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 Partie II-2 : Les arguments psychologiques

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Titiwilly
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Titiwilly

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Message(#) Sujet: Partie II-2 : Les arguments psychologiques Partie II-2 : Les arguments psychologiques Icon_minitimeMar 10 Mai 2016, 16:41

2. Les arguments psychologiques


Les arguments étudiés précédemment sont sans doute les plus importants, car ils sont les plus rationnels et les plus évidents : ils se basent sur l'ordonnancement du monde réel, et sur des principes de bon sens qui sont à la portée de tous, quel que puisse être leur degré d'érudition. Je vous concède qu'il n'est pas évident d’imaginer qu'il existe une entité qui soit incréée et éternelle, qui trouve en elle-même la raison de l’existence, qui existe depuis le commencement et avant même l'existence de l'Univers puisqu'elle est responsable de sa création ; mais c'est tout simplement sa seule explication possible, la seule solution logique et rationnelle qui existe pour expliquer l'ordonnancement du monde tel qu'il est.


Il n'est pas possible que l'Univers aie commencé par « rien », ça serait postuler que l'ordre aie pu sortir du chaos, ce qui est absurde. Mais de même que nous sommes capables d'imaginer l'idée d'infini, d'abstraire cette notion lorsqu'il s'agit de faire des démonstrations mathématiques, et que nous sommes pourtant incapables de la « voir » ou de nous la représenter concrètement (cela dépasse les forces de notre intelligence – mais pourtant, nous comprenons de quoi il s'agit), nous sommes capables de comprendre ce qu'est Dieu dans ses attributions métaphysiques objectives, mais nous sommes absolument incapable d'imaginer ce qu'il peut être concrètement, ni de comprendre sa nature intrinsèque, c'est au dessus des forces de notre intelligence, exactement comme pour la notion d'infini. Mais son existence n'en est pas moins certaine et nécessaire.


Cela étant dit, je ne m'attarderais pas d'avantage sur ces question là. Je les évoquerais de nouveau cependant dans une troisième section qui consistera à réfuter les objections couramment avancées pour « nier » l'existence de Dieu.


Nous allons désormais parler … de psychologie ! Enfin, ces posts réussiront à trouver un lien, fusse-t-il lointain et diffus, avec le forum sur lequel ils sont postés. L'âme humaine a certaines caractéristiques, qui induisent de manière plus ou moins évidente l'existence de Dieu. Nous consacrerons une partie III pour expliquer plus en détail la question de l'existence de l'âme humaine, en tant qu'entité spirituelle et immortelle, mais en attendant contentez vous de remplacer le mot « âme » par « esprit » ou « psyché » si vous tenez tout prix à opter pour un vocabulaire « laïc » (ces termes désignent exactement la même chose que l'âme, mais soit). Nous allons montrer que l'existence de Dieu est déductible de certaines lois de l'esprit humain.


Ces arguments sont peut-être « moins importants », mais ils sont souvent « plus parlants », en revanche. Beaucoup de gens sont d'avantage touchés ou interpellés par ces arguments, qui sont moins austères et peut-être plus « illustrés » que les arguments de causalité, qui touchent à des choses assez abstraites et pas forcément faciles d'accès, bien qu'ils soient tout à fait logiques et rationnels. Nous résumerons les arguments psychologiques en trois propositions : 1- L'âme humaine est en quête d'un Bonheur parfait, 2- Il existe une loi morale qui s'impose à la conscience de tout homme, 3- Toutes les civilisations du monde ont cru en un Dieu créateur et ordinateur.




A. L'âme humaine est en quête d'un Bonheur parfait


Le Bonheur ! C'est ce que nous cherchons.


Peu importe que vous ayez ou non « abdiqué », opté pour une solution de compromis en estimant avec une certaine sagesse que le Bonheur parfait n'existait pas en ce monde (et vous avez raison de penser cela), tout ce que vous entreprenez, tout ce que vous faites : vous le faites en pensant que cela vous rendra heureux.


Nous fuyons ce qui nous dérange, ce qui nous ennuie, ce qui nous indispose, et nous cherchons ce qui nous contente, ce qui nous fait jouir, ce qui nous rends paisibles et rassurés, ou alors nous exalte, selon les moments et selon le caractère de chacun. Et nous sommes en outre capable de privilégier un moindre mal pour un plus grand bien, par exemple en faisant un travail fatiguant, car nous sommes raisonnables et nous savons que cela est pour notre plus grand bien, que cela nous rendra heureux un peu plus tard : on travaille dur en pensant au repos dont nous pourrons jouir ensuite, ou en pensant à ses enfants que l'on pourra nourrir et éduquer grâce à son travail par exemple, en estimant que le bonheur de nos enfants fait notre bonheur.


