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Mais heureusement grâce à ses nombreux écrits, dont ses célèbres
Confessions dans lesquelles il nous livre un peu les détails de ses anciens tourments, nous avons une certaine idée de sa psychologie. Je vais essayer de lister les temps forts de sa biographie, voyons voir si on ne peut pas lui donner un type MBTI :v
Origines et enfanceIl naît en Afrique Romaine, à Thagaste (aujourd'hui Soukh Akras en Algérie), en l'an 354. Son père est un citoyen romain d'origine punique, c'est à dire lié à l'ancienne civilisation carthaginoise, plutôt riche quoique de manière récente et précaire, ses affaires vont souvent mal. Il est païen, car à l'époque même si le catholicisme devient religion officielle, il est mal implanté, surtout dans des provinces reculées comme l'Afrique. Sa mère est issue d'une bonne famille, et semble d'origine berbère. Elle est quant à elle une fervente chrétienne. Leur mariage est manifestement contracté pour des raisons d'alliances familiales/commerciales, et s'avère désastreux sur le plan affectif.
Son enfance se déroule à l'aune des préceptes chrétiens de sa mère et de ses servantes, mais il n'est pas baptisé pour plusieurs raisons : à l'époque, on baptise plutôt à l'âge adulte et lorsque l'on est en danger de mort, pour la rémission des péchés ; mais aussi pour des raisons politiques, son père est païen et à l'époque la plupart des personnages importants de l'Afrique romaine le sont, il n'est pas de bonne augure de se montrer trop fervent à appliquer les préceptes chrétiens, pas pour le moment.
C'est un enfant très vif, avide de jeu et de compétition, il est plus fort lorsqu'il s'agit de faire preuve d'intelligence et de malice plutôt que d'adresse physique. C'est un élève distrait, turbulent et aux résultats médiocre, quoique remarqué pour son intelligence, ses professeurs voient en lui un certain potentiel à exploiter.
Adolescence et jeunesseOn l'envoie étudier dans une ville plus grande que Thagaste et mieux fournie en professeurs, Madaure, afin de le préparer à l'étude des arts libéraux (Grammaire, Dialectique, Rhétorique // Arithmétique, Géométrie, Musique, Astronomie). Son père espère faire de lui un juriste ou un magistrat, il a fait de précieuses économie pour pouvoir envoyer son jeune fils étudier là. Il doit avoir 14 ou 15 ans. Il suit ses cours sans beaucoup de ferveur, mais se prends de passion pour la littérature, plus particulièrement pour la poésie amoureuse qui l'obsède littéralement. C'est peut-être à ce moment qu'il fait l'expérience de ses premiers amours.
A 16 ans il doit retourner à Thagaste car son père ne peut plus lui payer les cours, mais grâce aux largesses d'un riche ami de la famille, il peut partir reprendre ses études, mais à Carthage cette fois ci : c'est une ville très importante, une des plus grandes et des plus riches de tout l'empire, après Rome et Constantinople. Pour un africain, Carthage c'est comme Paris pour un provincial. Le jeune Augustin, à 17 ans, est très marqué par les fastes et les grandeurs de la ville.
C'est en outre à cette époque qu'il abandonne presque totalement les maximes chrétiennes de son enfance, qu'il n'avait jamais tenu en grand cas depuis le temps. Emporté par l'ambiance de la ville, il commence à vivre comme le plus décomplexé des païens : ses plaisirs sont certes raffinés, mais il ne se refuse rien, ses grandes passions seront les fêtes, le théâtre et les femmes. Il reste pudique dans ses
Confessions, mais on lui suppose de nombreuses aventures, toutes trop intenses pour pouvoir être durables. Il cherche l'amour avec un grand A et ne trouve jamais satisfaction. Il finira tout de même par avoir une relation stable, bien qu'il ne se marie pas, avec une femme qui lui donnera un enfant.
A cela vient aussi s'ajouter sa grande passion pour la dispute, pour la joute verbale : il s'avère être très doué en dialectique et en rhétorique, il fait souvent sensation lors des débats, il aime être applaudi, il aime battre ses adversaires. Il développe alors des ambitions dans ce domaine, s'imagine déjà se faire une place parmi les grands esprits du monde romain. Il se lancera comme rhéteur indépendant une fois ses études réussies.
