Notre société actuelle va très vite, laisse peu de place à l'introspection et au lacher prise. Dans ce contexte, pensez-vous que si des jeunes équilibrés et actifs se droguent régulièrement, c'est pour répondre à un besoin de transcendance ?

En effet, c'est un calcul rationnel, fumer un oinj si tu calcule ce que ça te rapporte par rapport à si t'en fumais pas, globalement t'es plus heureux... Tu stress pas, tu penses pas aux problèmes quotidiens, tu fais plein de rencontres.. C'est une forme de fuite. T'entends quoi par transcendance ? Ca me fait penser aux artistes qui prennent du LSD pour avoir des "visions".

Ce que j'entends pas transcendance ? Haha je sais pas. Je pense que c'est lié à s'élever du réel, genre "GET HIGH BECAUSE THE WORLD IS SO LOW"

Et fumer un joint n'est pas un calcul rationnel, plus un besoin. D'autant plus que mettons que là j'en roule un, je reste perchée jusqu'à environ 14h30 - 15h, je vais galérer pour faire ce que j'ai prévu cet après-midi, donc j'ai décidé de cloper comme une porcine à la place.

Si quelque part c'en est un parce que si tu demande à ceux qui en fument la différence entre s'ils en fument ou pas, au final (et c'est surprenant) ils ont plus de raisons à continuer. A la longue je veux dire.

Mais oui la société offre très peu de possibilités à ceux qui ont un réel potentiel de créativité, à part la drogue ou la marginalisation je vois pas ce que ces jeunes peuvent faire en réalité pour exprimer cette créativité. Donc ouais ça permet de s'élever comme tu dis.

Mouais, la fumette ne rend pas très rationnel.

Arguments pour : convivialité, déstressant, bon sommeil, créativité...

Arguments contre : cher, galère pour trouver un bon dealeur, rend con, parano et déconnecté de la réalité, mauvais pour les poumons, le bien être qui en résulte n'est qu'artificiel ainsi que l'impression de ne pas s'ennuyer


Puis il n'y a pas que les drogues douces, je ne sais pas comment ça se passe ailleurs mais j'ai l'impression qu'à Paris tout le monde tape des prods durs. Là les effets sont beaucoup plus violents mais aussi potenciellement beaucoup plus transcendants.

C'est aussi un échappatoire pour ceux qui n'ont pas le courage d'affronter la réalité, ou même l'ennui.

Je connais un paquet de gens qui fument parce-qu'ils s'ennuient, qu'ils n'ont pas de passion, rien de spécial pour occuper leur après-midi de libre, et ils ont envie de se libérer l'esprit, de ne plus penser au taff, aux études ...

Dans mon entourage, rares sont les gens qui fument pour des raisons de créativité. J'en connais quelques uns mais c'est des cas spéciaux tout de même, les personnes qui recherchent la créativité sont plutôt rares. Souvent des étudiants en cinéma ou en art par exemple.

A une époque ça pouvait être pour des raisons de transcendance artistique (60-70), aujourd'hui j'ai l'impression que c'est majoritairement pour fuir le réel.

Voilà voilà, après moi je fume assez rarement, j'ai trop l'impression d'y laisser des neurones.

C'est plutôt une bonne chose en soi que ce recours existe. Ou simplement que les "paradis artificiels" existent, même en-dehors de leur rôle de refuge compensatoire.

Mais lorsqu'il se banalise, c'est la preuve d'un échec de cette société justement ; ou de l'individu, trop faible ou dévasté (les deux signifiant malheureusement la même chose lorsqu'il s'agit d'avoir une existence ou une validité [utilité] publique..).

Il faut être à l'écart de la difficulté, ou y être et n'avoir aucune illusion, pour faire de ce recours une habitude. Qu'on le veuille ou non ça devient un espace alternatif, une démission du réel. Et à moins d'avoir une vie facile, on décrépit...

Mais lorsque son réel est pourri et sans perspectives... bien sûr qu'on a raison de choisir cette option ; là il y a un vrai choix rationnel. Tout comme le suicide résulte d'un calcul, éventuellement "rationnel" (qu'importe si le constat est biaisé). C'est une question de responsabilité, de condition (matérielle et sociale) mais aussi de sens. Quand vous n'en trouvez pas autour de vous (parce que même avoir une riche vie intérieure ne peut pas tout), c'est même logique. Ce qui est dommage, c'est que ce soit l'issue : et que ça s'apprête à le devenir plus encore.

:?:

zizania a écrit:

C'est clair que la drogue c'est bon, sinon personne en prendrait , par contre je trouve que c'est hyper cher payé pour ce que ça apporte..

Dans le système de santé, on paie pour améliorer et allonger sa vie.
Avec la drogue, on paie encore plus cher pour la détruire et la raccourcir.

C'est clair que c'est pas rentable : une bonne corde en un bouquin pour apprendre à faire de bons nœuds coulants, c'est bien plus efficace, le rapport qualité/prix est incomparable.