La plupart des personnes aiment à trouver une situation stable, tranquille, avec une sorte d'« équilibre » entre les plaisirs et les déplaisirs, un compromis plus ou moins routinier. Certaines personnes sont plus excessives et plus immatures : elles ont du mal à se contrôler et ont tendance à faire « n'importe quoi », à faire des choses qui ne sont pas raisonnables, comme à vivre au jour le jour sans penser au lendemain et sans penser à avoir une situation stable, ce qui leur porte préjudice tôt ou tard. Souvent les parents insistent pour « responsabiliser » leurs jeunes enfants, ou leurs adolescents un peu turbulents qui négligent leur avenir à force de trop vouloir d'amuser, qui ne mesurent pas bien la portée de leurs actions.


Pourtant, on se dit parfois que cette petite routine, ce petit train-train quotidien, cela ne suffit pas : ce n'est qu'un tranquillisant, c'est de la mollesse, nous finissons par nous ennuyer et nous languir, et nous sentons que nous aspirons à plus, que nous aspirons à mieux. Qui n'a jamais éprouvé, au milieu des distractions et des consolations en tout genre, une sensation de vide profond, de léthargie quasi-dépressive ? Certaines choses qui nous passionnent habituellement peuvent nous laisser indifférent ou même nous dégoûter, à certains moments.


Bien sûr cela ne dure pas longtemps, nous trouvons rapidement de quoi nous occuper de nouveau en général, le cours ordinaire de la vie nous rattrape bien assez tôt. Mais nous avons tout de même besoin de nouveauté, d'innovation, de variété, d'intensité : nous cherchons le bonheur, de manière plus ou moins confuse et désordonnée, avec plus ou moins d'empressement, mais c'est bien cela que nous cherchons.


Et pourtant, pourtant … Dieu sait que la vie est pleine de malheurs et de frustrations. Ce que nous désirons, nous ne l'avons pas toujours forcément ; et une fois que nous l'avons ! Nous en voulons d'avantage, ou nous trouvons que ce n'est pas assez, que ça aurait dû être mieux ou différent, que ce n'est pas comme nous l'aurions voulu, nous sommes insatisfaits ; soit nous nous contentons des choses telles qu'elles sont par logique de « compromis », soit nous cherchons ardemment autre chose, nous nous remettons en quête de la nouvelle pépite qui pourra nous apporter un bonheur vrai et intense, et si possible durable.


Une vie ordonnée par la quête du plaisir est une fuite en avant, une cavale désordonnée et chaotique. Mais d'un autre côté, une vie de compromis, avec sa petite routine tranquille, est une vie molle et avilissante. Que faire, que choisir ? Comment être véritablement heureux ? Le Bonheur, nous n'en voulons pas qu'à moitié, nous en voulons beaucoup, nous voulons le plus intense possible. C'est une quête spirituelle, qui nous habite au plus profond de nous-même : contrairement aux animaux qui se contentent simplement de vivre, en suivant des schémas préétablis, en suivant ce que leur dicte leur nature, pour notre part nous cherchons à vivre d'une vie complète et heureuse. Et nous ne savons pas très bien comment faire à vrai dire … beaucoup affirment être « heureux », mais c'est surtout une façade pour bien se vendre, pour voir l'air vif et attirant. On se sait pas bien ce qui se cache dans les méandres de leur conscience, on ne sait pas très bien ce qu'il en sera de leur « bonheur » dans les moments difficiles et incertains où la vie les amènera tôt ou tard.


Ce désir d'un bonheur pur et parfait est dans notre nature. Et il ne s'agit pas uniquement d'une impulsion animale, instinctive, mécanique : au contraire, cela touche d'une manière plus ou moins approchantes à des choses spirituelles, à des états d'âme, à l'ordonnancement de notre vie toute entière. Nous n'avons pas besoin, au niveau corporel, au niveau de notre survie, d'avoir des distractions multiples et variées. Mais notre esprit, notre âme, a besoin de distraction au même titre que notre corps a besoin de repos.