Il développe également une préoccupation d'un autre genre durant ces années de jeunesse : suite à la lecture d'un livre de Cicéron, il s'éprends passionnément de l'idée de Sagesse. Comme les anciens philosophes, il veut chercher, comprendre, et trouver la Vérité, voilà là le but véritable de toute réflexion honnête. Seulement il est ralenti, gêné dans cette quête de la vérité par ses passions et ses ambitions en tout genre. Il affectionne la Sagesse en idée, mais il rechigne à s'y appliquer en pratique.
Ses réflexions et ses discussions le mènent tout de même à se convertir au manichéisme : il s'agit d'une religion très à la mode dans les milieux intellectuels de l'époque, qui s'inspire vaguement du christianisme tout en s'en distanciant sur beaucoup de points essentiels. Le dogme principal de cette religion stipule qu'il existe deux dieux, ou deux principes, l'un bon et l'autre mauvais, qui s'affrontent en permanence et en toute chose. La matière est en elle même rattachée au principe mauvais (cela ressemble beaucoup au catharisme). Augustin nous avoue plus tard les raisons de ce passage chez les manichéens : outre la satisfaction temporaire et superficielle de son appétit de vérité (ces dogmes semblaient alors cohérents, méritaient au moins d'être approfondis, face à ce qui semblait être des contradictions dans le catholicisme), c'est surtout parce que la dialectique manichéenne lui permets de briller lors des disputes et de mieux humilier ses adversaires. Il invoque aussi le fait que cette religion, malgré son apparent rigorisme moral, permettait de fait un certain relâchement, puisque le mal n'est pas la responsabilité de l'homme : il est la responsabilité du Dieu mauvais. Le jeune Augustin convenait fort bien de se soulager la conscience en rejetant ses fautes sur quelque mauvaise divinité qui le ferait agir à son insu.
Entrée dans l'âge adulte et vie active Vers ses 20 ans il commence à travailler en tant que professeur de rhétorique et de grammaire. Il retourne une année à Thagaste, sa ville natale, pour y exercer ce métier. Durant ses études, son père était mort, il ne reste plus que sa mère à la maison (avec un frère et une soeur). Il convertit la plupart de ses amis au manichéisme : en effet c'est un beau parleur, un personnage charismatique, il sait susciter un engouement rapide.
Dans son entourage, seule sa mère reste obstinément attachée au catholicisme, elle geint des écarts de conduite de son fils et des doctrines absurdes qu'il défends. Elle se persuade qu'un jour, par la grâce de Dieu et par les efforts qu'elle ferait en cette vue, il finira par retrouver la vraie foi. En réponse il se moque d'elle et de ses scrupules de bonne femme, et lui dit sur le ton de la plaisanterie que c'est elle qui finira par se convertir au manichéisme un jour.
Suite à la mort d'un ami qui le bouleverse profondément, qui le plonge quelques temps dans un état dépressif, il part brusquement de Thagaste un an seulement après y être retourné, pour s'établir à Carthage avec sa concubine et son enfant qui l'y attendent. Ses rêves de grandeur et d'intensité semblent s'être vite épuisés : il est loin de vivre dans le luxe et dans la célébrité, on peut même dire qu'il peine à gagner sa vie dignement. Il écrit des traités, il fait de son mieux pour attirer à lui des élèves, mais il ne "perce" pas vraiment. Il réussit néanmoins à gagner un concours de poésie, et noue de ce fait des relations avec des personnages hauts placés de la cité. C'est un habitué de la bonne société, même s'il n'y occupe jamais le devant de la scène.
Outre ses problèmes professionnels, il est aussi déçu par le manichéisme : de plus en plus, il fait face à des questions sans réponses, à des problèmes contradictoires. Lorsqu'il interroge les prêtres de sa secte, ils lui répondent par des allusions, ou en disant qu'il lui apprendraient certaines choses en temps voulu (les manichéens sont des gnostiques et des ésotériques, ils fonctionnent par degrés d'initiations - Augustin comme beaucoup d'autres n'a jamais dépassé le premier degré). De plus il constate l'hypocrisie des plus hauts placés de la secte, qui se permettent toutes sortes de débauches tout en professant le rigorisme moral le plus strict. Mais enfin, il continue à faire semblant d'y croire par principe, ne serait-ce que pour garder sa conscience dans un état d’apaisement relatif.
