus d'aspirations philanthropes ou de fibre zoologiste (ok ça n'a rien à voir mais ça non plus je ne savais pas où le dire), ici recyclé en capitaliste mégalo et brutal.
Jupiter fait-il dans un discours anarchiste proudhonien, kropotkinien, socialiste mutualiste, mais même gnose chrétienne ? Peu importe. Le film pourrait réunir tout ça et conte l’ascension d'une prolétaire de famille immigrée, tout ce qu'il y a de plus méprisé économiquement-professionnellement parlant (elle nettoie des toilettes), vers ce qu'elle est sensée incarner. Mais le film attribue une valeur "essentielle" à ce personnage par contraste à la manière dont la société ou son travail la valorise (et là on dépasse le cadre de l'ouvriérisme pour celui de la philosophie, à moins justement de considérer dans une perspective marxiste que son essence est de représenter une classe sociale qui n'est pas traitée à la hauteur de son rôle, et que ce rôle découle d'une nature politique ou sociale particulière).

Et quelle est cette manière par laquelle elle est dévalorisée ? Qu'est-ce que cachent les normes physiques et culturelles de cette société, de ce pays et de cette planète ? Une gigantesque industrie dont chaque personne serait non seulement un maillon mais aussi une ressource !

Il y a à partir de là deux notions qui cohabitent :

L'une, probablement biaisée et illusoire aux yeux des concepteurs vu que c'est l'industrie qui prédomine, consiste à chercher le plus de notoriété, de plaisirs passagers, à travers des objets matériels dont le prix ne cesse de fluctuer (ce qui peut être retord).

L'autre, qui est la direction prise par Jupiter Jones notre personnage principal, au lieu de prétendre s'élever par une éternité de dur labeur et de souffrance matérielle et intellectuelle que la religion protestante a su ériger en morale (un labeur dont on sait qu'il est indubitablement soumis pour certaines catégories de personnes aux lois de l'industrie), consiste plutôt à arracher sa place par la lutte politique.

Là encore, la liberté est considérée comme par delà l'exclusivité des déterminants économiques et sociaux, et on peut même rajouter la dimension du temps, qui sera primordiale dans la sociale-démocratie contemporaine. C'est ce temps qui est considéré comme le véritable capital, le véritable gain, par l'un des principaux convoiteur de la planète terre. Oui, dans ce film les actions sont des planètes et les capitalistes des seigneurs décentralisés, isolés de toute souffrance, dans le vide de l'espace. Certains ne savent même pas comment se déroule une "récolte" concrètement/humainement paralant. De quoi penser à certaines grandes entreprises transnationales actuelles dont les principaux actionnaires prétendent soudain découvrir que telle succursale fait travailler des enfants pour un moindre coût dans des conditions de travail déplorables.

A ce tableau, on peut rajouter la gnose chrétienne comme interprétation subtile du monde (déjà présente dans ce que nous avons évoqué). Elle s'expliquerait ainsi; Les réalisateurs ont horreur de l'unanimité et savent se nourrir de divers théories hétérodoxes, comme celle faisant l'hypothèse d'une réalité virtuelle informatique (dans Matrix), ou bien ici celle issue du net qui fait de la Terre et de l'univers un monde matériel mauvais, perverti dès la création par des êtres extraterrestres supposément supérieurs, et de l'esprit un moyen de libération plutôt que l'outil de perdition qu'en fait la religion majoritaire. Et naturellement cet esprit en quête de libération se confronte à une autre oppression spirituelle, celle bouddhiste des cycles de réincarnation (réincarnation des reines et des dirigeants d'une telle dynastie faisant de l'industrie un enfer), ou bien celle plus "justnaturaliste" des cycles de subordination dans des contrats à sens unique. Ça fonctionne très bien dans une fiction comme celle-ci.



COMMUNISME

4/ (saga) Hunger Games
Spoiler:

Tout d'abord, il faut se rendre compte du fond tout à fait économiquement progressiste de la saga : démocratie et justice sociale sont plusieurs fois citées comme les objectifs fondamentales. Il faut rajouter la liberté politique au message (vous n'alliez quand-même pas croire que des films à si gros budget vendent une révolution marxiste léniniste au spectateur, si ?)
Toutefois, il n'en demeure pas moins que l'on a jamais vu une telle figuration du marxisme, sous un jour plus favorable, sur grand écran.

Les trois premier thèmes les plus évidents dans Hunger Games, ceux qui sautent aux yeux, sont celui du niveau de vie matériel, celui de l'oppression politique, et celui de l'impact des divertissements télévisuels sur la société notamment par temps de guerre. Suzanne Collins, l'auteure des romans à succès du même titre, a évoqué la genèse de cette histoire, comment elle avait pensé à comment la guerre en Irak ou en Afghanistan avaient été justifiées, comme à l'époque du Vietnam, les conséquences pour les populations locales et le rôle des médias dans ce drame.

C'est assez dingue de voir comment les interprétations de la saga sont allées parfois complètement à coté de ce qu'elle essayait de véhiculer. On a eu droit à Katniss héroïne capitaliste randienne vs. méchant gouvernement d'URSS en Amérique, ou encore Katniss vs. un méchant Etat de Corée du Nord qui prétend protéger et nourrir la population pour cacher sa nature monstrueuse (et le net est rempli de ces interprétations probablement biaisées !) .

Mais pour le coup, la société que les résistants à l'autocratie du sanguinaire Président Snow improvisent sous terre a justement beaucoup plus à voir avec l'idéal de société sans classe de l'Union Soviétique, et la dictature de Snow avec un capitalisme populiste qui, par temps de crise, n'hésite pas à s'improviser paternaliste afin de dissuader les ouvriers de se révolter en échange de pain et de jeux. Ceci prend d'autant plus forme lorsque dans les troisièmes et quatrièmes volets la tenue des résistants est délibérément inspirée des combinaisons kaki (parfois munies d'un brassard rouge) d'URSS.