Nous n'avons pas besoin, au niveau corporel et matériel, d'avoir l'estime de nos pairs. Pourtant nous sommes malheureux si nous n'avons pas d'amis, et si nous sommes détestés ou moqués pour X raison. Nous sommes malheureux lorsqu'une personne que nous aimons meurt ou souffre beaucoup, nous sommes malheureux lors d'une rupture ou d'une séparation inopinée. A l'inverse, nous sommes contents si nos pairs nous apprécient, nous pouvons par exemple chercher les honneurs (en voulant « être reconnu pour son travail », ou pour les plus ambitieux en voulant « laisser une trace » dans l'Histoire de l'humanité), ou encore chercher la paix du foyer (en fondant une famille et en vivant entouré d'amour, de solidarité).


Nous n'avons pas non plus besoin, au sens physiologique, au sens biologique, de comprendre ce qui se passe autour de nous, d'étudier les sciences et d'accumuler du savoir, de chercher à comprendre pourquoi les choses fonctionnent ainsi, pourquoi elles sont alors qu'elles pourraient ne pas être, de chercher la vérité. Pourtant ce désir de compréhension, cette soif de vérité, anime toute une part de l'humanité depuis la plus haute antiquité. Et il ne s'agit pas uniquement d'une volonté de « dominer » son environnement, mais bien d'une démarche de savoir désintéressée, « naïve » par certains aspects, de ce sentiment qui guidait les travaux d'Aristote, d'Hérodote, de bien d'autres esprits de la Grèce antique, et qui anime aujourd'hui les travaux de beaucoup de chercheurs scientifiques.


Pourtant ces choses là (distractions, expériences – amitiés, amour – compréhension, quête de savoir), ces envies et ces désirs, nous animent et guident notre quête de Bonheur. Se contenter de les faire dériver de besoins physiologiques, en disant par exemple que notre besoin d'amitié ou d'amour, découle du même instinct grégaire que celui des fourmis, en disant que notre besoin de connaître la vérité découle d'un besoin pragmatique de contrôler son environnement, c'est faire du réductionnisme, passer à côté de ce qui fait la spécificité de l'espèce humaine. Si cela vous coûte trop de dire que c'est lié à « l'âme », dites au moins que c'est lié à l'esprit, à la psychologie.


Vous vous demandez peut-être : « Où veut-il en venir avec tout ça ? Aucun lien avec Dieu. »


J'y viens. Cette quette du bonheur est ce qui guide toute notre vie, qui que nous soyons et quels que soient les moyens que nous utilisons pour essayer d'y arriver. De cela découlera l'affirmation suivante : il faut qu'un Bonheur parfait existe, puisque l'âme le cherche. Je m'explique : De même que l’œil cherche la lumière, que le palais cherche les bonnes saveurs, que les jambes cherchent à marcher, que les doigts cherchent à prendre des objets, l'âme cherche à être heureuse ; elle a été faite pour cela.


Il faut qu'un bonheur parfait existe ; pourtant, il n'existe pas en ce monde : quiconque a un tant soit peu de sagesse est capable de s'en rendre compte. Ce monde est rempli d'incertitudes et de douleurs, nous aurons beau être très performants, très talentueux, très prévoyants : nous pouvons très bien être brisés tôt ou tard par tel événement grave et imprévu, par des choses qui arrivent indépendamment de notre volonté et qui perturbent tout notre équilibre, tous nos projets. Nous aurons beau être comblés de joie un jour : le lendemain, telle chose inattendue rendra les événements beaucoup plus difficiles. Tout ce qui existe en ce monde est instable, passager, périssable, incertain, soumis à l'altération et aux mouvements en tout genre. Inutile de nier cela, de chercher à se voiler la face ! La beauté d'une femme, la passion que vous nourrissez l'un pour l'autre : même cela, ça ne fait que passer. Et puis, un jour, vous allez mourir. Est-il seulement nécessaire d'insister sur ces banalités de sens commun, qui alimentent  les mélodrames du monde entier depuis que la littérature existe et qu'elle permets aux hommes d'exprimer leurs diverses langueurs.


Alors où est-il, ce bonheur parfait ? Est-il possible que notre nature soit trompeuse, que nous cherchions de manière insatiable et permanente un bonheur qui n'existe pas ? Ce serait absurde, comme ce serait absurde que nous ayons des yeux si la lumière n'existait pas. Donc, où est-il : peut-être se trouve-t-il du côté de Celui qui a créé l'Univers et qui ne connaît aucune altération, aucun mouvement, aucune vicissitude, qui ne connaît ni les effets du temps ni les effets de la matière, Celui qui trouve en lui-même la raison de son existence et qui est la source de toutes les perfections. Cette entité philosophique abstraite dont nous parlions dans la section 1, dont beaucoup de gens ont du mal à concevoir l'existence ; peut-être qu'Il pourrait bien vous « servir à quelque chose » un jour.


