Extraits :
[...]Sur la volonté et l'imagination.
Si nous ouvrons un dictionnaire et que nous cherchions le sens du mot volonté,
nous trouverons cette définition : « Faculté de se déterminer librement à certains
actes ».
Nous accepterons cette définition comme vraie, inattaquable.
Or, rien n'est plus faux, et cette volonté, que nous revendiquons si fièrement, cède
toujours le pas à l'imagination.
C'est une règle absolue, qui ne souffre aucune exception.Blasphème! Paradoxe! Vous écrierez-vous. Nullement. Vérité, pure vérité, vous
répondrai-je.
Et pour vous en convaincre, ouvrez les yeux, regardez autour de vous, et sachez
comprendre ce que vous voyez. Vous vous rendrez compte alors que ce que je
vous dis n'est pas une théorie en l'air, enfantée par un cerveau malade, mais la
simple expression de ce qui est
Supposons que nous placions sur le sol une planche de 10 mètres de long sur 0
m. 25 de large, il est évident que tout le monde sera capable d'aller d'un bout à
l'autre de cette planche sans mettre le pied à côté. Changeons les conditions de
7l'expérience et supposons cette planche placée à la hauteur des tours d'une
cathédrale, quelle est donc la personne qui sera capable de s'avancer,
seulement d'un mètre, sur cet étroit chemin ? Est-ce vous qui m'écoutez ? Non,
sans doute. Vous n'auriez pas fait deux pas que vous vous mettriez à trembler et
que, malgré tous vos efforts de volonté, vous tomberiez infailliblement sur le sol.
Pourquoi donc ne tomberez-vous pas si la planche est à terre et pourquoi
tomberez-vous si elle est élevée ? Tout simplement parce que, dans le premier
cas, vous vous imaginez qu'il vous est facile d'aller jusqu'au bout de cette
planche, tandis que, dans le second, vous vous imaginez que vous ne le pouvez
pas.
Remarquez que vous avez beau vouloir avancer : si vous vous imaginez que
vous ne le pouvez pas, vous êtes dans l'impossibilité absolue de le faire.
Si des couvreurs, des charpentiers, sont capables d'accomplir cette action, c'est
qu'ils s'imaginent qu'ils le peuvent.
Le vertige n'a pas d'autre cause que l'image que nous nous faisons que nous
allons tomber; cette image se transforme immédiatement en acte, malgré tous
nos efforts de volonté, d'autant plus vite même que ces efforts sont plus violents.[...]
[...]Il y a des ivrognes qui voudraient bien ne plus boire, mais qui ne peuvent
s'empêcher de le faire. Interrogez- les, ils vous répondront, en toute sincérité,
qu'ils voudraient être sobres, que la boisson les dégoûte, mais qu'ils sont
irrésistiblement poussés à boire, malgré leur volonté, malgré le mal qu'ils savent
que cela leur fera...
De même, certains criminels commettent des crimes malgré eux, et quand on
leur demande pourquoi ils ont agi ainsi, ils répondent : « Je n'ai pas pu m'en
empêcher, cela me poussait, c'était plus fort que moi. »
Et l'ivrogne et le criminel disent vrai; ils sont forcés de faire ce qu'ils font, par la
seule raison qu'ils s'imaginent ne pas pouvoir s'en empêcher.
Ainsi donc, nous qui sommes si fiers de notre volonté, nous qui croyons faire
librement ce que nous faisons, nous ne sommes en réalité que pauvres
fantoches dont notre imagination tient tous les fils. Nous se cessons d'être ces
fantoches que lorsque nous avons appris à la conduire.[...]
Il est évident qu'il n'y à pas de "preuve" absolue de ses propos (du moins en ma connaissance
), mais je trouve qu'il serait intéressant de récolter votre avis sur la chose, et peut-être même réfuter cette hypothèse, bref, qu'en pensez vous ?