Ainsi nous nous retrouvons avec une micro-société souterraine égalitariste qui se prémunie contre des roses blanches en guise de bombardements, tels les communistes vietnamiens terrés sous les bombes au napalm d'un gouvernement américain qui préférait mettre au pouvoir des nationalistes monarchistes que de voir s'étendre l'esprit révolutionnaire insufflé par la révolution russe (en Russie la guerre civile avait opposé les révolutionnaires marxistes-léninistes à une alliance d'anciens révolutionnaires et autres réformistes alliés aux monarchistes sur le retour que l'on surnommait "blancs" par opposition aux "rouges"). Remplaçons ces "blancs" par un dictateur dont la politique mêle capitalisme du divertissement, compétition sauvage entre citoyens des classes populaires et privilégiés mais aussi au sein des classes populaires proprement dit, forte disparités sociales entre capitOle et districts, des répressions de grève ouvrière, des politiques d'accueil opportunes et paternalistes pour calmer ponctuellement la foule et satisfaire le monde ouvrier sur son propre terrain comme le faisait le pouvoir conservateur de Bismark en Allemagne à la fin du XIXème siècle, des hôpitaux miteux bombardés eux aussi au nom de l'ordre, des citoyens lavés du cerveau comme la CIA en aurait rêvé, et d'autres horreurs dont le décidément insupportable dirigeant se délecte. Vous avez alors un tableau difficile à réinterpréter.

En parallèle, il ne faut pourtant pas comprendre que Hollywood fait la promotion du marxisme-léninisme. L'égalitarisme si prometteur des résistants demeure sous la coupe de la Présidente Coin, sorte d'antagoniste gauchisant du point de vue du dictateur Snow sauf que, au fur et à mesure, elle lui ressemble de plus en plus. Le conflit entre Katniss et Coin rappelle d'ailleurs étrangement la relation entre un Che Guévara, toujours combattant sur le terrain, véritable symbole de la révolution cubaine, et Fidel Castro, chef politique du mouvement qui récupère pas mal de gloire et tentera de se débarrasser (indirectement) du "Commandante" lorsqu'il ne l'a pas comme instrument.



SOCIALISME (révolutionnaire)

5/ Elysium
Spoiler:

Même genre de paradigme économique et social que dans Le Transperceneige ou dans Jupiter. Aussi, il y a bien reconfiguration des classes sociales, mais pas de tout le système. La notion de hiérarchie est même au centre du processus initié par le personnage de Matt Damon et ses acolytes depuis que celui-ci devient un genre d'humain amplifié par la technologie dans le but de "sauver tout le monde" et de changer de logiciel. Il peut être question de révolution car la situation initiale dont les protagonistes doivent se dépêtrer consiste en deux mondes rigoureusement séparés, les institutions sont fermées et verrouillées, inaccessibles au peuple par voie démocratique; mais le but des protagonistes semble visiblement de rediriger ces institutions vers le peuple plutôt que de les annihiler dans la société civile comme ce serait le cas dans l'anarchisme ou que de faire disparaître les classes comme dans le communisme.



SOCIALISME DEMOCRATIQUE (fédéralisme socialiste)

6/ Star Trek Sans Limites
Spoiler:

Hum, bon alors si l'univers futuriste (quoique un brin rétro pour nous) de Stark Trek est connu pour rendre compte d'un monde fédéré, libéré de la guerre, de l'argent, et de l'égoïsme (à ne pas confondre avec l'égocentrisme, qui ne s'obtient pas forcément au détriment des autres), il ne faut pas pour autant exagérer la nature collectiviste et aussi démocratique de la chose. Ce qui a permis d'abolir ce que l'on représente ici comme des maux de la société est pour beaucoup un formidable progrès technologique, rendant accessible les soins, les ressources matérielles, et organiques, pour tous. Ainsi, le Capitaine Picard qui déclarait : "Si nous décidons en tant que société de faire en sorte que ces choses cruciales soient mises à la disposition de tous en tant que biens publics, nous allons probablement bien progresser dans l'amélioration de la condition de tous les êtres humains sur Terre. (...) Nous avons vaincu la faim et la cupidité, et nous ne sommes plus intéressés par l'accumulation de choses." C'est certainement ce statut de bien publique ainsi que les relations diplomatiques plutôt que guerrières au sein d'un ensemble de pays qui font du monde de Star Trek une fédération socialiste. Le fait que les problématiques fondamentales de la survie aient été résolues font de la Fédération un lieu où la science et le savoir se répandent d'autant plus parmi les citoyens, qui peuvent dès lors se consacrer d'avantage à des questions philosophiques ou existentielles par exemple. Mais le Capitaine rappelait aussi la prudence et l'attention nécessaire pour faire perdurer ce modèle. La technologie n'est donc pas le seul levier.

De plus, il faut relativiser un peu l'aspect collectiviste, étant donné que la propriété privée existe mais aussi que culturellement et selon la génération on voit l'encouragement de comportements dissidents pouvant aller jusqu'à défier sévèrement les directives de la Fédération si celle-ci n'est pas à la hauteur de la situation. Pensons, pour ce qui concerne les films ici réalisés ou produits par J. J. Abrams, au choix d'un capitaine au tempérament rebelle et peu prévisible comme un élément perturbateur mais inspiré pouvant résoudre bien plus efficacement des situations d'urgence de pilotage ou bien prendre des décisions innovantes (d'où certainement l'intérêt de mettre Star Trek dans socialisme démocratique voir même avec un petit coté individualiste ou libertaire plutôt que socialo-communiste).


7/ (saga) Divergent/Insurgent/Allegiant
Spoiler:

Le chœur politique de la saga Divergente se trouve indubitablement dans une défense du progressisme économique (le wellferisme) face aux dérives de l’État de guerre (warfare state) et à celles des révolutions populaires en totalitarisme, mais aussi face à tout prédéterminisme social ou interprétation scientiste de la société. Cela en fait un bon candidat pour le socialisme démocratique (tiens au fait vous saviez que George Orwell était de cette tendance ?); d'autant plus à en juger cette scène au début du troisième volet (peut-être la seule intéressante de tout le film) qui ressemble étrangement à ce moment réel de l'Histoire russe où un socialiste se mis à l'écart du mouvement bolchévique en train de dominer l'époque et dénonça la trahison des ouvriers par ces révolutionnaires qui confisquaient la révolution au peuple tout en instaurant ce qu'ils avaient préalablement combattu (la peine de mort en particulier).