En tout cas, c'est ce que nous disons, nous autres chrétiens. Si nous sommes soumis aux commandements de Dieu, si nous voulons contraindre notre volonté propre pour la faire plier à la sienne, si nous nous interdisons de faire beaucoup de choses et nous obligeons à en faire beaucoup d'autres, si nous nous bornons à vivre en retrait de la frénésie du monde moderne, quitte à passer pour des gens ringards, des gens fous ou « extrémistes », c'est parce que nous voulons être heureux. Le « projet » chrétien, c'est le Bonheur véritable et éternel, pour tous ceux qui feraient l'effort de le vouloir.


L'argument de toute cette section sur le Bonheur, nous l'avons déjà exprimé : puisqu'il est dans la nature de notre âme de rechercher le bonheur, un bonheur véritable et parfait, il faut que ce bonheur existe. Et il faut qu'il se trouve du côté de ce qui est inaltérable, qui n'est pas susceptible de souillure ou de corruption. Platon avait plus ou moins approché ces notions à l'aide d'une certaine philosophie naturelle ; mais tout le monde n'est pas Platon. J'espère au moins vous amener à réfléchir sur la vacuité des joies terrestres, et la possibilité de joies spirituelles et éternelles, dont il est question dans la Révélation chrétienne.



B. Il existe une loi morale


1. Tout homme a une conscience morale


Si comme moi vous avez beaucoup étudié, au cours de vos études ou par d'autres biais, l'Histoire, la sociologie, la science politique, l'anthropologie … vous avez pu constater que l'humanité a connu des institutions et des normes tout à fait diverses, en fonction des époques, des civilisations et des ethnies. Beaucoup de normes, de valeurs, de représentations symboliques et morales, sont contingentes et dépendent d'un certain contexte social. Le poids des logiques sociales dans les mentalités individuelles, jusque dans les représentations les plus intimes et les plus subjectives, est considérable.


Il existe à chaque époque des mentalités dominantes, des systèmes de valeurs qui s'imposent comme « naturels » à une société ou un groupe social donné  : aujourd'hui par exemple, parmi les personnes de moins de 40 ans (pour prendre un pallier quelconque), c'est l'idéologie libertaire et permissive, qui prétends que le but de la vie consiste à s'amuser et à choisir ce que l'on veut être sans avoir à rendre de comptes à qui que ce soit, à faire tout ce que l'on veut du moment que cela ne « porte atteinte » à personne. C'est une « mode » très récente, très identifiable sur le plan historique et idéologique, quelque chose qui n'a rien de naturel ou d'évident par soi-même, bien au contraire.


Mais certains sociologues ou anthropologues vont trop vite en besogne en disant que « la Morale est quelque chose de contingent, d'arbitraire, qui n'a rien de naturel et qui est socialement déterminé ». Est-ce bien certain que ceci ? … Si vous avez étudié beaucoup de groupes sociaux, de civilisations et d'époques différentes, vous avez pu constater qu'il existe, en matière cognitive et morale, des concepts ou des idées tout à fait universelles. Autrement il n'y aurait pas d'espèce humaine …


Tout homme a une conscience morale, c'est certain. Hors cas de déficience majeure comme la psychopathie ou ce genre de choses, toute personne a « des limites », a une certaine notion du bien et du mal. Encore que je ne connais que très peu de chose sur les sociopathes et les psychopathes : je ne sais pas, par exemple, s'ils ont l'idée que ce qu'ils font est « mal » mais qu'ils le font quand même, ou s'ils ne savent absolument pas poser des limites entre le bien et le mal, si seule leur jouissance individuelle est considérée comme un « bien ». Quoiqu'il en soit ce sont des cas de déficience et d'anomalie universellement reconnus comme tels.


Dans toutes les sociétés du monde et à toutes les époques données, y compris dans les peuplades les plus primitives et les plus proches de la vie animale, il a existé des valeurs régulant la vie en commun et s'imposant en tant que tel à la conscience de tout homme : la notion d'honnêteté (c'est mal de mentir), la notion de justice (il faut rendre à chacun ce qui lui est dû), l'idée que les droits s'accompagnent de devoirs (telle institution ou telle personne me protège, je lui doit en retour l'obéissance, l'amour, l'assistance, etc), l'idée qu'il existe des règles qui doivent rythmer la vie sociale (il y a des choses qui « ne se font pas », et  il y a aussi des choses qui créent de la cohésion et de l'harmonie dans le groupe), l'idée qu'il existe des vertus et des vices (je me dis en mon for intérieur que telle chose est « bonne », telle autre chose « mauvaise », sur le plan moral).


