Sujet très intéressant et réfléchi (étonnant pour un F
)
D'abord :
- Aleaphile a écrit:
- "les Ti sont bien plus susceptibles de tomber d'accord que les Fi, parce qu'ils se réfèrent à la logique (universelle, Une, toussa)"
Celui qui dit ça n'a jamais vu de débats d'INTP. ^^
Maintenant, ce que tu dis est très vrai, et il me semble que ça tient notamment à une erreur très commune (et apparemment très profondément ancrée chez l'homme moderne d'après Jung) : celle du dualisme cognitif. On en parlait avec Exil, mais il y a une tendance au sein de la compréhension du modèle à poser une opposition binaire entre les axes, alors que c'est faux!
Ni/Se par exemple, n'est qu'une tendance à se développer plus dans la direction du Ni, mais le Se y est nécessairement présent, quoique souvent "inconscient" et en partie refoulée. Ca revient à se croire le maître total de son esprit en prétextant que seul sa conscience existe, alors que l'inconscient fait la merde derrière.
En exemple, un pur Ne, c'est Caracole dans La Horde du Contrevent. Or justement, Caracole n'est pas un être humain! C'est quasiment une métaphore. ^^
Exemple humain cette fois, et qui parlera probablement un peu plus à tous le monde : la plupart des gens s'accordent à dire que Sherlock (dans la série de la BBC) est INTJ. Son N est assez obvious, et son Te évident car il ne s'intéresse qu'à ce qui a une utilisation pratique. Et pourtant, malgré l'envergure dantesque de son Te, Sherlock pète parfois complètement des cables. On pourrait dire que c'est le Fi qui se manifeste, mais ce serait là une autre biais introduit par le langage : il se prend juste dans la gueule le retour de bâton de sa tentative d’unilatéralité, de se définir uniquement par le Te.
Ensuite, pour le cliché pourrave "Le S y sont cons", c'est en grande partie parce que sur ce forum (et sur le net en général d'ailleurs), il y a une masse de gens très très N. Lesquels pestent contre ces vils S qui sont prédominants, et qui leur pourrissent la vie. De plus, la personne blessée à une tendance à mépriser la différence, ce qui explique par exemple mes potes INTPs qui méprisent complètement les sportifs de haut niveau : oui, je n'aime pas particulièrement le sport, mais faut quand même une détermination et un entrainement hors du commun pour réussir à faire ces actions là!
En plus, dans le paysage "grand public" (la télé par exemple) beaucoup plus de S sont visibles que de N, et les programmes TV ça ne vole pas souvent bien haut. ^^
Le N carabiné a aussi une masse de défauts impressionnant hein :
-avoir des idées n'a pas foncièrement de valeur, c'est leur réalisation ou leur partage dans une moindre mesure qui en a.
-Incapacité à s'organiser.
-Incapacité à se fixer, à décider, à couper ne serait-ce qu'une minuscule branche sur l'arbre des possibilités.
-Vivre par l'intermédiaire du rêve et de l'imagination, sans jamais rien concrétiser.
Et j'en passe.
Ensuite, pour la question du T et du F, je pense que revenir aux définitions de bases de Jung est une bonne idée.
Dans l'homme à la découverte de son âme (le seul bouquin que j'ai lu de lui. ^^), il définit les quatres orientations cognitives T,F, N, S comme les moyens d'interaction de la conscience avec le monde. Avec ce qui est extérieur au moi.
Et pour lui, le T est la capacité à s'interroger sur ce qui est perçu (que ce soit par la sensation ou l'intuition) tandis que le F est la capacité à tisser des liens avec ce qui est perçu, à se placer en relation avec le monde.
D'après cette définition, dire que le T est la réflexion et le F l'émotion me semble abusé. Tout comme dire que le T est objectif et le F subjectif : un Ti-dom peut se paumer complètement dans sa propre perception du monde tandis qu'un Fe-dom peut avoir une vision du monde profondément empathique avec beaucoup de personnes, ce qui se rapproche assez de l'objectivité.
Mais encore une fois, c'est tomber dans le piège du dualisme, cette notion qu'on est F OU T. Alors qu'en fait, il s'agit simplement de tendance vers l'un des fonctionnements, sans jamais se libérer de l'autre. D'où à mon sens, la capacité de réflexion est liée à un certain équilibre : un F qui tient compte de son T, ne le nie pas, mais le considère comme une partie de lui même, pourra être bien plus réfléchie qu'un T qui refuse tout lien avec son F, et par là se braque et agit sous le coup d'une charge émotionnelle en roue libre.
De la même manière, un S qui prend en compte son N peut-être éminemment créatif (beaucoup de grands peintres sont S, et tu ne vas pas me dire qu'ils ne sont pas imaginatifs).
Au final, tout ça dépend vraiment de l'utilisation qui est faite du modèle (et de la psychologie en général, en tout cas pour soi) : est-ce que le but est de se glorifier dans toute la spécificité de ses conneries et de ses faiblesses, ou plutôt de chercher à être quelqu'un de meilleur, même si ça passe par des efforts, et par regarder en face un aspect de soi qui met à mal son égo (d'expérience, considérer son Si comme quelque chose qui est une part intégrante de toi peut être très, très douloureux pour un Ne dom)