Le film reproduit un événement assez similaire dans la suite duquel les dissidents (guidés par la leader des "fraternels"), et épris de soucis pour ce que devient l'insurrection, adoptent une position qui réinstaurerait des classes sociales tout en essayant d'obtenir des réformes depuis l'intérieure du système.

Abordant le progrès par la capacité à intégrer en le tolérant l'élément "divergent" dans une économie respectant les besoins matériels de chacun et une culture qui garde sa cohésion, son unité, les films promeuvent une vision pas si lointaine d'un marxisme adouci (l'alternance expérimentale de la théorie et de la "praxis") où dans le même temps on renvoie dos à dos les dérives des applications d'idées comme celles du conservatisme (premier et deuxième volet), du communisme ou de l'extrême gauche (avec les "sans-factions"), du néolibéralisme (troisième film), et même d'un social-libéralisme à la Clinton (idem).
Il y a également la tolérance pour ceux des divergents qui tenteraient de développer chacune des aptitudes initialement réservées aux classes respectives, qui peut faire vaguement échos à l'individu "générique" ou "intégral" de la théorie de Karl Marx, l'individu libéré de la spécialisation notamment.

Ce qui était intéressant, c'est que cette science-fiction sociale épouse littéralement le centre véritable du film qui en fait est pour sa part plutôt centré sur la psychologie : les classes érigées en profils psychologiques, puis remis en cause pour éviter une nouvelle répression, puis finalement rétablis mais sous une forme libérée de l'hégémonie d'une faction/d'un profil.

Cette place égale faite à l'individualité et au progrès social renvoie aisément aux valeurs du socialisme démocratique. Il n'est pas très étonnant, du coup, de trouver parmi les actrices les plus enthousiastes du casting une partisane de Bernie Sanders aux primaires démocrates américaines.

Mais ne vous attendez pas à un développement riche de ce topo dans les films. Ça ne va hélas pas bien loin, et le troisième volet vire même au cauchemar de mise en scène et de scénario au point que la suite et fin ne sera même pas adaptée pour le cinéma et risque de ne même pas voir le jour sur le petit écran comme il l'avait été proposé en remplacement pour les fans.



SOCIALE-DEMOCRATIE

8/ Kingsman
Spoiler:

Un petit délire trans-classe réalisé par un ExFP (auteur de Kick Ass), où une bande de dandys et un queutard émancipé doivent sauver la princesse de Suède d'un complot fomenté par un magnat des nouvelles technologies complètement décomplexé et timbré qui ne croit plus à la lutte contre le réchauffement climatique. Voyez le ton ! :XD

Outre de se prendre nettement moins au sérieux que les trois précédents films cités, Kingsman parvient à faire se rencontrer deux mondes littéralement opposés avec ouverture d'esprit et surtout le gout assumé du cartoon !

C'est comme ça que l'on se retrouve à suivre l'ascension d'un banlieusard au potentiel prometteur mais forcément gâché jusque là, via une institution que l'on aurait, sans doute, dans des temps anciens réservé à des héritiers de bonne famille (ce dont d'ailleurs elle regorge encore dans le film qui nous promet non des règlements de compte mais quelques mises au point). Émancipation par le haut, égalité des chances, centrage sur l'apprentissage et les compétences plutôt que sur les à priori et les connivences, le film se présente ainsi comme un bon parti pris envers la sociale-démocratie. D'autant plus si on y rajoute le discours sur les mœurs, court et somme toute discret mais amené de façon tellement loufoque que même sans y adhérer on trouverait quelque chose à la scène.

Et que serait un film qui se veut avant tout léger sans un antagoniste complètement cynique et volontairement gamin sur les bords, ici joué par Samuel Lee Jackson, qui en tant que magnat des nouvelles technologies souhaite montrer au monde qu'il a bien raison de se foutre de tout.

Pour autant, si un discours politique s'y trouve le film est loin de ne se définir que par celui-ci, et on ne voit pas de discussions inter-groupes, on ne parle pas d'équilibre des pouvoirs ou de choses trop ennuyantes pour la narration. Pour ainsi dire, on suggère qu'un républicain peut être un sacré enfoiré, ceci ayant aussi certainement pour but de quand-même suggérer subtilement le parti pris démocratique par delà les formes d'institutions politiques classiques telles que la monarchie et la république. Mais au final, le réalisateur a réussi malgré tout à s'attirer les foudres de quelques "féministes" qui ont vu dans une scène un pur cliché issu des vieux James Bond misogynes. Or, si la référence était véridique, le schéma était pourtant complètement renversé. Arf, les mauvais réflexes...

Bon, c'est pas tout mais pour ma part j'ai un rencart avec la sœur adoptive in vitro de l'héritière du trône de Norvège. A+


9/ Les nouvelles Glorieuses dans tes rêves avec Astroboy

Spoiler:

Après WW2, les Trente Glorieuses ont désigné une tendance à l'émancipation et à l'élévation du niveau de vie global des travailleurs dans des économies qui avaient été fortement marquées par la guerre et la crise économique et financière. Ceci fut rendu possible par l'association entre un capitalisme raisonnable, faisant passer le travailleur au premier rang des préoccupations sociales et économiques, et une démocratie sociale qui su organiser un système de répartition des richesses et de protection sociale à la fois ferme et suffisamment soft pour que les entrepreneurs ne se sentent pas pris à la gorge. Mais aussi, un plan de financement à l'échelle internationale, limitant les monopoles mais respectant la souveraineté de chaque pays.

"Astro, le petit robot", personnage inventé par le japonais Osamu Tezuka, s'inscrivait tout à fait dans l'état d'esprit de cette période, marquée par la démocratisation fulgurante de l'énergie électrique grâce au nucléaire. Astro incarne cette force des créations humaines qui apportent un progrès énergétique et social, et en même temps on en profitait pour interroger les limites des approches du progrès technologique lorsqu'elles sont dépourvues de finalité humaine.

Avec le nouveau film "Astro boy" sorti en 2009, le personnage rentre dans une nouvelle époque. Il devient en quelque sorte le porte parole de l'énergie verte et il "vote pour l'autre gars" (sans blague c'est une réplique du film). De plus, l'antagoniste est une caricature de droitiste qui ne pense qu'à la gloire par la militarisation et s'insurge que son concurrent politique le dépasse alors qu'il avait pourtant fait de généreux cadeaux fiscaux à ses potentiels électeurs. :XD

En parallèle de ça, il y a un "Front de Libération des robots" qui essaye de fomenter une révolution mais qui sert surtout de caution humoristique au film, tant ils sont volontairement ridicules. Difficile de ne pas faire plus soc dem comme topo.