Qu'importe que tel peuple insiste d'avantage sur cette vertu, soit plus complaisant envers tel vice, ou ait une conception différente de la manière dont doive être régulée la vie en commun, dont tel problème en particulier doit être traité … ce sont des divergences accidentelles, anecdotiques, qui n'enlèvent rien à l'essentialité de la loi morale.


On répète souvent le mot de Pascal, en classe de philosophie par exemple, pour justifier une sorte de relativisme radical : « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà »… cela ne s'applique pourtant qu'à des choses qui n'ont rien d'essentiel. Que l'on boive plutôt du thé que du café le matin, est-ce que ça a la moindre incidence sur l'objectivité de la loi morale ?


Ces différences accidentelles n'enlèvent absolument rien au fait que tous croient à l'existence du Bien et du mal, qu'ils aient honte d'être criminels et soient fiers d'être vertueux. Prétendre que la loi morale n'existe pas, qu'elle est construite, c'est dire que ceux qui n'ont aucune limite, les hommes « sans foi ni loi », les sociopathes, ceux que tout le genre humain considère universellement comme des monstres, sont le plus proche de ce qu'est la nature humaine.


C'est ridicule : l'immense majorité des hommes ont bien un minium de « foi » et de « loi », quelques principes aussi rudimentaires soient-ils concernant l'honnêteté, la justice … et ceux qui sont menteurs et injustes, qui déclarent trouver la justice et l'honnêteté « inutiles » ou « naïves », ne prétendent nullement instaurer une « nouvelle norme », mais simplement abolir toute norme, au moins dans leur conscience individuelle. Ils refusent la loi morale, au détriment de leur jouissance individuelle.



2. Le genre humain affirme universellement l'existence de la loi morale


Si vous étudiez les mœurs d'une peuplade lointaine et très primitive, vous pouvez être « touchés » de voir qu'il existe dans le cœur de ces hommes, qui semblent si loin de nous sur tous les plans, des notions d’hospitalité, de justice, de clémence, d'honnêteté, de sens du devoir. C'est bien que ces choses là ne dépendent pas d'une culture ou d'une époque contingente, et qu'elles sont ancrées au plus profond de notre nature humaine.


Si vous étudiez les hauts fait de telle grande civilisation, comme la civilisation japonaise par exemple, vous êtes frappés d'une part par l'intelligence et l'habileté de ces hommes qui ont su construire et créer des choses si belles, mais vous êtes aussi impressionnés par le raffinement des arts et des mœurs, la hauteur morale à laquelle ils ont su s'élever ; tout le monde est impressionné par le don de soi et le sens de l'honneur des samouraïs, par exemple.


En étudiant l'Histoire, chacun sait également apprécier un homme qui a œuvré pour une plus grande justice et une plus grande équité dans l'organisation de la société : on apprécie l'exemple des rois justes et dévoués à leur tâche, à l'inverse on déteste ceux qui bafouent la justice et l'honnêteté dans leur exercice du pouvoir, qui font œuvre de brutalité et de cruauté, et on se méfie volontiers de ceux qui « jouent double jeu » avec leurs intrigues et leurs manigances en tout genre, etc … ces choses là s'appliquent vraiment à tous les pays, à toutes les cultures et à toutes les époques.


Cette loi morale est une réalité, objective, et tout le genre humain l'affirme d'une seule voix. Si l'on récusait la valeur du témoignage humain en ce qui concerne la réalité de la loi naturelle, on aboutirait aux conséquences suivantes :


1- La raison humaine se tromperait invinciblement, nécessairement, sur les questions les plus essentielles de la vie, et les seuls qui seraient dans le vrai seraient ceux qui rejettent obstinément de se plier à toute loi, à tout droit, de refuser de remplir la moindre obligation, c'est à dire  ceux que le genre humain considère unanimement comme des monstres et des êtres précisément « inhumains », dégradés ; nous en avons parlé un peu plus haut.