Après environ 7 ou 8 ans de stagnation professionnelle, d'une vie de plus en plus morne, il conçoit l'ambitieux projet de s'établir à Rome (en 382): peut-être qu'il aurait plus de chances de se faire un nom là bas. Les élèves de Rome ont aussi la réputation d'être moins turbulents que ceux de Carthage : en effet Augustin a du mal à se faire respecter, ou même à se faire entendre durant ses cours. Grace à ses relations il peut envisager ce voyage sans trop de difficultés. Il laisse là sa concubine et son enfant, et il ment à sa mère à propos de son départ, car il sait qu'elle n'aurait pas accepté qu'il parte si loin d'elle. Ce mensonge lui pèsera lourdement sur la conscience.
Maturité et conversionIl passe un certain temps à Rome, et commence à regretter amèrement d'être parti. Le climat lui est difficilement supportable, il tombe souvent malade. Les élèves sont moins turbulents qu'à Carthage, mais ils sont plus malhonnêtes : beaucoup "oublient" de lui payer ses cours. Sa situation financière n'est pas moins pire qu'à Carthage. Il est heurté par la brutalité des mœurs païenne de la foule romaine, qui utilise les fêtes et les cérémonies cultuelles comme autant de prétextes à la beuverie, à la démesure, à la fornication... et qui hurle d'exaltation lors des sanglants combats de gladiateur. Peut-être commence-t-il à nourrir des réflexions amères sur la décadence de la civilisation romaine.
Malgré tout, il est bien inséré dans les milieux manichéens de la ville, et se fait des amis puissants. Une aubaine se présente pour lui : en 384, la ville de Milan a un poste de maître de rhétorique à pourvoir. Il va enfin pouvoir devenir fonctionnaire et avoir un salaire stable, un emploi sûr. Ses amis manichéens le recommandent auprès du préfet. Enfin il goûte au confort et à l'aisance, et commence à devenir une figure singulièrement en vue.
A Milan, grâce à sa nouvelle fortune, il fait venir habiter avec lui quelques-uns de ses amis Africains, sa famille, sa concubine et son enfant. Il fréquente des cercles lettrés, ou l'on discute de poésie, de littérature et de philosophie, et se mets à lire plus en détail certains philosophes, notamment Platon et Aristote, que jusqu'ici il ne connaissait que de réputation. Ses réflexions sur la Sagesse et la Vérité le repiquent de plus belle, et il effectue de nouveaux progrès grâce à ses lectures.
Du fait de ses fonctions, et du fait qu'il soit maintenant dans une ville majoritairement chrétienne, il se retrouve en lien avec l'évêque catholique de Milan, un certain Ambroise. C'est un homme droit, honnête, à la fois humble de manières et très érudit : il fait une singulière impression à Augustin, qui commence à tempérer son mépris pour le catholicisme. En outre, il apprends à son contact que la Bible peut (et doit) être étudiée suivant une exégèse conforme à la raison, et selon des niveaux d'interprétation plus symboliques que strictement littérales. Augustin souhaite avoir des entretiens privés avec cet évêque, mais le soin de son diocèse l'occupe trop, et il semblerait aussi qu'Ambroise, ayant décelé chez ce rhéteur l'orgueil intellectuel si typique des hommes de sa condition, aie cherché à exciter quelque peu son humilité en ne lui faisant pas de traitement de faveur.
Du fait de sa bonne situation, sa mère estime qu'il est maintenant temps qu'il se marie. Il serait inconvenant qu'il épouse sa concubine, qui était semble-t-il de très basse condition. Alors elle se charge de lui trouver un bon parti : des fiançailles sont scellées mais il faut encore attendre deux ans avant que la fille soit en âge de se marier. Augustin répudie sa compagne, qu'il devait garder à ses côtés plus par habitude que par amour. Cependant, il n'arrive pas à se passer de la compagnie d'une femme, et bientôt il se retrouve une maîtresse, ce qui n'est pas sans irriter les pudeurs chrétiennes de sa mère.