On retrouve des éléments fidèles au Astro de Tezuka comme le témoignage de l'usage et de la maltraitance des robots (évidemment une métaphore pour des humains employés, surexploités et subordonnés), mais aussi des références à d'autres œuvres de l'auteur comme Metropolis, et même à Hayao Miyazaki (qui avait Tezuka pour principale influence à ses débuts) ici à travers une certaine esthétique, bien reconnaissable sous les traits d'un personnage cuivré et verdoyant.



TRAVAILLISME, AILE GAUCHE (version british et australienne de la sociale-démocratie)

10/ Wolverine : Le Combat de L'Immortel
Spoiler:

Prolo Wolverine dit : "Rendez moi mes allocs ! Et ma couverture santé !"

Ex-DRH reconverti dans le textile après traumatisme du torse velu dit : "C'est lorsqu'il est vulnérable qu'il est le plus dangereux" ... Lol

Non personne n'a dit ça dans ce film. Mais ça aurait pu.

En fait, le film a été carrément subventionné par l'Australie et sponsorisé par la première ministre travailliste australienne de l'époque en personne (Julia Gillard), convaincue d'après elle par l'acteur Hugh Jackman, qui l'a également soutenue, de produire les aventures de Wolverine sur le territoire australien avec la garantie de créer un nombre non négligeable d'emplois dans une industrie affectée par la crise.

Alors ça c'est pour le contexte, déjà bien parlant, mais le film en soi est assez évocateur. D'un coté, il y décrit des dynamiques entre gouvernement et malfaiteurs, ainsi qu'une certaine rigidité de mœurs dans une famille importante du Japon. De l'autre, Wolverine est trahi par ceux qu'il a aidé, et cela affecte toute sa condition, ce à quoi il n'était pas près de renoncer. Arghh ! Saleté d'exploiteurs, qu'est-ce qui nous a pris de sauver le capitalisme ::?! On aurait mieux fait de le laisser crever avec les totalitarismes.

Dans le film, c'est une ex-SDF recueillie mais contrôlée par la dite famille importante qui explique à Wolverine : "Là où l’État renonce, eux (les yakuzas) ça les renforce". On a là comme un plaidoyer en faveur de l'économie mixte qui n'a rien à envier à ceux d'Eva Joly, et peut-être la conscience que le compromis social-démocrate à son apogée dans les décennies après la seconde guerre mondiale est sévèrement attaqué de nos jours.

Mais on a également une des plus littérale représentation du vampirisme économique incarné dans le personnage d'une chimiste russe, antagoniste de l'histoire, qui nous sort une réplique tout aussi difficile à interpréter qu'elle est hallucinante pour une production de cette trempe : "(Je suis une) chimiste, capitaliste, une vipère". Une vipère qui mue littéralement à l'écran comme l'économie capitaliste dans nos propres vies. J'ai failli mettre le film dans la catégorie socialisme, c'est dire. C'est très explicite et empeigne autant le film que la quête identitaire du héros principal.

Bon, "Logan", le troisième film sorti récemment autour du personnage de Wolverine a l'air encore plus morose et vire au genre post-apocalyptique. Je ne sais pas s'il faut y voir un lien mais pris comme ça dans la suite ça fait sens.

EDIT : ok alors Logan c'est un Wolverine uberisé, dans un monde crachant sur la diversité et les nouvelles générations, empoisonné aux toxines et où les autorités publiques locales deviennent les paravents d'intérêts privés sur les ressources naturelles. On dirait un début d'une conférence de Benoit Hamon.  Lol
Spoiler:


SOCIAL-LIBERALISME

11/ ZOOTOPIE
Spoiler:

Une satire sociale sur la diversité et l'insertion, critiquant des préjugés entretenus par habitude ou médiatiquement. Ce paradigme y est légèrement prioritaire sur ceux de l'économie et de la liberté politique bien qu'il recoupe au moins le second.

Il y a un discours somme toute simpliste et essentialisant, avec "les faibles" et "les forts" qui peuvent tous réussir juste par la force de la volonté, par une dure existence de labeur, et apparemment en contournant les lois pour faire plus de zèle envers les représentants du statu-quo silent même si en fait dans le cas précis ça ne sert à rien et que le film rappelle comme dans Kingsman l'utilité de l'égalité des chances.

Tout en gardant une méfiance à l'égard des initiatives politique positives, le film fait la promotion du sacro-saint "c'est à chacun de nous d'améliorer les choses dans notre coin, ne remet pas en cause l'ordre établi sauf pour faire du zèle, tu peux choisir ton destin à Statu-quotopie waaaa  Very Happy".

On suggère quand-même pas mal que tout ou presque repose sur des individus (y compris ceux du gouvernement), que les inégalités dont il est question ne sont jamais trop structurelles même si c'est plutôt pas mal le cas dans la réalité, .. . et qu'un mafieux est limite plus attendrissant et sympa qu'un employé d'administration. Pas de doute, on est bien dans un discours libéral, mais social-libéral.

C'est dire si ça m'a fait un effet aussi bizarre que de passer du Shakira après avoir cité du Roosevelt.