2- La société, qui est nécessaire à l'homme (c'est dans sa nature de vivre avec ses pairs), et qui repose essentiellement sur la loi morale, n'aurait alors d'autre base qu'un abominable mensonge. Encore une fois cela voudrait dire que la véritable liberté consisterait à s'abroger de toute loi, à devenir une sorte d'animal violent et prêt à tout pour assouvir ses appétits les plus désordonnés. Qui a vraiment envie de vivre comme cela ?


3- Il faudrait considérer que l'état normal de l'humanité consiste en une société vivant sans la loi morale, dans le désordre le plus total et dans une violence sans limite, et croire que cette même société a besoin, pour subsister, de se persuader à faux qu'il existe une loi morale. Ce sont plus ou moins les théories de Hobbes, bien que lui aie au moins la clairvoyance d'admettre que l'hypothèse d'un « état de nature » précédant la loi morale ne se base sur aucune présomption sérieuse, et qu'il ne s'agit que d'une manière de développer son raisonnement. Développer son raisonnement sur des prémisses faux et imaginaires … et c'est cela qu'on appelle de la philosophie …



3. Cette loi morale est obligatoire


Personne n'est en mesure de nier sérieusement la réalité de la loi morale. Même ceux qui le font lors de dîners mondains, ou lors d'autres sortes de discussions pseudo-philosophiques, se montrent beaucoup moins hésitants ou cyniques dès lors que leur droits sont directement mis en cause. La loi morale est obligatoire ; les idéologues les plus sceptiques sur leurs devoirs n'ont en revanche aucune hésitation quant à leurs droits : droit de propriété, droit à la dignité, droit à l'intégrité de sa propre personne, etc … Or ces droits impliquent des obligations de la part de tous. Or cette loi morale obligatoire et objective ne saurait exister sans Dieu. Je m'explique ;


> La « raison » en elle-même ne peut pas obliger, obliger de manière absolue et péremptoire. Ces théories rationalistes de Kant sont fausses. Pourquoi ? Notre raison n'est qu'une partie de nous-mêmes : dès lors, quel droit peut-elle avoir sur nous ? On ne se « révolte » que vis à vis d'un ordre supérieur, un ordre qui nous est extérieur, non pas contre une partie de soi-même. Aller à l'encontre de ce que nous indique notre conscience ne signifie pas « se révolter contre soi-même », mais se révolter contre ce que notre raison nous apprends d'un ordre qui nous est extérieur, et qui nous est supérieur.


> La « société » en elle-même ne peut pas d'avantage fonder cette obligation. Elle se compose d'hommes qui sont naturellement égaux, qui ne sont pas mes supérieurs. La hiérarchie sociale est contingente, dépends de toutes sortes de causes, et est susceptible de changements et d'altérations. Il n'est pas dans la « nature » d'une personne d'être un prolétaire ou d'être un aristocrate : cela aurait pu être autrement. Et la volonté de l’État et des législateurs est trop fluctuante pour pouvoir fonder une loi que la raison ne saurait concevoir sans un caractère d’immuabilité absolue.


Est-ce que les « droits de l'homme » sont susceptibles de constituer le fondement absolu et immuable de toute juridiction ? Non, en aucun cas ils ne sauraient être le fondement ultime de la loi morale, au même titre que le Big Bang ne saurait être en lui-même la raison suffisante de l'existence de l'Univers. Car il a existé autre chose avant les « droits de l'homme » : il ne s'agit de lois positives, contingentes, historiquement situées, faites par des hommes, ce ne sont pas des lois de nature qui s'imposent nécessairement à notre conscience.


Que l’État s'applique à faire des « lois justes » implique nécessairement qu'il existe une justice antérieure à toute loi humaine, un droit naturel auquel doit se conformer le législateur. Il s'en suit que cette loi morale, qui suivant le principe de causalité ne peut pas trouver en elle-même la raison de son existence, ni exister « par hasard » ou sans autre forme d’explication, ne peut pas exister sans l'idée d'un législateur suprême, que nous appelons Dieu. Il est le seul auteur possible de la loi morale, la seule entité dont la volonté doit s'imposer nécessairement à l'homme.


Il ne suffit pas d'obéir aux lois positives d'une société donnée et d'une époque donnée, d'être un bon petit « mouton » qui ne se pose pas de questions et dit ce que le consensus social lui dit de dire, fait ce qu'il lui dit de faire, il ne suffit pas d'ériger le politiquement correct en principe de vie ultime pour être un homme vertueux. Il ne suffit pas d'être « bien vu », d'être considéré comme « normal » et bien policé, pour marcher sur le chemin de la droite morale.