Augustin est tout travaillé par ses réflexions sur la philosophie et sur le catholicisme. Plus il y réfléchit d'une manière calme et dépassionnée, plus tout lui semble cohérent, véridique dans la religion catholique. Ces histoires de péché originel et de Dieu en 3 personnes le rendent toujours hésitant, il ne comprends pas forcément de prime abord, mais il n'est jamais déçu dès lors qu'il s'instruit d’avantage. Il se rends compte à quel point ses amis manichéens racontaient de grossiers mensonges à propos de la religion catholique qu'ils n'avaient jamais étudié sérieusement et qu'ils étaient incapable de réfuter raisonnablement. Mais enfin tout ceci ne suffit pas à faire une conversion.
Il reste trop épris de vanité intellectuelle, de frivolité poétique et de jouissance charnelle. Il ne comprends pas bien pourquoi il devrait se passer de la bonne ripaille, du bon vin, des douceurs de l'oisiveté et de la légèreté contemplative, des joies de la discussion intellectuelle pleine de jeux d'esprit et de relativisme, et enfin du plaisir de la compagnie féminine ; de toutes ces choses qui font que la vie vaut la peine d'être vécue. Mais plus il y réfléchit, plus il n'y voit que vanité, plus il voit que les plaisir de la chair ou de l'esprit l'emprisonnent dans des démarches stériles, plus il sent que cela empoisonne son âme plus que cela ne la nourrit... Mais enfin il n'arrive pas à se séparer de ses affections charnelles, qu'il appelle ses "vieilles amies". Il ne s'en trouve pas la force. Vivre par et pour l'Amour de ce Dieu, perfection et beauté incarnée, Père de toute chose, semblait un noble projet, mais ça n'était pas fait pour les gens comme lui finalement.
Il est fatigué et souffrant, il a "mal à l'âme". Sa situation confortable, ses plaisirs variés, ni même la compagnie de ses nombreux amis ne suffisent plus à sa paix intérieure. Quelque chose en lui le pousse inexorablement vers l'éternel et l'immuable, vers Dieu, mais ses vieilles amies le rappellent aussitôt aux affaires terrestres. C'est alors qu'en 386, un ami africain de confession chrétienne, de passage à Milan, lui raconte la conversion soudaine de deux de ses collègues après qu'ils aient lu un livre parlant des exploits ascétiques du moine saint Antoine dans le désert égyptien. Les deux compères auraient abandonnés tous leurs biens, toute leur fortune, pour se donner tout entiers à Dieu et vivre d'ascèse et de contemplation. Ce récit provoque une telle émotion en Augustin, un tel bouleversement, que pour la première fois il en vient à sentir la présence de Dieu, puis à tomber à genoux face contre le sol et à pleurer ses fautes, à pleurer de honte et d'humiliation. Il nous dit qu'il se sent soudain transpercé par l'amour que Dieu lui porte. Voilà que son vain orgueil est brisé en milles morceaux, broyé par la toute-puissance divine. Voilà que notre Augustin découvre la Foi.
Le début d'une vie religieuseIl abandonne son métier deux semaines après sa conversion, se retirant quelques temps dans la villa d'un ami en banlieue, pour y méditer. Sa mère et quelques amis chrétiens s'efforcent de soutenir Augustin et de fortifier cette petite étincelle de foi qu'ils avaient vu naître en lui. Durant ce séjour, il se décide à renoncer définitivement à la vie qu'il avait mené, il répudie sa maîtresse, annule son mariage, démissionne de son poste de rhéteur, décide de donner la plupart de ses biens pour l’aumône aux pauvres et ambitionne de partir fonder un monastère dans sa province natale avec ce qui lui reste de fortune personnelle. Il revient à Milan pour s'y faire baptiser par Ambroise, lui avec son fils et un vieil ami.
Alors qu'ils s’apprêtent à embarquer dans le port d'Ostie pour Carthage, un blocus et des événements climatiques défavorables les empêchent de partir avant plusieurs mois. C'est ici que la mère d'Augustin, sainte Monique, dit à son fils que maintenant qu'il est converti, toute sa mission est accomplie et plus rien ne la retiens sur Terre. Elle meurt d'une maladie soudaine quelques jours plus tard. Augustin est très touché, il pleure la mort de sa mère, mais se retrouve affermi dans la foi.