12/ Les Animaux Fantastiques
Spoiler:

J'ai beaucoup hésité avec social-démocratie. En fait il est possible que les prochains volets lorgnent plus sur la gauche comme en témoigne les déclarations de J. K. Rowling souvent à la faveur de personnages dissidents, exploités, et autres exclus qu'elle ne pourrait se contenter de juger superficiellement. Dans Harry Potter la condition des elfes de maison trouvait même son explication dans une référence au prolétaire tantôt soumis tantôt révolté, et la relation familiale et politique entre Harry et Voldemort s'inspirait de celle entre deux branches d'une même grande famille anglaise, divisée entre communisme et fascisme. Mais Rowling n'est pas communiste. Elle admire la résistance et, comme d'autres, la lucidité et la capacité d'organisation unique qui avait été celle des communistes avant la Seconde Guerre Mondiale face à la montée du fascisme et du nazisme, mais elle soutient surtout l’État providence, comme elle l'a répété plusieurs fois, et a publiquement déclaré son soutien au parti travailliste britannique. Récemment on l'a cependant entendu s'inquiéter de l'écart qui pourrait résulter entre les aspirations populaires et le repositionnement du parti sur une tradition ouvrière franche, ceci conduisant selon elle à la victoire des conservateurs. Elle prend donc parti pour une gauche de gouvernement (ma foi elle n'a peut-être pas eu vent de ce qu'une telle logique a produit en France ces dernières années..) et c'est ce qui m'a semblé ressortir du film Les Animaux Fantastiques objectivement. Une sensibilité pour les parias, la capacité à déceler ces conditions et la légitimité d'une justice par delà l'aspect purement légal; mais aussi la méfiance à l'égard du désordre, même provisoire, replaçant ainsi par défaut l'intimité et la spontanéité politique sur le devant de la scène.

Aussi, dans les Animaux Fantastiques, l'individualité des personnages est mise en avant, par delà les conventions sociales. Le ministère de la magie est rempli de personnages féminins à fort caractère, qui ont chacun leur personnalité propre et sortent des clichés dans lesquels ils auraient pu tomber (pensons à Queenie la sentimentale extravertie débrouillarde et déterminée qu'on ne pourrait résumer au charme séducteur et à son dévouement domestique apparent).

Le personnage principal, Norbert Dragonneau, est quant à lui un écologiste concret et s'avère soucieux du sort du travailleur lambda. Cependant, sa manière d'approcher ces problématiques est souvent très intime (si on fait exception de son projet d'exposer les animaux qu'il protège et de sensibiliser les autorités à la nécessité de leur protection).

C'est en effet par simple générosité et par une démarche personnelle plutôt qu'en suscitant l'attention de la collectivité qu'il va aider un prolétaire à sortir de l'usine et de la routine abêtissante qui l'exploite - la fameuse générosité dont les gens ayant accumulé suffisamment de capital sont sensés faire preuve dans une idéologie capitaliste disons de type smithienne qui fonctionne (rêve...). Il se peut toutefois que cela relève plus de la psychologie du personnage que de sa sensibilité politique (IxFP powaa). Mais, quand on y songe, en prenant acte que Rowling incruste souvent son écriture de références à ses amis ou à son quotidien, le choix d'aider personnellement un prolétaire sans participer à une politique publique, qui plus est en valorisant l'amitié et la réciprocité, fait quand-même sacrément penser au don qu'elle a fait au parti travailliste après sa consécration en tant qu'auteure de best-sellers adaptés au cinéma; un don en guise de remerciement pour la politique d'aide en faveur des femmes seules au foyer opérée lorsque le dit parti était au gouvernement. Un programme dont elle a bénéficié et à propos duquel elle déclare que sans lui elle n'aurait probablement pas pu survivre avec sa fille et écrire (pas d'Harry Potter sans ces socialos idéologiquement ramollis ! ça pour un scoop ::! :XD).

L'image qu'elle souhaite partager est bien celle de la solidarité avec le monde ouvrier et plus largement avec les exclus, donc l'utilité d'un acte politique dans un espace bien public, et c'est pour cela que je dis qu'il faut probablement s'attendre à plus que de la remise en ordre et de la défense de statu-quo dans les prochains volets.

Bon, et sinon c'est moi ou bien Rowling adore démolir des bourses, des banques, et des bijouteries ? :xd



DEMOCRATIE-LIBERALE, NEOCONSERVATISME ET CONSERVATISME DES MOEURS

13/ (trilogie) Batman Begins/The Dark Knight/Dark Knight Rises

Spoiler:

Ahh il est beau, il est parfait, il défend l'Amérique, achète américain, et il n'a pas peur des chinois, vive notre procureur ! Bon, chérie tu rentres à la cuisine avec les enfants il y a un diable nazi-kropotkinien dehors qui vide des prisons, papa doit faire son devoir pour rétablir l'ordre.

Eh oui, dans la saga Dark Knight de Christopher Nolan ça met tout le monde d'accord de voir le "désordre" à l’œuvre. Peu importe sa gueule. "l'ordre" doit être rétabli tel qu'il était.

Les films ont été décrit par Nolan en personne comme n'étant pas politique (malgré la profusion improbable d'éléments qui montrent le contraire) mais plutôt "philosophique". Ah bon, on va dire ça.

C'est que c'est une saga qui a fait coulé beaucoup d'ancres à ce propos.
On a vu également la très pertinente émission de Cyrus North proposant la théorie tout à fait intéressante selon laquelle Batman incarne ici surtout la caution autoritaire et défensive de la démocratie lorsqu'elle est menacée (mécanisme juridique autorisant des mesures fortes pour empêcher son anéantissement), tandis que Bruce Wayne serait plus l'illustration d'une éthique philanthropique Rawlsienne (plutôt sociale-libérale donc) où les plus riches doivent participer à la société et notamment à l'aide aux plus démunis (une pensée et coutume caritative très américaine).
Il convient donc d'aborder la trilogie sous l'angle de ce qu'elle soulève, indépendamment de l'intention affichée des auteurs ou de leurs propres convictions s'ils en ont.
Dans le volet The Dark Knight, suite de Batman Begins, on voit plutôt l'illustration à peine abîmée d'un néoconservatisme opérant au mépris des frontières pour le compte de la justice (le plus souvent réduite à la poursuite des petits criminels et des dealers de drogue mais aussi de réseaux plus large de mafia). Une vision principalement répressive de l'ordre donc. Pas question de prévention ou de réhabilitation (ce qui se rapproche le plus de la réhabilitation étant dans Batman Begins un traitement psychiatrique prétexte à la manipulation opérée par le psychiatre Crane, qui est révélé comme étant un grand méchant..). Et cet enthousiasme de droite en pleine déchéance (les bons meurent en héros ou deviennent méchants, blablabla..) serait compensé et soigné par l'intervention d'un dispositif hors des règles (donc d'autant plus brutal) au nom de l'ordre plus que de la morale. Pourtant, la morale aussi est bien là, et peut devenir la motivation principale du discours de Batman lorsqu'il renonce à tuer ou à voir ses compatriotes se faire exécuter au nom d'une cause qu'elle qu'elle soit. "C'est votre droit (de préférer cette société à l'ancienne) mais ..." je n'ai plus la réplique exacte.
Mais on frise ensuite la logique de milice lorsque l'objectif devient de contrecarrer une pseudo-révolution fomentée par un ennemi revanchard qui se fait passer pour (ou qui est vraiment, c'est pas très clair) un révolutionnaire d'autant plus économiquement isolationniste et surtout portant visuellement les traits cumulés du terroriste islamiste que l'on aurait emprisonné à Guantanamo et du gauchiste dénonçant les mensonges d'Etat tout comme l'inégalité des richesses (on pense vraiment au genre de représentation virant à la diffamation qui est fréquemment effectuée dans les discours très à droite de nos jours).