Pour être un homme vertueux, il ne suffit pas non plus d'obéir à « sa propre loi ». Qui êtes-vous pour oser ériger vos petits caprices et vos petites volontés en loi morale, en principes de vie ? La morale touche essentiellement à la manière dont on doit interagir avec autrui, vivre en commun, elle définit des droits et des devoirs, des obligations vis à vis d'autrui. Une société ou chacun définit « comme il veut » les droits et les devoirs de chacun, cela n'existe pas et cela ne peut pas exister.


Tous ceux qui disent « je n'obéit qu'à moi-même » sont soit des sociopathes qui n'ont effectivement pour seul ordre et pour seul objectif que leur jouissance individuelle, soit simplement des personnes un peu capricieuses ou immatures qui se plient bon gré mal gré au consensus habituel de l'organisation sociale, qui sont des « moutons » comme les autres au final, même si ce sont des moutons récalcitrants. Au demeurant cette manière de voir les choses, de prétendre que l'on peut (et doit) « faire ce qu'on veut », est typique de notre époque, et peut déjà constituer dans une certaine mesure une forme de conformisme social (Être « rebelle », « iconoclaste » ou « original » est presque devenu une fin en soi, une sorte de nouvelle norme, à l'ère de l'idéologie libertaire …)


Pour être un homme vertueux, il faut obéir à la loi naturelle, ce qui revient à obéir à Dieu (d'une manière directe si vous le faite en suivant ses commandements, ou indirecte si vous le faites en suivant simplement ce que votre conscience vous apprends de la loi naturelle), qui est le législateur suprême ; il faut se conformer à sa volonté. Libre à chacun de s'y conformer ou non ; mais le Bien et le mal sont des choses foncièrement objectives. Cette objectivité absolue de la morale est un concept qui aujourd'hui fait horreur a beaucoup de monde  ; qu'importe ces opinons contingentes et déraisonnables, qui veulent déculpabiliser les hommes de leurs propres vices et les persuader qu'ils ne doivent obéir qu'à eux-mêmes. La vérité demeure tout de même, stable et immuable, elle n'attends pas qu'on veuille d'elle pour exister.



C. Tous les peuples de la terre ont cru en un Dieu créateur du monde


Le dernier argument de cette section consistera à montrer qu'en tout temps, dans toutes les civilisations et à toutes les époques, les hommes ont cru en une entité créatrice et ordinatrice du monde. C'est un argument psychologique, car il a trait à la raison humaine, donc à la nature de notre âme.


Si vous étudiez un peu l'ethnologie ou l'anthropologie, vous découvrez en effet que même dans les cosmogonies animistes ou polythéistes, il se trouve d'une manière ou d'une autre – et fut-ce cela d'une manière très floue ou déformée – l'idée qu'une entité supérieure a créé et ordonné le monde tel qu'il est. Aussi étonnant que cela puisse paraître, jamais les missionnaires chrétiens n'ont eu à expliquer aux peuples lointains que Dieu existait : ils le savaient déjà.


Les peuples nigéro-congolais par exemple, dans leur religion traditionnelle animiste, savent que Dieu existe mais estiment qu'il est une entité « neutre », impartiale, ni bonne ni mauvaise, qui se place en retrait des affaires du monde et laisse les hommes à la proie des forces de la nature et des esprits. Dans d'autres religions polythéistes, le monde commence par un chaos mais un dieu ordinateur viens le mettre en forme. Tous les peuples ont une notion, même diffuse et vague, de l’existence de Dieu.


Cette idée d'un Dieu créateur et ordinateur est donc tout à fait universelle. Est-il question ici de dire « la majorité a forcément raison » ? Certainement pas, et ne vous avisez pas de me reprocher de penser une telle chose. Si la majorité avait forcément raison, nous autres catholiques traditionalistes serions bien embêtés…


Il est question de dire en revanche : il est impossible qu'une affirmation universelle puisse être fausse, en vertu des lois de la raison humaine. Ce qui est accidentel, contingent, ne peut jamais faire l'objet d'une affirmation spontanée et universelle. L'erreur ne peut pas être la loi de l'esprit humain : s'il n'était pas vrai que Dieu existe, cela voudrait que tous les hommes se seraient trompés en même temps, spontanément et universellement, sur une matière aussi grave et essentielle, donc que les lois de l'esprit humain sont telles qu'elles mènent forcément à l'erreur ; tout ceci est absurde et inconséquent.