De retour à Thagaste, il ne pense qu'à une seule chose : se retirer du monde et méditer la Sainte Ecriture. Mais alors qu'il cherche la quiétude et l'isolement de son monastère, le monde n'aura de cesse de l’appeler à lui. Il pense à ses anciens amis manichéens et à leurs doctrines ruineuses, qui continuent à se propager de jour en jour : il écrit des traités contre eux, il réfute leurs thèses, il craint tout le poison qu'ils pourraient encore insinuer dans les âmes naïves. Son fils vient à mourir à l'âge de 17 ans, ce qui le laisse épris d'une grande solitude et le pousse à sortir d'une vie purement contemplative. Il accepte de se rendre à Hippone, une ville moyenne de la région, rendre visite à un ami qui souhaite entrer dans la vie religieuse à ses côtés.
Augustin devient prêtre puis évêqueAugustin n'est pas au bout de ses surprises. Arrivé à Hippone, il y découvre une église catholique très affaiblie par la montée du courant donatiste, alors majoritaire : les donatistes sont des chrétiens qui refusent la communion avec Rome, qui prônent une organisation décentralisée de l'Eglise, des schismatiques. Ce sont en outre des fanatiques violents, qui s'attaquent tout particulièrement aux catholiques, plus encore qu'aux païens ou qu'aux manichéens. L'évêque catholique de la ville est un vieillard malhabile, d'origine grecque, qui parle mal le latin et n'a jamais compris le punique. Augustin est connu dans son pays comme ayant de hautes relations, on sait en outre qu'il avait des accointances avec le chef des manichéens de la ville. Alors que l'évêque fait un sermon sur le manque de prêtres auquel l'église faisait face, la foule des chrétiens désigne Augustin, ce personnage qui semblait important, et exige qu'on le fasse prêtre. C'était alors un usage de l'époque de désigner "démocratiquement" les prêtres, et surtout d'y forcer des gens riches et influents à le devenir pour qu'ils puissent accroître la puissance de l'église locale.
Tout d'abord Augustin est dépité. Il n'aurait pu imaginer pire, lui qui voulait se tenir loin des foules, du bruit, des tumultes du monde, voilà qu'on l'y plonge de force. Il a sans doute un petit reste de mépris bourgeois qui lui fait répugner le contact avec les masses. Mais très vite, il se montre très actif à défendre à redresser la position affaiblie de l'église catholique dans sa ville, il plie sa volonté à la mission qui lui est confiée. C'est, pense-t-il, une épreuve que Dieu lui envoie, une manière de pouvoir pratiquer plus héroïquement les vertus chrétiennes.
C'est alors qu'Augustin devient un personnage incontournable. Infatigable dans ses prêches, il sait convaincre, il sait émouvoir, et enfin son argumentaire est d'une précision redoutable. En effet, malgré ses charges de prêtre, il prends le temps de s'instruire des Écritures et des dogmes avec vitesse et intensité. Il écrit beaucoup de traités pour réfuter les erreurs manichéennes ou donatistes, pour éclaircir certaines questions théologiques. Sa personnalité flamboyante éclipse totalement celle du vieil évêque. D'ailleurs, ce même évêque finit bientôt par nommer Augustin évêque lui même, après quelques années, même si cela était contraire aux usages qu'il y ait deux évêques dans un même diocèse, c'était une exception qui en valait la peine.
Il est un adversaire si redoutable, que suite à un débat public avec le chef de la secte manichéenne, qui était une de ses anciennes connaissances, ce dernier est réduit au silence et quitte la ville pour éviter l'opprobre. Les donatistes ont peur de débattre avec lui, mais il ne s'en formalise pas et leur réponds en diffusant des traités qui réfutent leurs erreurs. La renommée du nouvel évêque d'Hippone dépasse bien vite les frontières de sa ville, bientôt tout le monde chrétien connaît le nom d'Augustin et lit ses traités théologiques. Son influence aurait presque été plus grande que celle d'un pape.