Les timides dénonciations d'un ordre à l'intérieure de l'ordre, cachotié, qui serait libéré de certaines contraintes morales ne sont qu'éphémères au milieu de ce mélimélo ambiguë de culture conservatrice et néoconservatrice, peut-être symptomatique de ce que la droite majoritaire a eu tendance à devenir idéologiquement aujourd'hui.
Mais, selon moi, Batman Begins instaurait déjà un enjeux avant tout géopolitique et culturel, qui est sûrement la clef à cette ambiguïté et qui place la lecture conservatrice avec son paradigme manichéen civilisation vs. barbarie devant. Aussi, pour la lecture sociale de l'injustice, on peine à sortir de la vision atomiste d'individus dont les conditions matérielles reposeraient surtout sur un simple état de fait (les riches "vivotent" à coté des pauvres et il n'y aurait pas vraiment de liens entre les deux. On peut être ou ne pas être généreux, mais comment voir de l'injustice sans aucun lien entre les classes sociales ?). Le grand méchant du troisième volet aborde les choses sous le même angle : on ment au peuple, tout est question de vues d'esprit, de vérité vs. mensonge promulgués par des individus qui ont ou n'ont pas de moralité, pas tant que ça des conditions matérielles et certainement pas d'injustices d'origine systémique (market is, that's it).

A tout ceci, il faut rajouter que s'opère en périphérie de l'histoire une domination de mœurs conservatrices (peut-être moins consciente mais j'en doute vu les symboles utilisés) : voyons comment Selina (Catwoman) est montrée dans une relation lesbienne qui ne dure pas (où est donc subitement passé sa partenaire ?) et qui est même mise en scène comme une tentation voir une hallucination plutôt qu'une relation réelle ! On donne à la partenaire les traits et l'attitude perverse du serpent dans la Bible, qui susurre des choses à l'oreille, encourage le désir (désir matériel notamment). Toute cette mise en scène qui réinterprète ainsi la nature moralement hésitante de Catwoman a ainsi pour objet à terme de faire tomber l'ambivalente mais "généreuse" voleuse dans les bras de notre ami aux oreilles pointues qui, rappelez vous, incarne "l'ordre".
Ouf! "l'ordre" est rétabli; on a eu chaud chérie.



NEOCONSERVATISME

14/ 300/ 300 Naissance d'un Empire

Spoiler:

Ahh, Sparte n'est plus l'utopie de Jean Jacques (Rousseau).   Razz

A bien y regarder, les choses que le propos du film a le plus en commun avec l'idéologie néoconservatrice est l'obsession de la géopolitique (guerre patriotique) et des mœurs antérieurement valorisées (famille contre sexualité débridée ici considérée comme représentante de L'esclavagisme), la mise en avant de la figure du marchand comme pionnier de la démocratie, et la conviction manichéenne d'incarner des valeurs de liberté contre tous les autres. On peut rajouter l'angle de vue moral plutôt que simplement économiquement intéressé, qui marquerait généralement une différence entre le discours néoconservateur et le conservatisme de base. Un mélange mais qui caractérise bien un conservatisme offensif par delà les frontières nationales (défense par l'attaque).

Si le film en soi et le réalisateur ne sont pas tellement de cette tendance (bien au contraire, Znyder aime surtout adapter des comics avec un accent mis sur la fidélité esthétique; et lui comme sa femme, qui est productrice, expriment généralement une culture progressiste), on en a pas moins la figuration de cette hystérie post 11 Septembre qui a fait se radicaliser nombre de conservateurs ou passer sur la droite des gens d'extrême gauche un peu trop embourbés dans des aspects identitaires projetés dès lors à l'échelle collective, ... comme ce fut le cas pour ce bon vieux Frank Miller (auteur des romans graphique Sin City, et donc de 300).
Il en ressort un désir de véhiculer des symboles de puissance similaires sur ce plan à ceux qu'il voit dans la culture islamique mais avec les traits idéologiques et la ferveur de la mythologie grecque occidentale, ici complètement idéalisée, déformée, et glorifiée avec une volonté de rendre un spectacle "homérique", mythique plutôt qu'historique. ... Je trouve que l'on est plus proche d'un délire manichéen qui par ailleurs fait l'impasse sur l'esclavage et la misogynie existant en Grèce à la même époque (la suite soulèvera un peu plus cet aspect), et on en rajoute sur les perses d'une manière complètement anhistorique, mais vous avez l'état d'esprit.



NATIONALISME/REPUBLICANISME AUTORITAIRE, MONARCHIE ABSOLUE, ou IMPERIALISME
Je ne sais pas mais de nos jours ça fait d'excellents méchants de cinéma.  Lol
Les films plus ou moins historique ayant pour fond une lutte de territoire dans le genre Braveheart (qui d'après Allocine aurait été plébiscité par Marine Le Pen) ne sont pas suffisamment apparentés à une idéologie pour adopter les traits de cette tendance. Le patriotisme et ses figures historiques sont souvent revendiquées et instrumentalisées par des courants divers, pour renforcer l'image, galvaniser et réunir les foules autour d'un symbole consensuel. Si quelqu'un trouve toutefois un exemple récent de film dont le nationaliste autoritaire est le héros, ou bien représenté positivement et de manière assez explicite, ce sera de circonstance.