...j'avoue qu'à vingt ans, malgré de "nombreuses années de conso de pétards coke, OH et acides, j'aurais répondu que ça m'aidait à dormir, me détendre...et tout le blabla hippie qu'on se raconte quant on n'a pas l'recul...et qu'on est pas prêt à sortir la tête du sac.

En vrai : j'avais peur de moi...

Aujourd'hui, si je choisis de me détendre artificiellement, c'est sans tous mes potes qui se sont suicidés ou qui creusent le trou d'l'a sécu' en HP, je sais que je couche avec le diable et qu'il y'a deux chances sur trois pour que j'me réveille pas...

Un truc qui m'fais chier, c'est que j'serai p't'être plus là quand mon fils ramènera son premier flirt à la maison (mais ça, j'y pensais pas quand je trouvais la drogue cool....).

Bon courage à ceux qui ne savent pas encore...
..à bon entendeur'

Question idiote : pourquoi t'arrêtes pas ?

@ antihéro

Tu trainais dans quel milieu pour taper autant ?

Sur le choix rationnel je suis vraiment pas convaincue. Lorsqu'on accepte de se droguer pour la première fois, ce n'est pas un choix rationnel (influence des potes, coup de tete en soirée...). En plus il y a l'addiction. Par contre on peut essayer de s'auto réguler, de capter à quel moment je fume, pourquoi j'allume un joint...? Mais sur le long terme, ca se rapproche plus d'une démarche presque spirituelle (pour les joints, le reste n'étant qu'éclate).

Toutes les cultures ont inventé une forme de drogue ou d'alcool. Je trouve ça intéressant... Et des cultures primitives se servent de la drogue dans une démarche religieuse, pour s'ouvrir aux esprits.

Pour en revenir à notre société actuelle, je suis tout à fait d'accord avec Zogarok. Pour qu'autant de monde se perche de manière si impulsive, il y a un couac quelque part... Quand tu vis en milieu urbain, tout va vite et il y a trop de distraction. C'est difficile de se concentrer sur soi, d'appréhender de manières originales les facettes de notre environnement, laisser son esprit et son corps se laisser aller... Je pense que si on consomme tant, c'est pour rééquilibrer son âme et ses sens vis à vis de l'environnement.

@UltimateFeeling = Hardtek puis minimal electro...

...mais arrêter quoi ?!?
Disons qu'au bout de tant d'années, réduire au centième sa conso est une belle victoire...
L'arrêt n'est pas à l'ordre du jour.
Dérèglements et dégats physiologiques étant déjà fait, j'vois pas pas en quoi un "arrêt" serait salutaire...

Et pour ceux qui se cachent derrière des classifications "douce", hard ou autre, sachez que je mets personnellement toutes les drogues dans le même sac, qu'il s'agisse du café, du lsd, du xanax, de l'alcool ,du tabac ou de l'héro... et qu'il est peut-être même plus facile de stopper une drogue socialement considérée comme dure qu'une qualifiée de douce par la moitié de la population...
...ceci tout en sachant qu'une conso de cannabis peut passer inaperçu durant 20 ans avant de déclencher de multiples symptômes de dérèglements hormonaux, de sommeil, d'encodage mnésique puis par répercussion, du fonctionnement du foie et du pancréas...alors qu'une conso d'héro alertera l'usager bien plus vite puisqu'il perdra une dent dans l'année, qu'il risquera de mourir par occlusion intestinale, et qu'il s'étouffera en dormant avec un palpitant chaotique aux irradiations douloureuses...

Franchement : une bonne thérapie cognitivo-comportementale aidera ceux qui banalisent poétiquement leur consomation à comprendre ce qu'ils essaient de fuire et à agire en conséquence : de plus, c'est moins cher que la dope sur le long terme.
M'enfin, j'dis ça dans le vent comme d'hab'

M'enfin, j'veux pas passer pour un vieux con moralisateur alors je respecte les excuses et modalités défensives de chaque consommateur tentant de s'assumer.

Bien à vous'

Merci pour tes posts antihero ! (je compte pas m'enivrer dans la drogue perso, donc ça va ^^).

En fait je parle de calcul rationnel car pour la plupart des gens qui consomment, entre "consommer" ou "ne pas consommer", il se trouve qu'ils ont plus de raison à le faire qu'à arrêter, surtout quand on a une vie pas terrible et qu'on sait pas où fuir... Sinon oui je suis d'accord sur le fait que ça apporte pas toujours satisfaction.

Antihero, qu'est ce qui t'a poussé à consommer ?

Tu penses que quand on a tout son futur à construire devant soi, qu'on a la sensation que les drogues peuvent apporter des "choses", et l'impression de maîtriser sa consommation, c'est le moment d'arrêter ?

J'ai peur que tu te caches derrière un nuage de fumé quand tu dis que vu ton état, ca sert plus à rien d’arrêter ?

JE me suis poussé à consommer (je n'accuserai ni la vie, ni autrui) !

...et oui, c'est quand je lis ce discours trop souvent entendu qu'il est souvent déjà trop tard quoi qu'on puisse en penser.
..l'emploi du terme maîtriser est ici un leurre qui cache le passage d'un usage récréatif à un usage régulier, donc une conso à risque...


crdlt