Certains objectent que tous les peuples ont cru en Dieu ou en d'autres sortes de forces supérieures pour se « rassurer », pour pallier à leur manque de compréhension de leur propre environnement, pour expliquer des choses qu'ils n'étaient pas encore en mesure d'expliquer par la science.


Bien … La science explique-t-elle aujourd'hui ce que ces diverses religions ont cherché à expliquer ? Non, elle n'explique absolument rien quand à cela. Il est ridicule et fallacieux de prétendre que l'athéisme et l'agnosticisme se sont rependus « grâce » au développement de la science, comme s'il y avait un lien de cause à effet.


L’irréligion s'est répandue à cause des valeurs matérialistes du XIXe siècle, à cause d'une entreprise de destruction forcée de l'esprit traditionnel, par les efforts soutenus de la franc-maçonnerie pour arracher le monde à l'emprise de l'ordre surnaturel, mais certainement pas et en aucun cas grâce au développement de la science. Encore faut-il avoir suffisamment étudié l'Histoire pour comprendre cela.


Un homme religieux qui fait de la science n'y trouve que la confirmation de la puissance du Créateur, à travers la beauté et la richesse incroyable de la création, la contemplation de l'ordre et de l'harmonie du monde. Un homme matérialiste qui fait de la science prétends que cet ordre merveilleux est dû au « hasard » sans être capable de le prouver d'une quelconque manière, et peut élaborer des théories qui confortent ses vues matérialistes sans qu'elles soient par ailleurs corroborées par la science expérimentale.


Mais revenons-en à cette idée que les peuples veulent se « rassurer » en croyant que Dieu existe, et qu'ils se retrouvent à vivre à l’unisson dans les mêmes « illusions ». Elle est très similaire à l'idée qui veut que les hommes aient du « croire » en une loi morale qui n'existe pas à l'état naturel pour que leurs sociétés soient viables. C'est faire reposer les choses les plus essentielles et les plus nécessaires sur de grossiers mensonges, c'est prétendre que l'erreur est la loi de l'esprit humain. Autrement dit, c'est absurde et cela tord le bon sens le plus élémentaire.


Quoi qu'il en soit, je vous ai normalement déjà exposé suffisamment d'éléments qui vous permettent de comprendre que l'existence de Dieu est absolument nécessaire, qu'en dehors de cela le monde n'aurait aucun sens. Ce dernier argument ne vient que pour « enfoncer le clou » une dernière fois, comme pour clore la démonstration.



Conclusion de la section 2


Nous avons désormais pu exposer les principaux arguments de causalité, aux côtés des arguments psychologiques, qui nous permettent d'apprécier à l'aide de notre raison l'existence d'une entité créatrice et ordinatrice, responsable de la loi morale et des aspirations de l'âme humaine, que nous appelons Dieu. Ce même Dieu qui a toujours été présent à l'esprit des hommes, même d'une manière très confuse et déformée, comme une sorte de principe qui traverse les époques et les civilisations et que les hommes ont tendance à comprendre instinctivement.


J'aimerais insister sur le fait que croire en Dieu, discuter de son existence, ce n'est pas comme croire que le vendredi 13 est un jour maudit, ou que les chats noirs ont je ne sais quelles attributions magiques : l'existence de Dieu recouvre les sujets les plus essentiels et les plus primordiaux de notre existence. Ce n'est pas qu'une vague et puérile superstition. Ce n'est pas un problème à prendre à la légère, à traiter comme une simple question d'opinion, comme s'il s'agissait de savoir si l'on préfère la vanille ou le chocolat. C'est même certainement la question la plus grave de toute notre existence : tout le reste en dépend, qu'il s'agisse de l'ordonnancement de notre propre vie, de la manière dont nous devons interagir avec autrui, de notre destin après la mort, et du destin du monde. Il faudrait éviter de prendre tout cela à la légère.


Viendra prochainement une section 3, qui consiste à répondre aux objections habituelles concernant l'existence de Dieu, afin de vous montrer que même en raisonnant par défaut, c'est à dire en étudiant toutes les solutions philosophiques à ce problème et en cherchant la « moins pire » ou la « plus probable », la « moins absurde », on en revient à considérer que cette proposition concernant l'existence de Dieu est ce qu'il y a de plus raisonnable.
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Message(#) Sujet: Re: Partie II-2 : Les arguments psychologiques Partie II-2 : Les arguments psychologiques Icon_minitimeMar 10 Mai 2016, 18:20






Non je plaisante. C'était intéressant.
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Partie II-2 : Les arguments psychologiques

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