LIBERTARISME/LIBERTARIANISME

15/ (saga) Pirates des Caraïbes
Spoiler:

Film surtout commercial mais avec une bonne grosse grappe de personnages que l'on mettrait dans la catégorie moralement "neutral" (dans le système d'alignement Donjons et Dragons  Lol) que les libertariens pourraient divinement apprécier. Ce n'est peut-être pas tant parce que le producteur Jerry Bruckeimer se revendique de cette tendance politique, mais parce que quand-même, on a un pirate ENTP complètement intéressé (pas du genre à se démener pour des grandes causes), des pirates présentés comme nos principaux protagonistes, le tout se retrouvant généralement face à des gouvernements, des institutions de commerce international qui exercent un monopole sur la région des Caraïbes, ou bien des corsaires (anciens pirates qui ont vendu leurs services aux rois et aux reines pour attraper les pirates qui souillent les mers). Moralité ? Et bien il n'y en a pas. :XD A part soyez un honnête pirate qui respecte le code de la piraterie et se fait un paquet de fric.
Cette dichotomie pirates vs. autorités ou vs. monopoles et les mécanismes emphatiques que le film essaye de déclencher chez le spectateur en mettant nos protagonistes dans des situations de danger nous font mélanger la liberté avec les affaristes sans frontière qui s'associent et se "désassocient" pour obtenir le meilleur butin, et l'oppression avec les formes d'autorité cherchant à contrôler ces affairistes, à les éradiquer, ou bien à occuper un monopole sur leur terrain de jeu. On a donc suffisamment de matière pour assimiler quelques conceptions libertariennes, au moins de façon subliminale. Le premier volet tranche toutefois, peut-être pour rester plus proche du discours majoritaire à hollywood en incluant une méfiance à l'égard de l’appât du gain. Le plus récent s'annonce tout autre.
Spoiler:


16/ Atlas Shrugged
Spoiler:

Carrément une adaptation du roman Atlas Strugged de la grandiloquente INTJ Ayn Rand, une émigrée russe choquée par la révolution et l'expropriation de son père pharmacien (qui s'était retrouvé à fabriquer des tailles crayons du fait de la politique d'économie planifiée menée par le gouvernement révolutionnaire bolchevique). Elle imagine dans son oeuvre une grève des riches, qu'elle appelle "hommes de l'esprit" et désigne comme quasi seule autorité nécessaire au bon développement d'une société. Elle y prône une objectivité de la valeur (comme Karl Marx mais avec une idéologie capitaliste) ...

On a même droit à une apparition de Ron Paul en personne dans le troisième volet, c'est dire si le libertarisme est prégnant ! Pourtant, l’œuvre est à la base antérieure au mouvement libertarien (très récent) et partage surtout un nombre considérable d'aspect avec.

Le gros point positif c'est sûrement la dénonciation du copinage, à l'heure où d'ailleurs nous entendons dans l'actualité comment se déroulent les traditionnels placements d'alliés par l'administration gouvernementale dans des entreprises clef. Mais à part ça et l'optimisme technologique, je n'ai pas grand-chose à louer dans cette histoire (à+ Ton neutre, on s'appelle  Lol). "L'égoïsme rationnel" n'a pas a avoir le monopole du pouvoir, pas plus que ne l'auraient inversement le gouvernement ou bien les syndicats de salariés (ou de patrons), et on peut sentir simplement la rancœur d'une auteure qui a vécu l'expropriation durant une révolution non moins manichéenne et au fond injuste, tout ceci étant bien loin des idéologies intermédiaires.

D'ailleurs, tout est facilement question de jalousie chez Ayn Rand, qu'elle oppose à des esprits brillants et supposément les véritables maîtres de la société pour cette raison.
Moui, tout est un peu trop "de l'esprit" mais rend compte de cette humeur politique survenue dans l'Amérique contemporaine marquée par la guerre froide. Après tout, n'est-ce pas tout autant injuste d'avoir l'ambition de concevoir la prochaine innovation qui va peut-être changer la surface du globe et de ne pas pourvoir mesurer la part que l'on a accompli pour cela dans son revenu ? Oui, mais la question exacte n'est-elle pas en réalité n'est-ce pas injuste d'avoir le pouvoir d'ôter du revenu à quiconque qui a participé dans l'élaboration, la production, et la mise en place d'une innovation ayant changé la surface du globe ? Et là, sans égalité que devient la liberté ?

Voilà une formidable ouverture (je n'ai pas réussi à être parfaitement neutre avec le libertarisme mais le sujet a la propension à produire ce genre d'excellente question  Smile ).
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Message(#) Sujet: Re: La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent Icon_minitimeJeu 13 Avr 2017, 18:46

GBat a écrit:
Aussi, si vous avez des exemples pour la droite nationaliste et éventuellement d'autres nuances afin d'améliorer/compléter la liste (dans la mesure du possible) proposez et décrivez en quoi ça illustre ces courants. Ou bien proposez une nouvelle liste.
Rappelez-vous toutefois que ça concerne le cinéma récent, ce qui ne facilite pas la tache j'en suis bien conscient.

Je te conseille néanmoins de commencer par les basiques comme Le Cuirassé Potemkine d'Eisenstein pour le communisme ou Le Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl pour le national-socialisme qui continuent à influencer, du moins dans la manière de filmer, les réalisateurs récents.

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Message(#) Sujet: Re: La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent Icon_minitimeJeu 13 Avr 2017, 18:54

Oui mais on a dit "récent". C'est ça qui est compliqué. Souvent les régimes monarchistes ou totalitaires montrés de façon positives sont des allégories dans les films récents pour montrer autre chose, donc ça compte pas et c'est disons difficile de trouver d'authentiques plaidoyers.
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Message(#) Sujet: Re: La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent Icon_minitimeJeu 13 Avr 2017, 19:10

Je m'interroge sur plusieurs choses.
Premièrement, je n'ai pas lu encore tout ( je le lis sur papier parce que le post sur pc est trop long).

J'ai essayé d'être le plus neutre et descriptif possible (pas toujours évident) pour bien cerner toutes les tendances représentées, indépendamment de la qualité des films et de leur scénario qui n'est pas le sujet ici. L'objectif est vraiment que ça soit enrichissant, pas que ce soit une tribune pour favoriser telles idées et rabaisser telles autres. a écrit:

Les intentions que tu portes à un film, surtout politique sont toujours subjectives. Du coup quel est l'intérêt de rester neutre et descriptif et ne pas aller plus loin, dans l'analyse?