Il est débordé sous sa charge de travail, il fait parfois part de son épuisement. Outre ses adversaires, qui se montrent parfois très agressifs comme les donatistes, qui le calomnient et salissent sa réputation par des rumeurs infondées, il doit aussi s'occuper de la gestion de tout un domaine, car les évêques sont de véritables propriétaires fonciers à cette époque : on préfère travailler sous le régime ecclésiastique, moins strict que les lourdes taxes impériales. Et enfin, la plus importante tâche, il doit s'occuper de ses ouailles, et ce n'est point là une mince affaire. Entre ceux qui sont officiellement chrétiens mais qui vivent encore tout comme des païens, ceux dont la foi tiède ne demande qu'une secousse pour être ébranlée, ceux qui veulent tout connaître et le harcèlent de questions en tout genre, ceux qui font de l'excès de zèle et se prennent à mépriser les moins dévots, c'est du travail de grande envergure. Il faut insuffler à tout ce petit monde les vertus simples de la vie chrétienne, aux premières desquelles l'humilité et la charité, puis la patience et dévotion, et encore faut-il les instruire de tous les dogmes afin qu'ils s'affermissent dans leur foi.
Augustin sera durant tout son épiscopat un exemple vibrant de charité. Sa bonhomie et ses manières débonnaires lui attirent l'affection du petit peuple chrétien. Loin de tout excès et de tout rigorisme insensé, il est l'apôtre de la modération chrétienne, de la saine raison et de la sagesse pacifique, face aux folies furieuses du monde d'alors. A ses adversaires qui redoublent de mensonges et de supercheries, qui recourent à la diffamation pour tenter de lui faire de la honte, il réponds avec patience et rectitude, sans un mot plus haut que l'autre. Il entretiens une correspondance immense, ne laisse jamais une question sans la réponse qui lui est due. Il ne se lasse jamais de conseiller, d'éduquer, d'édifier, quand bien même il lui faudrait répéter 20 fois la même chose.
Dans tout le sérieux et l'austérité qu'exigeaient sa charge, il ne résistait cependant jamais à la tentation de la belle phrase, de la belle rime, il s'en excuse plusieurs fois d'ailleurs. Mais il est bien loin des frivolités de sa jeunesse, désormais il défends passionnément la Vérité, il fait corps avec un idéal qui le transcende infiniment, tous ses talents et toutes ses potentialités sont pleinement ouvertes, pleinement orientées vers le Vrai et le Bon, il est en phase avec ce pourquoi il a été fait, ce n'est plus un homme comme les autres que nous avons ici.
Lorsqu'il meurt en 430, il laisse derrière lui une quantité immense d'écrits, de lettres et de traités en tout genre, qui ont beaucoup contribué à l'édifice doctrinal catholique par la suite. Le grand public retiendra surtout ses
Confessions ou encore d'autres écrits sur la Grâce et la Cité de Dieu, dont le style vibrant et poétique, tout émotionnel, valent à ce docte évêque d'être admiré par des personnalités aussi diverses (et incroyantes) qu'Albert Camus ou
Gérard Depardieu (notre Gégé national !)
Le typage"EN" semble évident, surtout si on se réfère à sa jeunesse, à ses nombreuses amitiés, à sa passion pour la rhétorique et la dialectique, son goût pour le jeu intellectuel. Il y a peut-être autant de Ni que de Ne, plutôt Ne dans la première partie de sa vie. Mais d'un autre côté, c'est un personnage tellement entier et intense, si prompt à l'introspection et à la description de ses états d'âme, qu'on pourrait penser à "Fi-dom". Le F est évident a priori. Il fait plutôt Fi dans la première moitié de sa vie, plutôt Fe dans la seconde moitié lorsqu'il est évêque. C'est un peu comme avec Victor Hugo où l'on hésiterait entre INFP et ENFJ. Mais je note qu'il a tout de même passer outre ses propres répugnances pour se mettre au service de la population d'Hippone, comme s'il faisait quelque chose qui ne lui était pas immédiatement naturel. Alors je propose
ENFP par élimination, bien qu'il ressemble infiniment plus à un ENFJ dans la seconde moitié de sa vie (beaucoup plus universaliste, plus rigoureux, peu soucieux de lui-même et définitivement tourné vers l'extérieur).
Pour l'énnéagramme, sans trop m'épancher je propose
4w5 sx/so, en admettant qu'il aie surpassé tous les défauts du type une fois passé un certain cap de sa vie spirituelle.