Je partage l'avis de Fried, autant commencer par les classiques du genre ou alors ne pas s'enfermer dans l'idée du film récent sans pouvoir le rattacher à une convention de la mise en scène qui pourrait être rattachée à des films anciens. ( je trouve ça dommage)
Que fais tu du cinéma indépendant américain dans ce cas, qui est aussi très populaire.
Tu parles également du cinéma subventionné avec Wolverine, pourquoi ne pas parler de film amazon ou netflix aussi.
Je reviendrais quand j'aurais finit de tout lire.
Il me semble que tu oublies aussi tout ce qui est Marxisme pour Snowpiercer, et opposition individu/communauté. Mais, j'arrive aussi.

Je m'interroge quand même sur l'idée d'établir juste une liste neutre comme tu le dis. Je ne vois pas trop l'intérêt, mais peut être tu l'expliques dans le suite de ton article.

Voilou.
( je participe jamais au Topic d'habitude, j'aime l'idée de parler de cinéma, après "enfermer" ça aux conventions politiques me dérange un peu je dois l'avouer)
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Message(#) Sujet: Re: La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent La figuration des idées politiques dans le cinéma populaire récent Icon_minitimeJeu 13 Avr 2017, 20:50

Salut !

Questions très pertinentes, pas de soucis.

Citation :
Les intentions que tu portes à un film, surtout politique sont toujours subjectives. Du coup quel est l'intérêt de rester neutre et descriptif et ne pas aller plus loin, dans l'analyse?
C'est effectivement plus un objectif idéal à atteindre, d'où "le plus neutre et descriptif possible (pas toujours évident)".
Moi même, et tu peux le voir dans la section "films que vous regardez" du forum (je n'ai plus le titre exacte), je donne d'habitude beaucoup plus mon avis sur le fond d'un propos. Mais commencer par essayer de restituer l'intention d'un auteur lorsqu'elle est explicite, ou bien le potentiel objectif de son film, me parait être une bonne chose. C'est ce que j'ai voulu faire ici. Tu peux suggérer que soulever le "potentiel objectif" d'un film ce n'est déjà plus être neutre en tant que concepteur d'une analyse parce que ça va plus loin que l'intention de l'auteur. C'est vrai d'une certaine manière, mais dans ce cas c'est ce que le film nous renvoie indépendamment de notre perception qui est sensé être objectif; c'est la structure qu'il a objectivement en commun avec les idées et le réel. Donc on peut très bien soulever les subjectivités : la notre, celle de l'auteur, puis le potentiel objectif d'un film (c'est comme ça que je vois une analyse idéale en général), et soustraire ce dernier au reste. On peut se tromper en s'effectuant, mais ça n'exclue pas l'enjeu de la qualité "objective" à mon avis.
Reste à savoir, qu'est-ce que l'objectivité quand il est question de culture ? aha très bonne question. On pourrait presque dire que tout est subjectivité, et que ce qu'on appelle vulgairement objectivité n'est qu'une vision collective, donc tout de même subjective, des choses. Mais je ne crois pas. La façon de découper le réel, de parler, user un langage, constitue de la subjectivité, mais une fois qu'on s'est accordé sur ces repères, on peut soulever avec leur aide l'existence de structures sous-jacentes de ce qui est, que l'on voit tous et pouvons nommer "objectif" (sais pas si c'est clair dis comme ça :xd). Mais pour ainsi dire, si ces structures n'existaient pas on seraient absolument incapable de communiquer sur quoi que ce soit; ça nous indique que cette objectivité doit exister un minimum. Et s'il y a une meilleure façon d'en parler on refait un détour par la subjectivité, pas de problème.
Aussi, je tiens à dire que faire un sujet sur l'aspect politique des films ne les y réduit pas, surtout lorsque cet aspect est potentiel. Le cinéma dont je parle ici est justement conçu avant tout comme un produit, comme quelque chose qui n'est pas sensé être politique la plupart du temps (exceptions faites des visions d'auteur et des subventionnés comme pour Le Transperceneigne ou Wolverine en effet).

Citation :
Je partage l'avis de Fried, autant commencer par les classiques du genre ou alors ne pas s'enfermer dans l'idée du film récent sans pouvoir le rattacher à une convention de la mise en scène qui pourrait être rattachée à des films anciens. ( je trouve ça dommage)
ça nous fait élargir le sujet alors. Ce qui m'intéressait pour ce topic c'était vraiment le cinéma actuel et à gros budget, parce que c'est celui qui est omniprésent, que les gens bouffent sans prendre au sérieux, que l'on attend comme divertissant et pas politique, et que ce qu'il contient dépasse amplement l'image que les promos en renvoient. On pourra aussi parler de cinéma indépendant si tu veux, mais généralement ce dernier est un cinéma moins schizophrène, qui ne dupe pas l'inconscient de cette manière, ou moins souvent.
Le spectateur de cinéma indépendant s'attendra justement beaucoup plus à la dimension politique ou à toute chose plus profonde et sérieuse dans les films; donc il me semblait qu'il avait moins à apprendre, qu'il partait de moins loin, que le spectateur lambda de divertissements; des divertissements qui ne se limitent pas à ce qu'on en présente généralement. Tu vois l'intérêt là ? Wink
Après, comme je le disais, il y a des cas pour les films à gros budget où c'est parfaitement assumé et où on peut trouver l'information qui a été révélée publiquement (cas de Wolverine), mais ça demeure souvent en marge des promos de base, celles qui s'adressent à la plupart des gens.

Ca serait devenu un sujet compliqué à introduire que de s'étendre au stream et à Netflix etc, mais pourquoi pas. Tu peux faire aller le topic dans cette direction par la suite si tu veux c'est une bonne idée.
Moi dans l'idéal, je me verrai bien tenter de rendre accessible le films d'auteur, les films à petit budget et indé au public habitué aux blockbusters par exemple (j'ai déjà un peu essayé), mais je n'ai pas encore assez de références à mon avis.

Bon, et sinon j'ai l'impression que l'usage du terme "populaire" est déroutant pour ce topic. J'aurais peut-être dû me contenter des autres : "Le cinéma à gros budget", ou "mainstream", ou "blockbusters".

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